Le téléphone

Honorine me manque, elle vit à Angers où elle fait ses études de médecine. Heureusement, nous nous écrivons des mails et des textos tous les jours, ou encore nous nous téléphonons. Le smartphone est pratique pour faire l’amour. Nous convenons d’une heure, souvent en soirée, et l’une appelle l’autre. Avant l’appel, nous nous préparons, puis nous nous allongeons nues sur un lit. Alors on se parle, on se dit des mots d’amour, on se demande ce qu’on a fait dans la journée ou ce qu’on va faire le lendemain, ou l’heure d’après. En même temps, on se caresse et on se masturbe. Souvent, au début de la communication, je réconforte Honorine, parce qu’elle n’a pas le moral à cause de ses études qu’elle veut abandonner. Elle dit que c’est trop stressant, je la comprends. Il lui arrive d’avoir les larmes aux yeux, mais ça ne dure pas. Je lui envoie du courage, je lui dis qu’il faut qu’elle ait dans ses études la même persévérance qu’à son équitation. Ses larmes ne durent généralement pas, parce qu’à portée de main, on a un ou plusieurs godemichés qu’on s’enfonce dans la chatte. On aime aussi utiliser la vidéo-téléphone pour se montrer ce qu’on est en train de faire, le sein qu’on tripote, le clitoris qu’on a très gonflé et dont on est très fière, la mouille qu’on a entre les cuisses, tout y passe. Mais souvent, on préfère décrire tout ça avec des mots, c’est plus jouissif, ça favorise davantage notre imagination, et ça nous excite encore bien plus. Souvent, Gaëlle et Marianne, juste à côté, en profitent pour baiser, elles entendent tout ce qu’on se dit et ça les excite aussi. Ainsi, il n’est pas rare qu’elles se mêlent à ce qu’Honorine et moi faisons. Par exemple, l’une ou l’autre vient me lécher la chatte ou les seins, ou me prend en levrette avec un gode ceinture, ce qui m’oblige à le dire à Honorine qui en rit aux éclats et s’en trouve encore plus excitée. Il arrive aussi que l’une ou l’autre de ces deux chipies s’emparent de mon portable et prennent ma place dans ma relation avec ma jeune adorée. Alors, je fais semblant d’être outragée, mais je la laisse faire. Honorine s’en amuse et se fait jouir de plus belle. Je suis vraiment heureuse quand j’entends ses orgasmes, même si je n’en suis pas la cause. C’est comme si nous étions l’une à côté de l’autre.

Ophélie Conan

Ceci est le dernier texte qu’Ophélie a écrit, quelques jours avant sa mort, et qu’elle se proposait de publier, le jeudi suivant, dans « Conan la barbare ».


(Textes publiés le 6 avril 2020 sur "Marianne a du chagrin")

Commentaires

  1. Je me souviens d'avoir eu un échange ( l'un des derniers par mail),
    sur ce sujet avec Ophélie.
    Comme je le dis souvent, elle était généreuse, et même une conversation
    en privé, (j'ai eu cette chance), n'avait pas de tabous, pour elle.

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  2. Je m'y suis perdu dans les prénoms, je m'y perds souvent, Puis quand j'ai lu et vu qui avait rédigé le texte, tout s'est éclairé…
    Je me dis aussi, que ton chagrin est peut-être légèrement atténué par le fait qu'au delà de la violence de l'accident tu sais que l'Amour de ta vie est partie emplie de ce genre de Joies profondes et pleinement vécues…, mais j'ai idée des vasques de larmes que tu as du et que vous avez du emplir, de peine et de ce choc,

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    1. Oui, la mort d'Ophélie a été un choc effroyable pour moi, mais aussi pour nous toutes. Dans les premiers instants, je n'y ai pas cru. Maintenant, ça va beaucoup mieux. Je sais bien qu'elle est morte, mais tout se passe comme si elle était toujours là, parmi nous... C'est assez étrange!

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