Fin de soirée

Francis qui avait écouté Antoine attentivement, ne cessait de hocher la tête. J'eus alors soudain le sentiment, peut-être injuste, qu'il n'y en avait que pour les deux hommes, et que nous, les femmes, nous n'avions pas vraiment notre place dans cette discussion hautement intello. Je me sentais également un peu irritée et décidai de m'interposer pour faire mon trou.

— Etes-vous d'accord, Messieurs, dis-je en me levant et en marchant, que notre pauvre esprit fonctionne bien souvent dans l'attachement et l’illusion?

— Naturellement! me répondit Antoine, méprisant, comme si je venais carrément d'enfoncer une porte ouverte.


Il ne me laissa pas poursuivre.

— Par définition, nous saisissons le monde extérieur comme réel. Mais en fait, le monde extérieur n'est que vacuité? Que savons-nous de sa réalité? Rien, sinon que nous savons que nous sommes constitués d'une conscience, ou plutôt, de plusieurs consciences: visuelle, auditive, olfactive, gustative, tactile... Et d'une conscience centrale! Mais à mon avis, et ça rejoint ce que je disais concernant le bouddhisme tibétain, ces consciences et leurs supports extérieurs n'ont aucune réalité. D'où vient le son d'une cloche? Hein? De la cloche? De celui qui l'entend? De l'espace dans lequel cette situation a lieu?

— Tout à fait. Je suis complètement d'accord, s'exclama véhémentement Francis. Ainsi, on arrive à la conclusion que, produit par un ensemble d'éléments, le son, entité unique, indépendante, n'existe pas en soi. Je suis complètement d’accord!

— De plus, renchérit Antoine, tout ce qui est expérimenté par ces différentes consciences est éphémère. Donc, nos perceptions ne sont pas réelles. Elles n'existent pas! Et les phénomènes ne sont pas la réalité, mais des apparences, des possibilités d’existence!


J'étais d'accord avec eux, mais leur péroraison, leur manière de se comporter en mâles sûrs d'eux-mêmes, leur certitude, tout cela finissait par m'agacer. Je me dirigeai vers la chaîne, changeai le disque, et revins m'asseoir dans mon fauteuil. Là, je souris à Apolline qui ne disait rien, qui, avec ses grands yeux pleins de candeur, écoutait et me regardait.


Elle répondit à mon sourire par un autre sourire. Alors je glissai ma main entre mes cuisses et commençai à me masturber tranquillement…


Apolline remarqua tout de suite mon petit manège et s'en amusa. Quand Francis et Antoine s'en aperçurent, ils arrêtèrent instantanément de converser et me regardèrent, médusés.

— Eh bien, me demanda Antoine, dont les yeux bondissaient comme des billes, que fais-tu? C'est franchement inconvenant! Devant nos invités?

— Quoi? fis-je, ingénument. Que vois-tu? Je ne fais rien, mon chéri. Tes perceptions ne sont pas réelles, tu viens de le dire, je ne suis qu'une apparence, qu'une simple possibilité d’existence...


Ophélie Conan

Extrait de "Le saut de l'ange 2"










Commentaires

  1. Magnifiques illustrations animées, comme d'habitude.

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    1. Illustrations collectionnées par Ophélie pour chanter la splendeur du sexe de la femme! Merci Ophélie.

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    2. Superbes illustrations. Pour ce qui est des affirmations exprimées dans le texte, je les trouve totalement débiles.

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    3. Elles n'engagent que leurs auteurs!

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  2. Elle est si spontanée notre Ophélie

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  3. La dernière réplique résume tout :
    "— Quoi? fis-je, ingénument. Que vois-tu? Je ne fais rien, mon chéri. Tes perceptions ne sont pas réelles, tu viens de le dire, je ne suis qu'une apparence, qu'une simple possibilité d’existence..."
    Magnifique.
    Ophélie a dû rencontrer de mauvais z'hommes.
    Tant mieux pour toi.

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    1. J'aimais son humour.
      De "mauvais z'hommes" ? Je ne sais pas. Elle n'a jamais été violentée par les hommes, je crois.

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    2. Pas de violences physiques, heureusement.
      Je parlais pour les paroles méprisantes.
      Bref.

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    3. Oui, peut-être, mais je ne pense pas qu'elle ait beaucoup souffert des hommes, même psychologiquement. Je pense plutôt que pour le plaisir et pour l'amour, seules les femmes l'intéressaient vraiment. Le corps d'une femme la fascinait!

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  4. Bien que je ne la connaissais pas à cette époque, c'est tout elle!

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  5. 😍🥰💗😘👄👄💋💋🍾🍾🍾

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