Confinement volontaire

Malgré ce confinement que nous nous sommes imposé pour ne pas contaminer nos proches, Honorine, Gaëlle et moi sommes heureuses. Nous avons trouvé un parfait équilibre et n'avons jamais été aussi heureuses ensemble. Gaëlle a interrompu ses heures de nounou et Honorine a provisoirement interrompu ses cours au centre équestre. Nous vivons sobrement, presque chichement, mais heureuses. La vie s’écoule dans le plaisir de l'instant. Joséphine, notre chère voisine, nous apporte du ravitaillement tous les deux jours, et tout se passe bien.


Nous lisons, écoutons de la musique, bricolons. Bien sûr, nous faisons l’amour, tantôt de manière rapprochée, tantôt en utilisant notre machine. À ce sujet, je me souviens qu’un de mes lecteurs m’avait demandé si nous jouissions plus vite en utilisant la machine qu’en actionnant manuellement un gode. Je lui avais répondu que non, pas plus vite. Les filles et moi sommes toujours unanimes pour dire que nous ne jouissons pas plus vite, mais différemment. En y réfléchissant, nous nous demandons toujours d'où vient cette différence. Aujourd’hui, elle ne tient plus à la nouveauté de la machine, qui est maintenant installée depuis plusieurs mois.


Gaëlle continue de penser que c'est parce que la machine nous dispense de la présence physique et active de partenaires (manipulant un gode ou nous pénétrant avec un gode ceinture). Les partenaires sont au mieux spectatrices et n’ont donc plus qu’un rôle secondaire (manipulation des seins, du clitoris, baisers sur la bouche, caresses), pendant que la machine, imperturbablement, baise, baise et baise. Le plaisir naîtrait de l'étrangeté de son apparition.


Honorine analyse cette différence autrement, mais il y a des similitudes. Elle croit à un "effet machine". Selon elle, la machine nous procure le plaisir d’une totale soumission à un être froid et sans désir, qui baise à la demande, sans relâche et sans éprouver d'états d’âme, autrement dit, à l’inverse du plaisir de monter et de diriger activement et avec maîtrise sa monture ou de la subir dynamiquement. Curieusement, Honorine qui est cavalière, adore se faire baiser par cette machine parce qu'il n’y a justement rien d’autre à faire que de se soumettre passivement et de jouir.


C’est vrai que ce qui est jouissif, quand on utilise seule la machine, c’est d’être "mains libres" et de n’avoir pas à manipuler un gode soi-même. 


Mais peut-être, faut-il aussi rappeler, que nous autres lesbiennes, nous mettons cette machine à la place du mâle humain dont le rôle naturel est de baiser activement la femelle. Connaissant sans doute déjà un plaisir "pervers" à nous faire baiser par une femme et non par un homme, ce plaisir ne serait-il pas encore augmenté de se savoir baisées par un non-humain?


Toujours est-il que nous nous lassons pas et aimons toujours nous soumettre à cette machine, mais nous l’utilisons rarement en solo. Personnellement, quand je l’utilise, j’aime que mes petites soient présentes. J’adore quand elles me regardent jouir, quand en même temps, elles me tripotent, me sucent ou me font vibrer avec leurs doigts ou un vibromasseur.


Pour finir, j’en reviens à notre vie actuelle qui n'est pas embellie par cette seule machine. Ce qui me ravit, c’est surtout de voir la complicité entre Gaëlle et Honorine. Gaëlle a fait d’énormes progrès. Maintenant, c’est une jeune femme libre et très épanouie. Quand je pense qu’elle avait tant de mal à s’accepter lesbienne! Plus jamais elle ne parle d’avoir un enfant avec moi, ni non plus avec Honorine dont elle est très amoureuse. Elle dit qu’elle ne veut plus d’enfant, qu'il y a trop de monde sur la planète. Elle préfère jouir de son sexe et donner du plaisir aux femmes autour d'elle. 


De son côté, Honorine est une fille active et toujours d’attaque, pour tout, pour le cheval évidemment, et aussi pour le sexe dont elle raffole. C’est une lesbienne-née, sans complexe, qui a certainement achevé de décomplexer Gaëlle. En ce moment, elle est très chagrinée que des imbéciles s'attaquent à des chevaux (et à des vaches). Ça la met en rage et je la comprends. C'est un comportement vraiment ignoble, lâche et abject. Parfois, elle me parle d'Ophélie et vient pleurer dans mes bras. Elle se sent toujours un peu coupable de sa mort.


Mes petites s’aiment beaucoup toutes les deux et se le disent souvent, elles s’offrent des fleurs, s’écrivent des mots doux, se font des petits baisers dans le cou et se pelotent sans cesse les seins. Je n’en suis pas jalouse, car elles me le font aussi et m'offrent toujours, largement et spontanément, de profiter de leur intimité. Souvent, quand j’entre dans une pièce, si je les surprends en train de s'embrasser ou de se goder ou de se branler réciproquement, toujours elles m’invitent à me joindre à elles: "Viens, Marianne, me disent-elles, viens". Mais c’est toujours pour moi un plaisir que de les regarder, même sans participer à leurs fêtes, tant elles sont jeunes, émouvantes et belles. Alors, sans doute, je me sens un peu vieille, déjà.

Commentaires

  1. Et bien, tout a l'air d'aller bien dans le meilleur des mondes.
    Et je suis ravi pour vous, de voir que ce cocon d'amour est un vrai paradis pour vous trois.
    Je ne sais si toutes les femmes ont la même analyse de cette machine,
    mais, j'ai lu la votre avec attention et sourire.
    J'aime lire tes mots, Marianne, entre ceux d'Ophélie.
    Tu as le même talent.

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  2. Oui, Marianne, cette analyse de votre rapport à la machine est amusante quand tu t'interroges sur le côté peut-être passif de l'amour entre femmes eu égard à l'homme qui serait plus dominateur si je comprends bien mais il y a des hommes qui se prennent pour des machines à " baiser " et qui prennent les femmes pour des " machines à déverser "... Je préfère trouver l'harmonie avec l'homme que jouer la machine avec une machine.... Sans doute t'ai-je raconté une histoire farfelue de carotte dans mes échanges avec la belle aux yeux verts qui se demandait si j'écrivais la réalité ou non : après ce que tu peux deviner, je l'ai découpée en rondelles et mise dans une casserole pour la manger!!! J'aime ce qui est saugrenu et me fiche des interprétations psys... J'avais surtout envie de rire et de faire un acte cocasse... Sans humour, la vie est triste!
    Honorine ne peut pas être responsable de la mort d'Ophélie : l'imbécile qui téléphonait a fait une connerie et est peut-être aussi décédée. Néanmoins, je comprends ce que ressent Honorine.
    Tu es encore jeune, Marianne, mais te voici initiatrice....
    J'ai songé que Joséphine pourrait pimenter en tant que spectatrice mais si mes souvenirs sont bons, la situation l'intimide un peu. Elle semble super sympa!!!

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    1. J'aime bien ton histoire de carotte, nous avons souvent fait la même chose du temps d'Ophélie avec des concombres que nous mettions en salade, peu après usage. Tu as raison, il faut de l'humour dans la vie!
      Oui, je deviens initiatrice, et je brûle de faire manger à mes petites, demain ou après-demain, des concombres en salade (avec la peau, c'est mieux).
      Merci de penser à Joséphine qui est veuve (son mari s'est suicidé le jour même de la mort d'Ophélie). Joséphine qui est une femme d'un certain âge, charmante et dévouée, a depuis longtemps manifesté de l'intérêt pour nos pratiques, mais sans plus, sans doute très intimidée. Une fois, elle nous a même surprises en pleine action, car son mari se trouvait subitement mal, et il a fallu emmener ce dernier aux urgences de l'hôpital. S'étant ensuite excusée de nous avoir dérangées (nous étions à poil quand elle a sonné), elle a eu des mots gentils pour qualifier ce que nous faisions. Après, Ophélie s'était demandé si cela ne tentait pas Joséphine... que peut-être nous devrions l'inviter... Et puis, ça ne s'est pas fait, le temps a passé, et Ophélie est morte sans prévenir. Si elle n'était pas morte, je crois qu'elle aurait invité Joséphine, d'autant qu'elle est veuve maintenant.

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  3. La naissance du plaisir a parfois ses mystères.
    Je me souviens que c'est moi qui t'avais posé la question. Je n'espérais pas une réponse aussi détaillée et je t'en remercie.
    Tout ceci confirme que le premier organe sexuel, c'est le cerveau...

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    1. C'est absolument vrai. C'est le cerveau, tel qu'il est et tel qu'il a été programmé, qui donne du sens.

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  4. Je sais que depuis le départ d'Ophé, c'est difficile côté argent mais votre amour, votre vie est, comme on dit, une parenthèse enchantée.
    Je vous aimes les filles et si un jour je me sens abandonné, je partirais à votre recherche.
    Est-ce que je vous trouverais? Je ne sais pas. Mais ma quête sera agréable en tout cas.

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    1. Oui, côté finances c'est difficile, mais côté amour et sexe, tu as raison, c'est une "parenthèse enchantée"! Heureusement, ça nous aide beaucoup.

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