L'hiver me pèse

L’hiver me pèse. J’ai hâte de voir renaître le printemps. Mon corps emmitouflé sous la laine veut se libérer, revivre dès à présent ses incessantes noces d'amour avec la nuit chaude et étoilée, avec le jour ensoleillé, avec les grandes puissances du monde invisible aux yeux de chat. Je veux retrouver l'univers et tout ce qu'il contient, toutes ses divinités vivantes que je sais parmi nous. Je veux vivre, être le mystère de la grande genèse, en m'offrant à la nuit, au jour, aux arbres, à la multitude. Je crois bien que je n'aime personne, pas même Amélie, mais seulement l'Amour lui-même, l'amour de la vie, des puissances créatrices anonymes, quand l'Humanité n'était pas encore brisée, morcelée en individus séparés, fiers de leur pensée autonome. Je me sens impersonnelle et orgiaque. Je rêve de promiscuité sans discernement. Je veux sortir de la torpeur de l'hiver.


Ophélie Conan

"Le miroir des étoiles"


Pablo Picasso - Paysage d'hiver


Commentaires

  1. Patience, le printemps arrive dans un 1 mois...
    Mais je sais que quelque-part dans le Sud du Finistère, certaines âmes n'attendent pas la saison chaude pour se passer de textile, même à l'extérieur.

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    1. Je sais, je sais, mais c'est quand même, mieux quand la température est plus élevée! Brrr!
      Heureusement, ça s'améliore...
      Je t'embrasse, Phil.

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  2. J'aime beaucoup l'image de l'humanité non encore brisée et ce désir de communion avec le cosmos que j'ai connu dans le désert.

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    1. Je te crois, Elisabeth, ce sont sans doute des expériences similaires. La mystique était votre point commun. C'est ce que j'aimais chez Ophélie.

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  3. Ophélie dit n'aimer personne. Elle se ment à elle même, je pense. Je sais bien, que dans le texte, elle n'aime que le sexe, pas la personne. A cette époque, elle ne te connaissait pas encore, et je sais par ses écrits qu'elle t'aimait à la folie, Marianne.
    Bref, c'est vrai l'hiver, avec cette crise où on ne peut rien faire (les restos me manquent, et j'en ai marre de tous ces visages masqués, et en plus le beau temps tarde à venir dans notre région), mais, comme dit Phil, le printemps va arriver. Déjà quelques fleurs commencent à nous faire de jolis clins d'œil, et les jours rallongent. On va dans le bon sens.
    Je te souhaite à toi et tes fées un bon W-E.
    Je vous embrasse.

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    1. Je ne sais pas si elle se ment à elle-même quand elle écrit qu'elle n'aime personne, elle veut tenter de s'impersonnaliser et n'avoir plus d'égo, pour "entrer dans l'univers" et n'être plus rien. C'est me semble-t-il un fantasme mystique et poétique. L'hiver lui semblait renforcer cet égo, alors que l'été libère de cet égo et nous met davantage au contact du monde. Merci Gil et bonne soirée.

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    2. Oui, Marianne, j'entends la même chose qu'elle. Oui, elle cherchait à dépasser l'égo par diverses formes dont l'écriture, par une communion cosmique et peut-être même dans certains moments de sa sexualité. Il y a aussi cette idée de communion dans sa manière de parler de La Femme. Je suis certaine qu'elle a pu éprouver comme une étreinte sexuelle avec la terre ou avec l'océan ( je l'ai éprouvé dans le désert : sans doute est-ce entre la mystique et la poésie. Je peux aussi le vivre en sculpture. L'art est une réalité. La mystique relève de plusieurs registres dont celui du désir qui touchait Ophélie et aussi de la foi, mais dans les deux cas notre égo limite les expériences ). Tout ceci est compatible avec l'amour personnalisé que vivait aussi Ophélie. Mes mots ont leurs limites ( ils ne sont que de moi ). L'ego est toujours là mais la soif d'universel lui est compatible. Tu trouveras peut-être un texte d'Ophélie plus clair que mes pauvres borborygmes. Je t'embrasse, Marianne.

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    3. Tu as raison, Elisabeth, la compatibilité entre l'égo et la mystique existe certainement, mais ce n'est sans doute pas toujours facile, et cela peut engendrer des doutes par moments. Oui, par moments Ophélie fantasmait des éteintes sexuelles avec la terre et avec l'eau. Pour elle, l'amour des femmes et le sexe entre femmes concrétisaient vraiment ce désir inextinguible. Peut-être aussi la mort. Je le ressens également.

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    4. Marianne, je ressens comme toi chez Ophélie une sorte de communion avec la mort, comme si elle désirait tout étreindre dans la vie. Peut-être ces jeux avec la mort lui redonnait un regain de vie. J'ai vécu une expérience étrange avec Véronique où d'approcher de cette rive lui donna une immense envie de vivre.

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    5. Oui, je le pense aussi. Cela choque parfois, mais à quoi bon se voiler la face?

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    6. Oui, Marianne, c'est une manière de vivre à fond l'instant. Bien entendu, nous voyons la mort telle que des proches l'ont vécue, l'instant du dernier souffle, et l'agonie aussi. Nous ne pouvons pas penser l'acte de mourir pour nous-mêmes mais l'approcher. L'état de mort nous est inconnu et l'homme a toujours introduit des réponses dans ses sagesses.

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    7. Tu as raison, c'est vraiment impossible de vivre l'état de mort, c'est contradictoire dans les termes et dans la réalité. En revanche, on peut imaginer l'acte de mourir, à partir de moments de souffrance précédant une perte de conscience. Certaines morts ne sont peut-être que cela...

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    8. Et bien, c'est gai avec vous, mes deux amies.
      Pour ma part, j'ai peur de mourir.
      Et oui, je suis un homme, (pas de pelotas) mais j'avoue que ce moment je le redoute.
      J'y pense, bien sûr, tout en essayant de l'effacer, dès qu'il apparaît.
      Après plein de questions pour l'après et surtout des êtres chers qui vous vos manquer.
      On pense du coup à son plaisir, et au plaisir des autres sur cette terre, et surtout à l'instant "T".

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    9. Mais non, cher Gil, on peut parler de la mort dans la joie! Ce qui est triste, c'est de mourir vraiment (dans le cas où l'on veut encore vivre) ou de perdre quelqu'un qu'on aime!
      "Philosopher, c'est apprendre à mourir" disait Montaigne...

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