Comme la vie est étrange


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Trempée, elle avisa soudain une sorte d’abri, comme une espèce de cabane. Elle se dit qu’elle pourrait peut-être y dormir en attendant le jour. Elle s’approcha, découvrit qu’il y avait un banc à l’intérieur, et que l’endroit était parfaitement sec et désert. Confiante, elle s’allongea sur le banc et pensa que, de toute façon, elle pourrait au moins y dormir tranquille. Morte de fatigue, elle se laissa fondre dans le sommeil, mais soudain, fut réveillée par des caresses qu’on lui faisait partout sur le corps.

— Arrêtez! S’écria-t-elle en écarquillant les yeux, qui êtes-vous?

— N’ayez pas peur, lui répondit un vieux bonhomme barbu qui, à la lueur d’une chandelle, tripotait ses seins, je ne vous ferai aucun mal!

— Mais je ne vous connais pas, arrêtez! hurla t-elle, en se redressant pour s’asseoir, je ne suis pas une chose!

— Laissez-vous faire, insista l’homme, j’en ai tellement envie, ça fait plus de vingt ans que je n’ai pas touché à une femme!

— Mais ce n’est pas mon problème, arrêtez, vous dis-je, espèce de vieux cochon!


Le bougre n’avait pas l’air d’un méchant homme et présentait même une bonne bouille joviale. Sœur Alexandra qui n’imaginait pas qu’elle pouvait être aussi tentante dans ses vêtements tout déchirés, craignit d’altérer la bienveillance du bonhomme et, par conséquent, le laissa continuer son innocent tripotage.

— Et d’abord, que faites-vous chez moi? demanda l’homme, en lui lançant une bouffée de vinasse.

— Je me suis perdue! Mais vous, qui êtes-vous? 

— Un honnête homme qui demeure en ce lieu. Je connais cet endroit comme ma poche et si tu veux, ma belle, je peux t’aider à retrouver ton chemin. 

— C’est gentil. Et en échange?

— Rien du tout, simplement que tu continues à te laisser faire!


Sœur Alexandra regarda les deux grosses pognes rugueuses qui, comme des râpes, dans l’entrebâillement de sa chemise défaite et déchirée, lui malaxait les deux seins. 

— Vous êtes vraiment tous les mêmes, soupira la jeune nonne, vous n’êtes que des porcs!

— Ça c’est vrai, mais les belles filles comme toi, ça excite les porcs! dit le vieux en fourrant soudain sa main sous les dessous de la jeune femme qui lui servaient de jupe, j’ai une sérieuse envie de ta turlute!

— Pas de ça! s’écria Alexandra, vous ne voyez pas que je suis une religieuse ! J’ai fait vœu de chasteté, et de plus, je tombe de sommeil, soyez gentil, Monsieur l’honnête homme!

— Religieuse? Tu veux dire bonne sœur? On n’le dirait pas! Ah ben ça, alors! Bon, bon, d’accord, dit l’homme en venant se nicher contre la poitrine avenante, on va dormir, dans ce cas! Je serai sage!


Sœur Alexandra, frigorifiée, appréciait la chaleur animale du bonhomme et, malgré la forte odeur de vinasse qu’il dégageait, ne le repoussa pas. Elle le laissa même continuer son pétrissage de nichons qui, à l’évidence, avait une vertu soporifique…


Au petit matin, une curieuse sensation la réveilla. Elle ouvrit subitement les yeux et constata qu’il faisait grand jour, mais surtout que le bonhomme était là devant elle, sa pine raide et toute dégoulinante de sperme. Elle comprit qu’il venait juste d’éjaculer sur ses seins dénudés, car sa chemise était complètement débraillée. D’abord choquée et dégoûtée, elle s’étonna elle-même d’en rire.

— Mon Dieu, Monsieur l’honnête homme, s’exclama-t-elle, en voilà des façons!

— Excusez-moi, ma sœur, mais je ne pouvais plus tenir, je vous l’ai dit, ça fait plus de vingt ans que je n’ai pas touché à une femme!

— Vous exagérez tout de même, où vais-je pouvoir me laver?

— Dehors, répondit le bonhomme, il y a une cascade d’eau fraîche, non loin d’ici, mais attention, il y a des Bons et des Loups-garous qui rôdent dans cette région!

— Des quoi? 

— Des types étranges. Certains sont bons et disent toujours la vérité, et d’autres sont des Loups-garous qui n’arrêtent pas de mentir!

— Qu’est-ce que c’est que votre histoire?


Elle sortit de la cabane et vit qu’au dehors il faisait beau et déjà chaud. Un frais gazouillis dirigea ses pas vers un filet d’eau qui tombait en cascade et nourrissait un petit bassin peu profond, entouré d’un décor à la fois rocailleux et verdoyant. Dans cet endroit presque paradisiaque, voyant qu’il n’y avait personne, Sœur Alexandra retira sa chemise déchirée et sa jupe lacérée. Complètement nue, elle entra dans l’onde transparente et alla se mettre sous la cascade pour nettoyer sa poitrine maculée. Comme l’eau était extrêmement fraîche, elle eut rapidement froid, et ne tarda pas sortir du bassin pour venir se sécher sur un coin de mousse ensoleillé. Elle s’étendit à même le sol et, sans aucune gêne, offrit sa complète nudité au soleil. Elle se sentit bien, et les grosses gouttelettes qui coulaient encore sur sa peau fine s’évaporèrent. 


Sœur Alexandra songea à sa mission, à son amour pour le Christ qui avait été le plus fort, mais elle se rappela aussi qu’elle avait beaucoup aimé le plaisir avant d’aimer Dieu, et elle s’en souvenait comme d’une chose très agréable. Comme la vie est étrange, pensa-t-elle. Il avait fallu ce terrible naufrage dont elle était quasiment la seule rescapée, pour qu’elle osât, ainsi, se mettre nue sous le soleil et goûter le plaisir sensuel de ses chauds rayons. Avant d’entrer au couvent, elle avait eu un grand nombre de prétendants, on la trouvait jolie fille, et aucun de ces jeunes gens n’avait compris ses refus obstinés et sa soudaine vocation religieuse. Ils avaient tous estimé que c’était là, un vrai gâchis de l’œuvre de Dieu. Mais la jeune femme, contre vents et marées, avait renoncé à la vie futile et matérielle et avait prononcé ses vœux. Elle avait habillé son joli corps de libertine d’une grosse toile sans douceur et, petit à petit, avait fini par oublier la sensualité des satins duchesse et des cigalines. Elle s’était consolée des longues et fastueuses robes bruissantes qu’elle portaient lors des grandes réceptions et, avait accepté de comprimer sa superbe poitrine sous d’affreux bandages, afin qu’il ne restât plus aucune trace de son arrogante féminité. 


Ophélie Conan


Ceci est un extrait de "La carte n'est pas le territoire", une nouvelle figurant dans le livre d'Ophélie "No man's land 1".


Les images que j'ai choisies pour illustrer cet extrait sont en majorité empruntées au peintre américain Kenton Nelson (né en 1954). Ce peintre figuratif aime à présenter  toutes sortes d'objets de notre quotidien moderne, mais aussi, comme ici, de très jolies femmes qu'il sait merveilleusement bien arrêter dans l'instant, comme un photographe. Il ose également, tel un cinéaste, n'en représenter qu'une partie. Vous trouverez ses tableaux en n°1, 2, 5, 7, 8, 9, 10, 11, 14, 15, 16, 17, 21, 22, 24, 25, 30, 32, 33, 36, 38, 39, 42. 

J'aime tout particulièrement le n°42, à cause de la bretelle du soutien-gorge qui tombe. C'est un détail charmant sui suscite le désir. En revanche, l'illustration n°30 est étrange: que peut bien faire cette femme avec son pot à fleurs?

Parmi toutes les autres (celles qui ne sont pas de Kenton Nelson) que j'aime aussi beaucoup, j'ai quand même une préférence pour les 31, 34, 37 et 43 que je trouve excitantes.

Et pour la n°41 que je trouve magnifique et particulièrement bien composée. Les paupières closes de la téteuse donne un air de grande sérénité à son visage. Quant à l'autre femme qui donne son sein, on peut facilement imaginer le mouvement de son buste. La photo, pourtant statique, est en elle-même porteuse d'un mouvement très sensuel que j'adore. 

Marianne



Commentaires

  1. La bretelle du soutien-gorge qui tombe est sur la 42, mais la 43 est encore plus excitante ! Il n'y a pas plus beau qu'une jolie fille qui se masturbe.
    Il y a sûrement un message porté par la n°30, mais comme toi, je ne le comprends pas.
    D'accord avec toi pour la 31. Quelle douce torture que de se soumettre ainsi à l’infatigable machine. Mais la véritable torture, je pense, c'est de ne pas pouvoir appuyer sur le bouton STOP quand l'orgasme sera venu. Il faudra continuer à endurer les coups de butoir. Mais peut-être que d'autres orgasmes suivront...
    La 37 est magnifique, avec cette petite giclée de cyprine qui brille et s'écoule sur la peau. Un détail qui fait toute la différence !
    Merci Marianne et belle semaine à toi.
    Bise.

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    1. J'ai corrigé mon erreur de repérage pour l'illustration à la bretelle. Merci de me l'avoir signalée.
      Pour la 31, souhaitons qu'une main extérieure appuie sur le bouton STOP! Quant à la 37, effectivement, ce petit détail ruisselant apporte beaucoup à cette belle image.
      Merci pour ton commentaire, Phil.
      Je t'embrasse.

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  2. Un extrait qui donne envie de continuer à lire "No man land's 1"
    (on y est quand même invité ?)
    J'ai lu beaucoup Ophélie, mais je ne crois pas avoir parcouru cette série.
    Une écriture fluide et excitante, mais aussi curieuse, avec ce vieux bonhomme sentant le vin.

    J'adore, comme à mon habitude et merci de ton choix Marianne, toutes ces planches dessinées, très féminines, avec tous ces détails qui font votre charme, comme cette bretelle de soutien-gorge.

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  3. J'adore le texte qui laisse une série d'hypothèses pour la suite voire même pour la nuit. La jouissance mystique est de nature orgastique... Pour les illustrations, j'aime ce qui émane des images un peu statiques. La 31 ne me fit pas songer à un bouton " stop " mais a une succession d'orgasmes mais il convient sans doute de programmer un peu la machine pour ne pas rester attaché plusieurs heures... ( oui, les hommes devraient pouvoir s'en servir, d'où le masculin de " attaché ").

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    1. Oui, Elisabeth, il y a certainement des solutions pour arrêter cette délicieuse et infernale machine: Une main extérieure, une programmation si c'est possible, une télécommande dans le creux de la main. Il est vrai que les plaisirs, même à rallonge, même d'essence mystique, ont toujours une fin! Et c'est très bien, ça permet de recommencer!

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