Une étonnante soirée chez Mélou

Avec une certaine consternation, j'avais appris que Freddy Mercury était atteint du SIDA. Comme beaucoup d'autres jeunes gens de mon âge, j'étais fascinée par la musique de Queen. Bien qu'apprenant le piano classique, j'étais devenue une fan de rock anglais. J'adorais les Beatles, déjà séparés depuis plus d'une décennie, et achetais régulièrement les disques des Rolling Stones. Même si c’était les débuts de la techno, je me passionnais pour un genre très particulier du rock qui existait déjà depuis pas mal d’années, mais restait encore très vivant, le glam-rock.

Je devins fascinée par tous ces chanteurs androgynes, Alice Cooper, David Bowie, Iggy Pop, Lou Reed... J'adorais aussi Roxy Music. En ces stars d'un nouveau genre, en ces étranges dandys de l'ère électronique, je voyais des sortes d'anges extravagants et provocateurs. Je me délectais de leur costumes baroques à paillettes ou à plumes, de leurs bodies étincelants, de leur platform-shoes ridicules, de leurs ongles vernis... Le tout dispensait, je l'avoue, un effet kitch très douteux, mais qui me fascinait. Sans trop savoir pourquoi, j'adorais la théâtralisation de leur comportement, leur volonté d'apparaître inauthentiques (contrairement aux rockers de la génération précédente), et je me plaisais à admirer leurs anatomie volontiers hermaphrodite.

Naturellement, je les imaginais tous homosexuels. Sans doute ne l'étaient-ils pas tous. Bowie avait même ou avait eu une femme (je ne sais plus), la superbe Angie, jolie pin-up destroy dont j'avais vu la photo. Elle aussi m'avait excitée avec sa blondeur, son air angélique, sa minirobe noire qui ne cachait pas ses fesses, ses escarpins à aiguille noirs, ses bas blancs et son porte-jarretelles blanc!

C'est par ces messieurs, je dois l'avouer, que pour la première fois, je conceptualisai l'idée de l'homophilie, même si, pour la plupart d'entre eux, elle n'était qu'un simple jeu, une sorte de paraître!

Mais, curieusement, cette idée, je ne pouvais l'attribuer qu'aux hommes! Malgré ma petite expérience avec Sylvie, rien à faire, il m'était alors impossible d'imaginer un comportement systématiquement semblable entre femmes! A cette époque, j'aurais tout donné pour regarder deux hommes faire l'amour. C'était mon fantasme. J'avais aussi celui, très curieux, de voir un homme se sucer. Mon préféré, David Bowie en était souvent l'acteur.

Il m'apparaissait comme un incroyable contorsionniste. Je l'imaginais, complètement nu, allongé sur la scène, devant ses fans, s'enroulant sur lui-même, passant sa tête entre ses cuisses et, avec sa bouche, attrapant son sexe. Sa pine grossissait et Bowie l'enfonçait très loin dans sa gorge. Ce spectacle étrange durait longtemps. A la fin, je savais qu'il éjaculait en lui-même, et comme je me masturbais en imaginant ces choses, cela produisait aussi en moi un formidable orgasme. Parfois, je remplaçais l'image de Bowie par celle de mon petit copain Jo…

Malgré leur grande ouverture, je n'osais parler de mes goûts "barbares", tant musicaux que sexuels, à mes parents, ni même à mon professeur de piano.

Dans les jours qui suivirent la mort du danseur Fred Astaire, lors d'une leçon, le téléphone se mit à sonner. Mélou, après une brève discussion, me donna le combiné :

— Tiens, c'est pour toi! Prends-le!

Avant même que je le prisse une formidable intuition me fit comprendre que la voix qui se trouvait à l'autre bout du fil, était celle d'un homme qui n'était autre qu'Odilon. En effet, c'était bien lui.

Jamais je ne compris pourquoi Mélou me donna le téléphone. Comme une gamine que j'étais encore, je me mis à engueuler Odilon d'avoir été la cause de la souffrance de mon professeur. Le considérant comme l'incarnation du mal absolu, je l'insultai de toute ma hargne.

C'est ainsi que, quelques jours plus tard, je rencontrai cet homme de quarante cinq ans chez Mélou. Comme on pouvait s'y attendre, ils se remirent ensemble. Rapidement, force me fut de reconnaître que j'avais fait une erreur, car il s'agissait d'un homme sensible et fin, nullement le monstre que j'avais supposé. Ainsi, très rapidement, je sympathisais avec lui.

Nous eûmes quelques longues discussions ensemble, notamment sur le bouddhisme, car ce sujet le passionnait tout particulièrement. Ces dernières années, il avait réalisé de nombreux voyages en Extrême-Orient, et avait même fait la rencontre d'un maître qui l'avait beaucoup impressionné et influencé. Il me parla aussi longuement de Krishnamurti. Odilon était un homme de grande taille, mince, au visage allongé, aux traits émaciés et anguleux, aux cheveux longs. Par contraste, sa voix était douce, et son expression gestuelle et mimique parfaitement sereine. Il s'exprimait merveilleusement bien, et j'avais beaucoup de plaisir à l'écouter. Il était, selon ses propres propos, un homme introverti qui pouvait facilement vivre replié sur lui-même, supportant très bien, me disait-il, la solitude. Il affirmait préférer vivre seul plutôt que parmi l'hostilité des autres. Homme fort cultivé, auprès de qui j'avais l'air d'une parfaite gourde, il me paraissait manifestement sensible et émotif, capable de se trouver fortement et profondément affecté par les émotions des autres ou par leur souffrance, et cette sensibilité à fleur de peau me plaisait.

Après avoir été, dans mon esprit, l'égal d'un monstre, Odilon m'apparaissait maintenant doux et gentil, aimant le calme et la tranquillité. En même temps, malgré son âge, je trouvais qu'il n'avait pas l'air bien armé pour affronter les conflits de la vie, notamment ceux qu'on pouvait rencontrer avec des personnalités agressives et puissantes, comme Mélou par exemple. Je sentais qu'il était homme à procéder à des tactiques d'évitement et de fuite. Ainsi je compris, par la suite, qu'il usait de mise à distance par le regard et par le silence, une sorte de voyeurisme en somme, et que c'était pour lui un excellent moyen de se protéger des autres. Malgré sa sérénité apparente, je devinais que ses préoccupations plus profondes trahissaient un être finalement peu sûr de lui-même et relativement pessimiste. Odilon n'était pas pour autant déprimé ni fortement sujet à l'angoisse, mais je compris que cet homme adulte manifestait encore les séquelles de perturbations affectives importantes qu'il avait probablement connues durant son enfance. Par la suite, d’ailleurs, il m'en raconta certains détails.

Odilon revint donc vivre avec Mélou, sa chère amie de toujours. Il avait quitté sa jeune maîtresse, une certaine Morane, et s'était remis avec Mélou laquelle, heureuse de le récupérer, lui avait complètement pardonné son infidélité. Odilon et Mélou ne vivaient pas ensemble, mais se rencontraient de temps à autre comme amant et maîtresse. Il en résulta qu'ils se retrouvaient très souvent chez l'un ou chez l'autre. Fort curieusement, Odilon ne fut jamais invité aux présentations de sous-vêtements que Mélou continuait d'organiser, et je ne sus jamais s'il fut même, quelquefois, mis au courant de leur existence.

Un peu plus tard, c'était en juillet, je devais avoir dix-huit ans, il se passa un événement fort curieux. Mélou m'avait invitée à dîner avec son fils de dix-neuf ans, et Odilon. Le fils de Mélou, qui était un barjo plus ou moins héroïnomane, rapidement, s'éclipsa, en début de repas, et nous nous retrouvâmes, de ce fait, tous les trois à dîner. Il faisait très chaud, le temps était à l'orage, et Mélou ne cessait de répéter qu'elle avait trop chaud. Pour la provoquer, je finis par lui dire:

— Tu n'as qu'à retirer ta robe!

Elle me prit au mot, et me répondit, en riant :

— D'accord, mais si c'est toi qui me la retire!

J'en eus le souffle coupé. Cependant, après deux secondes de choc et d'hésitation, je ne me dégonflai pas et me levai pour lui retirer sa robe. C'était une robe à fleurs, à fines bretelles, avec une fermeture éclair dans le dos. Durant la suite du repas, Mélou resta en slip et en soutien-gorge, lesquels, je m'en souviens, étaient noirs, car je les avais présentés lors d'un récent défilé. Ainsi, je pus me faire une idée assez précise de l'anatomie de mon professeur de piano. C'était une femme très bien faite, encore très belle, mince et désirable.

Au fromage, Mélou se plaignit encore d'avoir trop chaud. Aussi, pour aller plus loin encore dans la provocation, je lui décochai:

— Tu n'as qu'à retirer ton slip et ton soutien-gorge!

Elle me regarda fixement dans les yeux, hésita quelques secondes, porta ses mains derrière elle et se mit à dégrafer lentement son soutien-gorge entre ses omoplates. Je vis le visage affolé d'Odilon, et surtout ses yeux qui tournèrent comme des billes quand les miches de mon professeur se balancèrent et ondulèrent au-dessus de la table. En attendant, je les reluquais car c'était la première fois que je les voyais, les deux miches de ma prof, et je les trouvai quasiment parfaites et fort excitantes. Mélou n'en resta pas là. Sans dire un mot, elle se leva. En me regardant dans les yeux, elle baissa prestement son slip, l'extirpa sans difficulté d'entre ses jambes, et me toisa, complètement nue. Sa forêt, très sombre, très fournie, me fit une terrible impression.

— Très bien, dit-elle en me regardant, comme si elle était très fâchée, je suis nue, maintenant, mais il n'est pas normal que je sois la seule, toi aussi tu dois retirer ton jean, ma petite!

Provoquée à mon tour, je lui répondis immédiatement que j'étais d'accord, mais m'empressai d'ajouter:

— A condition que tu viennes me l’enlever!

C'est effectivement ce qui se passa, mais Mélou n'alla pas plus loin et, en abordant la tarte au citron, je me retrouvai, à mon tour, en slip et en soutien-gorge.

Odilon, sans dire un mot, avait assisté à notre déshabillage. Durant tout ce temps, le moins qu'on puisse dire, était qu'il n'avait pas l'air très à l'aise. Il ne fit même aucun bon mot pour plaisanter ou détendre l'atmosphère, laquelle était devenue subitement pesante et trouble. Très excitée par la nudité provocante de ma prof, bien davantage que par l'alcool que j'avais bu (car en fait, j'en faisais peu usage), je me doutais qu'il se passait de bien curieuses choses que j'avais peine, non à comprendre, mais plutôt à maîtriser. J'imaginais même que, sans doute, il allait s'en passer de bien plus curieuses encore! Ma tête tournait, et je me souviens que je ne comprenais rien de ce que racontait Mélou, durant ces minutes-là, car elle parlait sans cesse par allusions. A un moment, sans rien comprendre à son propos, comme une automate, j'acceptai de la suivre, en me laissant conduire par la main. J'eus alors la surprise de me retrouver, tout simplement, dans sa chambre.

Debout au pied du lit, Mélou qui me regardait avec des yeux qui en disait long sur son désir, acheva de me déshabiller. Puis elle m'embrassa sur la bouche en me pétrissant les seins. Je n'eus aucun recul et me laissai faire passivement, car je trouvai cette étreinte, faite de la rencontre de nos deux paires de seins, très agréable. Un instant, comme un flash, je me rappelai les caresses que j'avais échangées avec Sylvie, les buissons, la plage de l’Ermitage à Saint-Gilles, l'eau transparente... C'était un souvenir si merveilleux. Je pensai également que Mélou avait l'âge de ma mère, et que, de ce fait, elle aurait pu être ma mère. Je ne sais si cela me culpabilisa ou m'excita davantage, mais ce fut avec une appréhension mêlée de curiosité et de désir, que je refermai mes doigts autour d'un de ses seins tout palpitant. Alors, à mon tour, je me mis à peloter sa poitrine, et je l'entendis me dire:

— Tu m’aimes?

— Bien sûr, que je t'aime, répondis-je, en la serrant très fort dans mes bras.

— Je ne suis pas trop vieille?

— Bien sûr que non, la rassurai-je, mais lui, que va-t-il dire

C'est à ce moment-là qu'Odilon entra dans la chambre. Précisément, il ne dit rien, mais décocha vers nous un regard qui en disait long, quelque chose comme : "Je vous dérange? »

Mélou le comprit, aussi lui lança-t-elle :

— Tu ne nous déranges pas, entre mon chéri!

Odilon alla s'asseoir sur une chaise et alluma tranquillement une cigarette, mais bientôt, je cessai de faire attention à lui, car Mélou, très excitée, m'entraînait dans son lit, en se faisant de plus en plus pressante et caressante.

Mélou, car c'était elle qui prit l'initiative, m'allongea sur son lit, comme une mariée, et vint se disposer sur moi comme le fait un homme amoureux de sa femme. D'emblée, parfaitement consciente de ce qu'elle entreprenait, elle cala l'une de ses cuisses entre mes jambes, et recommença à me bécoter fiévreusement, tout en pelotant mes seins avec ses deux mains. Je trouvai ce contact très agréable et me laissai carrément aller. Bien sûr, je compris très vite quel parti intéressant, je pouvais tirer de sa cuisse qui collait de plus en plus à mon entrejambe, aussi commençai-je à me frotter tout doucement, en donnant d'imperceptibles coups de pubis contre sa cuisse. Néanmoins, durant tout ce temps où le plaisir commençait progressivement à irradier mon bas-ventre, l'excitation n'était pas moins forte au niveau de mes nichons. Mélou me les malaxait avec beaucoup d'expertise et de savoir-faire car elle savait mélanger la douceur la plus exquise et la brutalité la plus sauvage. De plus, elle entrecoupait ce pelotage de longues sucées qu'elle pratiquait alternativement sur chacune de mes pointes. Dans ces moments-là, j'eus l'impression qu'elle me vidait de ma substance, et cela redoubla mon plaisir à râper mon clitoris contre sa dure et inexorable cuisse. Je me rendis compte que je mouillais comme une folle, et compris que j'étais en train de déposer les derniers vestiges de ma vigilance.

Ophélie Conan (extrait de "Le saut de l'ange 1")


J'aurais voulu connaître cette Mélou, à l'âge où Ophélie l'a connue!

Marianne

Commentaires

  1. Si ton vœu se réalise dans un autre univers parallèle, je veux bien être sur la chaise, à la place d'Odilon, vous regardant...

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    1. J'enregistre ta demande, Phil, mais je ne suis pas très sûre que les univers parallèles existent! Qui sait?

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  2. Mélou est bien la professeure de piano d'Ophélie? Ophélie avait dix huit ans lors de leur première étreinte? Je croyais qu'elle était plus jeune. Odilon n'est pas entré dans un trio : c'est curieux! Euh, cela m'est arrivé avec une amie : nous étions deux pour un seul homme, et je crois le lui avoir piqué!

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    1. Oui, Elisabeth, Mélou était bien la prof de piano d'Ophélie. Je pense qu'elle devait avoir environ 18 ans quand elles ont eu leur liaison. Odilon, n'a pas constitué un trio avec elles, mais est devenu, pendant un temps l'amant d'Ophélie, ce qui, évidemment, a créé une brouille définitive entre Ophélie et Mélou quand cette dernière a découvert cette liaison. Ça n'a donc pas tourné comme pour toi! Je t'embrasse;

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    2. C'est dommage que la relation avec Mélou n'ait pu se poursuivre parce que je sens leur complicité dans ce début de liaison. Ophélie décrit Odilon comme cultivé mais très timide. Je crois que par la suite, Ophélie a vécu tous les trios possibles... Je t'embrasse.

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    3. Sans doute as-tu raison en ce qui concerne la complicité d'Ophélie et Mélou. Ophélie a toujours regretté cette brouille entre elles deux, d'autant que sa liaison avec Odilon a été de très courte durée. Elle m'a toujours dit avoir fait une erreur d'avoir trahi Mélou qui lui en a beaucoup voulu.
      C'est vrai qu'ensuite elle a souvent contribué à créer des trios. Je t'embrasse.

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    4. Mélou, à l'inverse d'Odilon, n'était donc pas partageuse....

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  3. J'ai lu (savouré) ce livre. Et même si Ophélie avait goûté à un peu de saphisme à la Réunion avec Sylvie, je crois, c'est bien Mélou qui a déclenché en elle, son côté de lesbienne.
    Mélou avait déjà une vie particulière avec son ami, Odilon, pratiquant le candaulisme (il avait bien de la chance de partager son amie Mélou à une autre femme), et a été, je crois la première initiatrice d'Ophélie.
    Ça ne m'étonne pas que tu aies eu envie, Marianne, de te transporter dans le temps et de faire l'amour avec la professeure de piano.
    (Finalement, tu as presque fait l'amour avec toutes les amantes d'Ophélie).

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    1. Je ne pense pas qu'Odilon ait été un adepte du candaulisme. Il me semble que ce trio d'un soir n'était pas prémédité et qu'il ne s'est pas répété.

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    2. Il s'est quand même bien régalé, ce soir là, en bon spectateur, devant l'amour que se donnait ces deux femmes.
      Ce qui lui a donné l'envie d'avoir comme amante Ophélie, par la suite.
      Coquin d'Odilon. Aussi coquin que Malou et ...Ophélie.

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