Le caméléon ivre

Les poètes sont les musiciens du sens.

Ils jouent avec les mots

Comme on jouit avec sa peau des rayons de soleil.

Ils jouent avec les mots

Comme on écoute le chant des oiseaux,

Pour mieux visiter l'au-delà des mots.

Les poètes jouent avec les mots

Pour les faire éclore tout neufs dans l’oreille des veuves.

Ils jouent avec les mots

Comme on joue avec le temps,

Pour mieux regarder la mort faire son temps,

Avec son chevalet, son cartable et ses livres,

Et pour voir le caméléon ivre, 

Qui vole au-dessus des nuages

Et aussi en-dessous 

Et sait mieux que personne

Échapper aux soliloques des croquemorts. 


Ophélie Conan

"Le miroir des étoiles"




Commentaires

  1. J'aime beaucoup ce poème dont je sens tous les vers, et j'aime la fin sur le caméléon ivre. Las, les croque- morts savent non seulement soliloquer mais sont des commerçants profitant honteusement des émotions et des sentiments d'humains soudain désorientés. Il faut tout vérifier sur leurs catalogues, interdire les gadgets ( oreillers gonflables ). La mort est autre chose que cette comédie marchande qui n'est pas sans rapport avec l'analyse des liens entre cette pute de pub et le capitalisme.

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    1. Ophélie est d'accord, Elisabeth, et te remercie pour ce commentaire de son poème que j'aime également beaucoup.

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    2. Décidément, il est question de miroir là-aussi : je le relis dans le titre. Je crois que Lucifer a inversé avec imagination, peut-être comme le caméléon ivre autour de la mort : a-t-il volé le miroir qui servait jadis aux médecins comme preuve fantaisiste de la mort qui reste en soi un mystère et ceci me semble préférable. Si cela nous est possible, nous pouvons accompagner les agonisants. Ophélie l'a fait durant sa vie et a traversé un miroir mystérieux à sa manière. Tu vois le grand regret d'Augustine de ne pas avoir la force de prendre des notes pendant son agonie mouvementée... Nous saurons peut-être un jour. Je ne sais que ce qui se passe en frôlant la mort ( ceci m'est arrivé lors d'agressions ) mais mon coma récent fut plus étranges par cette réaction de vitalité qu'il a provoqué et divers flashs étonnants mais passionnants...

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    3. Oui, ce passage est très mystérieux.

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  2. J'ai toujours préféré la poésie des images à celle des mots.
    Le fait que tout le monde n'ait pas les mêmes goûts évite un monde uniforme et monotone.
    Belle soirée, Marianne.
    Je t'embrasse.

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    1. Tu as raison concernant la manière d'éviter la monotonie du monde, Phil. Néanmoins, il faut croire que, pour certain(e)s, les mots sont aussi des images.
      Merci pour ton passage et bonne soirée. Bise.

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  3. Je préfère les textes, poésies d'Ophélie, plus optimistes.
    De vivre l'Amour, le Sexe à l'instant "T".
    Je sais qu'elle se posait beaucoup de questions sur le vide d'après.
    Pour Elisabeth...bien sûr, le métier de croque-mort est devenu une source commerciale
    (Même les Grandes Surfaces de Merde s'y sont mises). Peut-être que la crise sanitaire actuelle, semble nous faire revenir à la proximité des petites boutiques. Il faut prendre le bon côté de cette guerre. Oups... J'y crois pas trop....Bref.
    Pourtant il en faut...des croque-morts, épiciers, charcutiers, bouchers, etc...comme avant.
    Je n'aime pas trop aborder le sens politique dans les blogs qui se veulent uniquement plaisir, sensualité, érovasion.
    Pardon, Marianne. J'ai un peu salopé l'érotisme.

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    1. Ophélie aimait le sexe et le plaisir entre femmes, mais bien entendu, on ne peut la réduire à ces dimensions. Elle avait aussi un cerveau qui, certes, n'a jamais fait d'elle une militante politique écrivant un blog engagé, mais lui permettait de philosopher par moments. Ce poème, par exemple, fait partie de la diversité d'Ophélie. Si je l'ai bien comprise, je crois qu'elle pensait que l'érotisme naissait précisément de cette diversité, et non de la répétition du sexe et du plaisir.

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    2. Pour Gem ( Phil? ), je n'ai pas encore vu de cercueils en grande surface : je trouverais cela épouvantable! J'ai des comptes à régler avec les croque-morts parce que j'ai eu à choisir un cercueil sur catalogue sans rien y connaitre!!! Ma mère m'avait dit " prends-lui du chêne : c'est ce qu'il a fait pour sa mère ". J'ai choisi avec candeur et lors de la mise en bière, mon oncle ne tenait pas dans son cercueil. Nous ne comprenions pas, et mon frère aîné a interrogé Les Pompes : " vous avez pris les mesures, non? " " Oui, mais c'est l'oreiller pour que vous pouviez le regarder plus longtemps " " Fermez : filons à L'Eglise " Pschitt??? L'oreiller s'est dégonflé et mon oncle est rentré dans la boite. Nous avons réussi à ne pas prendre un fou rire parce que ma mère n'était pas dans la pièce mais nos yeux étaient pétillants de rire! Mon frère m'a aidée à enlever les draps du lit " pour moi, vous ferez plus simple! " m'a-t-il dit en fou rire! J'ai filé à un entretien d'embauche tandis que les autres allaient à l'église! Chez Ophélie, l'érotisme pouvait jouer avec la mort comme une femme nue sous un manteau noir.

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    3. Oui, être nue sous un grand manteau noir, allie l'érotisme et la mort et donne plus de force et de pouvoir au sexe.

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    4. @Elisabeth.
      Après les boulangeries, l'optique, la parapharmacie, l'énergie...etc, et j'en passe, il existe aussi les pompes funèbres L....C, une célèbre enseigne: un rond bleu, avec un L, et un petit rond orange.

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    5. Pour Marianne, et il faut aussi être nue avec un manteau noir devant le monument aux morts.

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    6. Oui, le monument (en érection) aux morts (enfin raides!) est un plus!

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