J'aime le grand océan et ses filles de la pluie, et ses oiseaux qui piquent, et ses oiseaux qui tombent, j'aime aussi la grande forêt sombre aux desseins multiples où se noue l'éternelle complicité des amantes aux seins trépidants, j'aime enfin la ville, surtout la nuit, la ville aux plaisirs explosifs et sensuels, la ville aux plaisirs éphémères, la ville où j'aime déambuler, nue sous un manteau de métamorphoses, où je me sens devenir femme-fleur, objet de contemplation, femme-fruit, objet de dévoration, femme-statue, objet de dévotion. J'aime la ville qui est femme et sait faire de moi une affamée, dévoreuse de son image-amante. J'aime me perdre dans la ville pour m'y retrouver, j'aime y déambuler pour m'y perdre et m'y retrouver, j'aime y suivre jusqu'au matin le sillage parfumé d'une belle inconnue à la silhouette évanescente, dans les rues, dans les avenues, le dimanche, le lundi, aussi bien vers le nord que vers le midi.
La ville, j'y ressens combien est précaire la vie, combien sur la surface de la banalité de ses murs, de ses façades et de ses vitrines se trouve suspendu le merveilleux des muses. L'océan, la forêt, la ville avec ses gares où l'on s'égare sont les lieux de tous les possibles, où, en permanence, naissent des mystères inavouables, où, en permanence, se tissent des rencontres colorées, où, en permanence, se font et se défont des arabesques de pieds nus. En tous ces lieux, je suis femme-enfant, amante religieuse, je suis femme-fée, femme trêve qui sait respirer le temps et prendre garde à la douceur des choses, je suis femme initiatrice à l'heure où, sous les roses, l'ombre des seins devient violine et dangereuse. Ainsi je chasse comme un fauve parmi les lois du hasard, je vois ce qui se cache derrière les surfaces étales. La ville, immense océan de glace, est une forêt tumultueuse aux stupéfiantes coïncidences, pétrifiantes comme de belles locomotives.
Ophélie Conan
"Le hasard des rues" est un texte publié le 12 janvier 2010 dans "Conan la barbare I", puis dans "Le bic et la bombe" (Amazon Kindle).
Les illustrations 1, 2, 4, 5, 6, 7, 8, 10, 11, 13, 14, 15, 17, 19, 20, 21, 23, 24, 26, 27, 28, 30, 32, 33, 34, 36, sont des tableaux de Leonor Fini (1907-1996), peintre française d'origine italienne, née en Argentine, et fortement inspirée par un univers onirique puissant et surréaliste dans lequel les femmes sont omniprésentes.
J'aime aussi beaucoup les autres images (c'est pour ça que je les ai choisies), en particulier, les 9, 16, 18 et 22.
Oui, la photo 9 est superbe. Sa sœur côté face, la 12, est tout aussi belle.
RépondreSupprimerC'est vrai qu'il y a de la vie et des beautés furtives dans les rues des villes...
Bise.
Tu as raison d'associer 9 et 12 comme pile et face qui sont deux images très belles qui font du bien. J'aime aussi beaucoup le texte d'Ophélie.
SupprimerIl me faudra regarder, à nouveau, chacune des illustrations tant elles sont riches en symboles. J'aime cette atmosphère mystérieuse de ville où j'ai l'impression qu'Ophélie marche nue sous un manteau prête à la rencontre...
RépondreSupprimerJe ne suis certainement pas objective. Amoureuse d'Ophélie, je reste amoureuse de ses textes.
SupprimerJ'aime bien qu'Ophélie donne avec cette simple phrase. C'est très sensuel, de suivre une inconnue. Elle a dû fantasmer sur elles, peut-être même aller plus loin avec certaines, qu'elle aurait draguée...
RépondreSupprimerOphélie aimait la ville, et pourtant, elle a aimé aussi la campagne et l'Océan comme elle dit au début du texte.
J'aime la photo 3 (brune, blonde, fines dentelles, le blanc, le noir), la 18 (interraciale).
La photo 3 n'est pas très poétique, ni porteuse d'une expression exceptionnelle, mais je l'aime aussi beaucoup, car elle est très rassurante et charmante avec les oppositions que tu signales.
SupprimerOui, dans certains de ses textes, on trouve des fantasmes d'Ophélie sur certaines inconnues qu'elle voyait régulièrement dans la rue...
Le début du commentaire était pour la phrase : "j'aime y suivre jusqu'au matin le sillage parfumé d'une belle inconnue à la silhouette évanescente,".
SupprimerJ'ai encore dû faire une fausse manip.
Sans doute... Ce n'est pas grave!
SupprimerMoi j'adore la 12. Elle s'est rasée délicatement la teucha, comme le dit une amie. C'est le dessinateur Aslan qui s'en abimé la vue à force de dessiner des poils pubiens
RépondreSupprimerOui, la 12 est magnifique.
SupprimerJe ne savais pas qu'Aslan s'était abîmé la vue en dessinant les poils pubiens! Le pauvre!
Léonor Fini! Lorsque j'ai vu et lu son nom, je suis allé voir à la lettre "V", comme Valadon, Suzanne Valadon, qui permit à la peinture féminine d'apparaitre et d'exister, notamment pour des artistes comme Léonor Fini... Par ce fait, tout d'abord de son talent (je parle là, de S. Valadon), mais surtout par le fait d'une autre femme qui était également la galeriste qui a fait connaitre Picasso, Matisse, Modigliani, etc.:Berthe Weil. En effet de ce temps les femmes ne disposaient d'aucun droit d'exercer ce métier de peintre sans l'aval d'un mari, d'un homme (jusqu'en 1965 quand même!). Ces femmes là, Suzanne Valabon, Berthe Weil ont repoussé ce diktat en s'imposant au sein du milieu artistique exclusivement masculin et particulièrement macho, notamment avec l'arrivée du mouvement surréaliste..., dans lequel a ainsui pu s'insérer Léonor Fini (qui enfant fut déguisée en garçon pour fuir son père) et y faire s'épanouir son talent...
RépondreSupprimerIci extraits de l'exposition de l'été dernier au Monastère Royal de L'Abbaye de Brou (01) https://photos.app.goo.gl/gRMTCBJM3uuTWGdY6
Oui, il fallait être une femme rebelle pour faire de la peinture. C'est incroyable!
SupprimerOu bien homosexuelle et donc marginalisée de fait hors du champ de la soumission à un mec. Ensuite beaucoup de ces artistes femmes vivaient de leur art par le fait de leur situation conjugale: Niki de Saint Phalle et Tinguely, Camille Claudel et Auguste Rodin, Frida Kahlo et Diégo Rivera, Gala et Salvador Dali, etc., etc.
SupprimerMais à ce sujet je t'invite et je vous invite à écouter un podcast-émission à propos du sexisme en art, par l'exemple de Picasso!
Une caricature vivante du patriarcat, du sexisme, de la violence masculine sous tous ses angles par cet exemple à vomir le masculinisme et cette société liberticide par essence du fait de l'organisation sociale actuelle et passée, par ses fondements même...: https://www.venuslepodcast.com/episodes/picasso%2C-s%C3%A9parer-l'homme-de-l'artiste
Cette page s'est à nouveau affiché dans un des onglets et par le fait des photos et des oeuvres alternées, je suis redescendu lire le texte…, Le Désir s'est invité et quels Délices de relire ainsi par l'émotion du Corps et de l'Âme de cette trame de texte dans lequel une Femme apparaît! Et prend Vie, et Donne la Vie…
SupprimerMerci Henri pour ce lien concernant Picasso. Ce qui raconté n'est pas nouveau, mais confirme une opinion que j'avais déjà sur l'homme Picasso.
SupprimerCertes, Et au-delà d'un immense pervers, qui a tout construit sur cette image du Dieu Unique tel qu'il se considérait avec sincérité et honnêteté (en plus du clafoutis-comme aurait dit Coluche), tellement il était illuminé, au-delà de cet immense délire d'un seul type, que de créativité a été détruite, plurielle, singulière, différente, diverse, multiple, féminine, Sauvage, pure... Il aura préféré être prédateur, vampire, destructeur, à l'image de tous ces types qui ont conçu ce Monde, cette Société et qui l'entretiennent soigneusement… Disons que oui, lui, c'est un concentré sans rien de nouveau, effectivement… Et il est une caricature idéale, pour envisager de commencer à déconstruire, chacun et chacune pour soi, et avec les autres… J'ai fait un Songe, une de ces dernières nuits, je vais prochainement le transcrire pour le publier…, il y a beaucoup de ce Monde comme nous l'aimons, par la Vie, par l'Union et l'Unification, la Paix et l'Amour, les éléments, l'Histoire,
SupprimerJ'allais oublié de donner mon ressnti et de l'exprimer relativement au texte!!!
RépondreSupprimerUn texte dans lequel j'ai tellement reconnu Lilith, une Lilith de maintenant et d'ici et qui se décrit et vit sa réalité ainsi..: "femme initiatrice (...) et dangereuse(...)", qui "chasse comme un fauve" mais encore :(...) métamorphoses(...) dévoration(...) ou encore.... : "une affamée, dévoreuse (...)me perdre,(...) m'y retrouver, (...) y déambuler (...)m'y perdre(...)m'y retrouver, (...) y suivre(...) !!!
Quel écho que ce texte totalement synchrone à ce que l'on lit dans le "Lilith" d'A. Reyes!!! Fascinant!
Bien vu, Henri!
SupprimerCe texte résume tout l'univers qu'était celui d'Ophélie,
RépondreSupprimeret le vôtre maintenant, puisqu'elle vous a transmit ce plaisir.
Au fait, chassez-vous aussi dans les rues ?
Je serais curieux (je sais, c'est un vilain défaut) de connaître vos dragues.
Tu aimes beaucoup les artistes peintres , Marianne, et merci de nous les faire découvrir.
Pour les images, j'adore la 16 bien sûr (et ce téton !!!), la 18 (nostalgie des belles américaines ?),
la 22, bien évidemment.
Le but des sorties nocturnes n'est pas la drague, mais bien plutôt de se découvrir (au sens propre) et de se donner en spectacle à nous-mêmes, dans la ville pas encore vraiment endormie, et dans les endroits très tranquilles, de se faire jouir, quitte à poster l'une ou l'autre comme vigile...
SupprimerJ'ai aussi les gifs que as choisis.
Je sais que ce n'est pas le but principal, Marianne.
SupprimerMais, je sais aussi, qu'Ophélie parlait souvent d'être séduite par une silhouette féminine, lors de ses sorties nocturnes...rien que dans ce texte, et bien d'autres....
Tu as raison, elle aurait voulu faire nuitamment la rencontre d'une belle inconnue comme elle, également nue sous un manteau, avec laquelle elle aurait fait l'amour. C'était chez elle un fantasme qui ne s'est jamais réalisé. En revanche, elle et moi avons souvent simulé cette rencontre improbable!
SupprimerEt tu as dû jouer le rôle à la perfection, et je ne pense pas que tu aies simulé longtemps.
SupprimerJe ferai attention maintenant, des femmes qui se promènent la nuit, avec un long manteau sur les épaules. Juste pour mes yeux.
Oui, c'est une bonne idée!
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