Bien sûr, je ne raconte pas tout. D'ailleurs, je n'en ai pas toujours le temps. Il faut bien vivre. Profiter des petits instants magiques de la vie, d'un sourire, d'une caresse, d'une biscotte recouverte de miel, d'un bon pain d'épices fait maison qu'on dévore le matin en se picorant des baisers. Et puis, je n'aime guère me répéter. Se répéter c'est radoter, ça finit par être lassant. C'est un signe de vieillesse. Je préfère dire ce qui est nouveau, ce qui m'émeut, ce qui me fait vraiment frémir, ce qui me fait défaillir, ce qui me fait m'ébahir.
A P., le temps s'écoule agréablement malgré la mort avec laquelle je converse bien souvent. Mais c'est une habitude, je n'y fais plus guère attention.
Nous nous entendons bien, Rose, Marianne et moi. Ce soir encore, Rose avait envie que nous jouions au jeu des soumises. Son désir était de nous ligoter nues sur les deux gros fauteuils rustiques très solides qu'elle a récemment achetés dans une brocante de Quimper. Là-dessus, les cuisses attachées sur les accotoirs, dans l'impossibilité absolue de remuer, nous aurions été obligées de subir, comme d'habitude, ses sévices, entre parenthèses, souvent fort agréables. J'ai plutôt proposé d'aller admirer le coucher du soleil, cul nu dans les dunes. Pour une fois, notre Rose était d'accord. Faut dire, et je l'ai déjà dit, Rose n'aime pas trop les sorties exhib impromptues. Elle a besoin de s'y préparer.
Toutes les trois, nous nous sommes donc rendues sur la côte, du côté de Plovan. Sur la mer, le ciel était dégagé et le disque solaire, magnifique, rayonnait, solitaire, un peu pâle, pas très haut au-dessus du vaste et calme océan. C'était beau, c'était généreux. Il n'y avait personne, pas âme qui vive en ce lieu inhabité. Juste les mouettes. Pas d'autres voitures que la mienne garée sur le petit parking.
Nous sommes restées muettes pendant de longues minutes devant cette splendeur. Puis, sans rien dire, je suis sortie de l'habitacle et ai retiré mon jean et ma petite culotte. J'ai marché jusqu'en haut de la plage, fesses à l'air. Là, je me suis retournée et j'ai vu Marianne qui me rejoignait, dans la même tenue, avec seulement son pull.
Donner un sens à sa vie, c'est vivre l'aventure, c'est retrouver l'émerveillement de l'enfance, c'est sortir des conventions et des banalités du monde des adultes, c'est certainement connaître l'amour. Mais l'amour, c'est quoi? Sans doute une chose dangereuse, comme l'aventure. Une sorte d'expérience mystique qui nous donne l'impression de connaître l'être aimé depuis toujours, depuis bien avant notre naissance. Il n'est donc pas connu, mais reconnu. Je regardais mon aimée, ma belle Marianne. Elle s'approcha de moi, me tendit ses mains. Je t'aime a-t-elle hurlé.
C'est une impression forte et vertigineuse, celle d'être prisonnière d'un sort, d'un destin écrit à son insu. Quand j'ai senti ses mains dans les miennes, Marianne s'est jetée dans mes bras. Nous nous sommes embrassées à perdre haleine et avons marché cul nu vers l'océan. L'amour n'est pas un choix, mais une sublime prison temporelle, éternelle, aux limites infinies, dont on ne rompt les barreaux que par la mort. L'histoire d'amour, on le sait, ne finit pas bien. Le ciel s'est empourpré.
Le soleil a continué sa patiente et inébranlable descente, donnant l'illusion d'entrer lentement dans les entrailles de l'océan. Nous nous sommes assises sur le sable mouillé, et là, continuant de nous embrasser, avons joué avec nos clitos.
L'amour commence généralement par un coup de foudre. Quand j'ai rencontré Marianne lors d'un mariage en Mayenne, le 28 juin 2010, quand je lui ai fait l'amour, pour la première fois, sous un pommier, j'ai connu le sentiment étrange que je l'aimais depuis toujours, sans l'avoir jamais vue, sans la connaître. L'amour est une évidence, un au-delà du temps, un au-delà du réel, un au-delà de la vie et de la mort, un au-delà de la réflexion et de la raison. Cet amour-là, on en parle peu, sans doute parce qu'il rend fou.
Quand nous sommes retournées sur le parking, Rose était toujours dans la voiture. Elle se masturbait en nous attendant. Une autre voiture sans occupants était stationnée à une dizaine de mètres. Nous avons regardé notre Rose achever de se donner du plaisir. Puis elle a souri et nous a demandé si nous avions vu les gens de la voiture. Nous lui avons répondu que non. Ça l'a un peu étonnée. L'amour n'est pas clean, ai-je pensé, on peut en mourir ou devenir folle.
Ophélie Conan
Cet article d'Ophélie a été publié le 19 février 2013 dans son blog "Conan la barbare I", et réédité sur Amazon Kindle dans l'ebook intitulé "Un papillon qui fait de l'effet"
Pour le choix des illustrations qui est de moi, j'ai utilisé certains tableaux de Paul Gustav Fischer (1860-1934), peintre danois que j'aime beaucoup pour ses jolies et intrépides baigneuses nues sur des plages. Il s'agit des illustrations 1, 2, 3, 7, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 23, 24, 25, 27, 28, 29, 30, 32, 40.
J'ai relu ce texte d'Ophélie et j'ai réalisé combien elle y disait de merveilleuses vérités sur l'essence de l'amour. En la relisant, j'ai également retrouvé des impressions, des images, des vibrations que j'avais souvent vécues en sa présence, sur les plages, près de la mer, dans des instants comme celui qu'elle décrit.
Je me souviens fort bien de cette sortie au soleil couchant, avec Rose qui était restée à se masturber dans la voiture d'Ophélie. Oui, c'est vrai, nous avions pris quelques risques toutes les deux, en sortant sans culotte sur cette plage déserte. Mais nous n'étions pas vraiment seules, puisqu'une voiture était venue se garer pendant qu'Ophélie et moi avions marché vers la mer.
À notre retour sur le parking, de l'extérieur et à travers les vitres de la voiture, nous avions regardé avec délectation notre jolie Rose se donner du plaisir, et tout naturellement nous nous étions masturbées individuellement jusqu'à nous donner en même temps de merveilleux orgasmes. Mais mon plaisir, je l'avoue, avait été quelque peu perturbé par la crainte que j'avais de voir se rappliquer l'occupant, l'occupante ou les occupants de cette voiture garée juste à côté. En fait, on ne vit rien. Personne ne revint, et cela m'intrigua beaucoup. Il n'y avait personne, ni sur la plage ni dans les dunes. Je précise que ce parking n'était pas bitumé, c'était simplement une aire empierrée dans le sable, derrière les dunes, entourée d'un assez haut talus, de laquelle on ne pouvait voir la mer.
Je ne sais pourquoi, j'aurais voulu savoir qui étai(en)t l'occupant ou l'occupante, ou les occupants de cette voiture. Rose, trop intéressée à caresser sa chatte et ses petits seins en notre absence, n'avait rien remarqué. L'auto était une Toyota Yaris, dont j'ai oublié la couleur. Je ne sais pourquoi je me suis posé cette question. Le long de la route du retour, Ophélie m'avait dit que ça ne présentait pas vraiment d'intérêt de savoir. Puis, elle m'avait déclaré, en arrivant à la maison, à la nuit tombante, que l'auto était immatriculée 78 (les Yvelines) et qu'elle provenait sans doute de Mantes-la-Jolie, parce que, sur le siège arrière, en s'approchant, elle y avait aperçu une reproduction d'un tableau de Camille Corot représentant la Collégiale Notre-Dame de Mantes. Ça ne me paraissait pas vraiment une preuve, mais bon... Rose plaisanta en me disant que l'auto devait appartenir tout simplement à une mante religieuse ou à de jolis fantômes.
Néanmoins, en raison de mon insistance excessive, Rose considéra que je devais être punie. Après le repas, elle m'attacha les mains derrière le dos, et m'obligea à rester ainsi durant toute la soirée, les cuisses écartées sur les bras d'un fauteuil, au beau milieu du salon, avec un gode qu'elle planta dans mon vagin et remuait de temps à autre, en même temps qu'elle me présentait son clito dur et proéminent à lécher. Complice d'elle, ma chère et tendre Ophélie venait aussi me dire que je n'avais que ce que je méritais. Elle me demandait, à chaque fois, de lui faire la même chose que ce que je faisais à Rose avec ma langue. Son clito était aussi très très dur et bien proéminent.
Ooh, Ophélie, mon amour, comme je t'aime...
J'aime bien cet aspect mystérieux de l'amour qui existait déjà avant la rencontre, transcendant le temps, même si Ophélie nargue un peu Dame Mort en l'envoyant promener car on ne peut indéfiniment converser avec elle. Sommes-nous nées aimantées? Peut-être. Une loi d'attraction qu'Ophélie étudia peut-être en physique... J'aime bien le choix des tableaux et le chant des couleurs dans une tonalité plutôt impressionniste. L'automobile immatriculée 78 est cocasse mais j'aurais été inquiète comme toi, Marianne. Oui, c'est merveilleux de se promener ainsi nues au bord de l'océan! J'ai ri en pensant que Rose avait du sens pratique pour choisir des fauteuils solides pour y attacher ses amantes : faire craquer le fauteuil ne serait pas très convenable ( un peu de rire avec l'art d'imaginer la scène du fauteuil qui s'effondre ).
RépondreSupprimerLes fauteuils en question ne sont pas des fauteuils du XVIIIème estampillés Jacob... On peut les malmener un peu...
SupprimerJe ne sais pas "inquiète" est le mot, mais grandement étonnée de ne trouver aucune trace des occupants de cette voiture!
L'absence des occupants de la voiture pimente la scène! Pour les fauteuils, j'imagine. J'ai eu la mauvaise idée de récupérer des chaises dans la rue ( il y a une école à côté ) et elles ne sont pas très solides. J'avais une amie qui récupérait des meubles dans la rue mais c'est un plan pourri : ils sont foutus, en général!
SupprimerOui ce sont des fauteuils genre "fauteuils anglais", confortables et solides, il n'y a pas de crainte. Mais pour l'absence des occupants de la voiture... ça reste un mystère...
SupprimerMême moi qui n'était (malheureusement) pas présent, je ressens le merveilleux de ce souvenir. On croirait un flirt d'été entre deux adolescentes en vacances en bord de mer, une douce folie qui laisse des étoiles plein les yeux.
RépondreSupprimerPeut-être que les occupants de la Toyota étaient aussi culs nus dans les dunes, occupés à se donner du plaisir. Il s'en passe, des choses dans les dunes...
J'aime beaucoup les tableaux de Paul Gustav Fischer. Ils dégagent un érotisme "innocent". Je ne sais pas comment dire.
Si lécher des clitos durs est une punition, j'avoue avoir commis beaucoup, mais alors beaucoup de bêtises !
Belle hypothèse concernant les occupants de la Toyota... Tu as peut-être raison, mais ils étaient bien cachés, car ils n'étaient pas visibles et n'avaient certainement pas eu le temps d'aller très loin.
SupprimerOui, "érotisme innocent" convient bien aux tableaux de Fischer.
Lécher de durs clitos n'est évidemment pas toujours une punition, cher Phil, je suis d'accord, mais là, c'était le cas. Il y a pire, je te l'accorde!
All the entries of your blog are interesting and exciting, but this one is sublime! I wish you a new year of happiness in the memory of the divine Ophelie.
RépondreSupprimerThank You very much...
RépondreSupprimerI wish you all the best for 2021!
Toujours de belles réflexions qu'avait Ophélie sur l'Amour.
RépondreSupprimerAussi des incertitudes, mais des faits et des effets bien réels.
Mais l'Amour n'est-il pas le fruit d'une rencontre à un Instant "T" ?
La Toyota n'était pas la mienne. Dommage.
Peut-être celle d'un peintre ?
Les illustrations, bien choisies, sont très sensuelles,
mais elles me font encore grelotter en cette période.
Attendons, encore un peu, avant de redécouvrir de jolies dames,
sur les dunes, au bord de l'eau.
(j'avais déjà lu ces lignes, mais, je ne m'en lasse pas)
Oui, c'était peut-être la Toyota d'un peintre comme Gustav Fischer, mais il était bien caché! J'ai longtemps pensé que l'occupant de la voiture avait pu se dissimuler dans un trou, dans les dunes, pour mieux nous mater.
Supprimerj'aime bien les distributeurs de savon de la 5
RépondreSupprimerOui, ils sont super! hi! hi!
SupprimerC'est du propre.
SupprimerIl faut ce qu'il faut!
Supprimer