Un dimanche angélique


Dimanche dernier, il a fait une superbe journée de printemps, avec un ciel infiniment bleu, sans nuages et sans vent. Le matin même, j'avais reçu de bonnes nouvelles d'une Marianne espiègle. J'étais heureuse.


Comme prévu, je me suis rendue chez ma tante Angèle pour déjeuner et, ensemble, après le repas, nous sommes allées à Plonéour-Lanvern rendre visite à Léa, une de ses vieilles amies d'enfance qui, hélas, ne peut plus guère se déplacer autrement qu'en fauteuil roulant. Ensuite, sur le coup de seize heures, après le thé et les petits gâteaux, quand nous avons pris congé de Léa, j'ai proposé à Angèle de l'emmener du côté du Méjou et de la chapelle de Tronoën. Elle en avait très envie, car cela faisait plus de dix ans qu'elle n'y était pas retournée. En chemin, à plusieurs reprises, nous nous sommes arrêtées admirer les vastes champs de tulipes et de jacinthes en fleurs, créés par des Hollandais, dans les années soixante. C'est le moment de la floraison, et c'est toujours étonnant de voir ces champs très colorés. Il y avait aussi une expo-vente de bulbes chez Kaandorp. J'en ai achetés de toutes sortes: des jacinthes, des iris, des arums, des agapanthes, des hémérocalles, des cyclamens, des crocus, des dahlias, des amaryllis... Que sais-je? Une vraie folie. Angèle ne cessait de me demander où j'allais planter tout ce petit monde…


Puis nous avons poussé jusqu'à la pointe de la Torche, pas très loin. Il n'y avait aucun vent, absolument aucun, ce qui est très rare. Jamais je n'avais vu la mer aussi lisse tout autour de la pointe. Il faisait doux, presque chaud. Avec ma vieille tatie, nous avons fait tout le tour. Elle a marché comme une jeune fille de vingt ans, sans être essoufflée. Comme d'habitude, sur le bord du chemin, il y avait des cairns. Je me suis amusée à en restaurer quelques-uns et à en construire de nouveaux.


Vers dix-neuf heures, j'ai invité Angèle au "Rayon vert" où nous avons dîné d'une copieuse assiette de moules-frites. Ce restaurant me fait penser à un roman de Jules Verne que j'ai lu dans mon enfance et dont je garde un merveilleux souvenir. Je ne sais si, au coucher du soleil, de la pointe de la Torche, on peut apercevoir le fameux rayon vert. En tout cas, ma tante était ravie de sa journée et riait comme une petite fille. Quand je l'ai raccompagnée chez elle, elle m'a beaucoup remerciée et embrassée. Je vous le dis à vous, mais j'aime beaucoup ma tante Angèle, et j'espère qu'elle va vivre encore très longtemps.


Ophélie Conan


Ce texte a été publié le 3 avril 2012, dans "Conan la barbare I", blog aujourd'hui disparu. On peut le retrouver dans "Excentrique", publié en Kindle chez Amazon.


Ophélie avait beaucoup d'affection pour sa tante maternelle, et c'était réciproque. Moi, je connaissais Angèle depuis huit ans, et je l'aimais aussi beaucoup. Avec les filles, cet été, pendant la période du déconfinement, nous lui rendions régulièrement visite. Nous lui apportions des vivres, des bouteilles d'eau, et l'aidions à remettre de l'ordre ici et là dans sa maison, comme le faisait Ophélie. Angèle nous recevait toujours avec le sourire et, très souvent, nous préparait des "krampouezh" délicieuses. 

Commentaires

  1. Je ne sais pas si mon commentaire sera visible, le précédent venant de disparaitre. Merci pour ce texte d'Ophélie si chaleureux où sa relation avec Angèle transparait dans la joie. Je connais La Pointe de La Torche où nous allions, enfants, les jours de mauvais temps, ma mère aimant les impressions fortes mais nous recommandant de ne pas trop avancer dans les rochers. Tu étais aussi très proche d'Angèle, Marianne. Elle revit dans ce texte et je l'embrasse ainsi que vous toutes.

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    1. Si si, ton commentaire est bien visible, Elisabeth.
      Je n'ai pas résisté à publier de nouveau ce texte qui rend hommage à Angèle et à la Pointe de la Torche où Ophélie aimait aussi beaucoup aller et m'emmener. Je vois que ce lieu te rappelle aussi des souvenirs d'enfance.
      La défunte et les vivantes te remercient pour ton baiser, et te baisent en retour.

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  2. Ces moments de petits bonheurs sont si précieux...
    Je les imagine se promenant et riant sur la Pointe de la Torche.
    Je me permets d'ajouter le paysage et les vues dont elles ont profité pour illustrer ses écrits :
    https://filimages.com/2016/08/15/finistere-sud/
    Car pour moi aussi, c'est un beau souvenir.
    Bise et bonne nuit, Marianne.

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    1. Merci, Phil, pour ces images qui rendent bien compte de la beauté de ces lieux. J'y ai aussi de beaux souvenirs avec Ophélie, et maintenant avec Honorine et Gaëlle.
      J'ai passé une bonne nuit. Bise.

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