À la messe avec ma tante Angèle

 


 Aujourd'hui dimanche, j'ai accompagné ma tante Angèle à la messe de onze heures. Je l'ai fait pour lui faire plaisir, car Dieu n'est pas ma tasse de thé. Sur le chemin du retour, Angèle m'a parlé des curés d'autrefois, quand, enfant, elle allait au catéchisme et quand, plus tard, elle se rendait à confesse. "La confession, tu sais Ophélie, elle se pratiquait encore beaucoup à cette époque, qu'elle m'a dit Angèle, mais maintenant plus personne n'y va plus. D'abord, y a presque plus de curés dans nos villages!"  


 Pendant le repas (nous avons déjeuné ensemble), Angèle m'a parlé de la vie dans l'ancien temps dans son village, des commerces, des petits métiers. Puis de Melaine, ma mère qui est sa sœur, née à Pouldreuzic comme elle, et de Soizic, son autre sœur, ma seconde tante, qui habite à Lorient et que je ne connais même pas, puisque cette fille s'est fâchée avec toute sa famille bien avant ma naissance.


 Au sujet des petits métiers, Angèle m'a raconté qu'au village, il y avait une dame Marguerite qui fabriquaient des "roulées" ou des "cousues" comme on disait alors. C'étaient des cigarettes toutes prêtes. Acheter un paquet de cigarettes était un luxe que beaucoup de fumeurs ne pouvaient s'offrir, donc beaucoup roulaient eux-mêmes leurs cigarettes. Marguerite qui était la femme d'un journalier de Plovan s'était taillé une belle clientèle d'habitués qui lui achetaient des "cousues" qu'elle fabriquait avec une ingénieuse machine qui tenait dans une boite recouverte d'un superbe bois précieux. Mais m'a dit Angèle avec un regard plein de malice, "moi je sais que Marguerite ne vendait pas que des cigarettes..."


 Après le repas, je m'en suis retournée chez moi et durant tout l'après-midi, je me suis occupée avec soin de mon petit jardin. Le printemps s'annonce déjà et je le veux gai et bien taillé, débarrassé de sa mauvaise herbe. J'ai aussi envie d'y planter des rosiers.


Ophélie Conan


Ce texte d'Ophélie date du 20 février 2011. Elle vivait déjà à P., avec Rose, dans notre actuelle maison qu'Angèle lui avait trouvée. Elle me connaissait, mais je ne vivais pas encore à P. À cette époque, Ophélie accompagnait sa tante à la messe, presque tous les dimanches.


Ce texte, paru dans "Conan la barbare I", fait partie de "Sorcière bien-aimée", journal de son année 2011. Pour illustrer ce texte, j'ai utilisé un tableau de Clovis Trouille, "Le Confessionnal". Ophélie avait utilisé "Le confesseur", du même Clovis Trouille. 

Commentaires

  1. Je suis très touchée qu'Ophélie ait su s'adapter à la vie d'Angèle et à ses habitudes. Je ne sais si elle a entendu des sermons en breton ce qui m'est arrivé quand j'étais enfant. L'illustration est pittoresque mais les curés n'utilisent plus les confessionnaux. Jadis, il y avait un rituel qui a sauté au dernier concile, et c'est très compliqué! S'il reste encore des personnes pour désirant se confesser, je précise que le curé n'a pas le droit de poser de questions personnelles! Marguerite ne vendait pas que des roulées : c'est charmant, et j'aime qu'Ophélie cultive son jardin à la fin, mais j'ignorais qu'elle se tapait la messe dominicale!!! Je comprends très bien ce geste, ayant accompagné mon père aussi longtemps que possible pour lui. Je sens qu'Ophélie aimait beaucoup Angèle. La maison était près de chez elle : c'est génial.

    RépondreSupprimer
  2. À la fin, l'accompagnement d'Angèle à la messe devenait rare, d'autant plus qu'il n'y avait plus de messe et qu'il y avait moi à la maison!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu lui faisais la con fesse.

      J'adore visiter les églises bretonnes, surtout en bord de mer avec leur ex voto.
      Par chez moi, il y a une enceinte qui clos les églises vu que le cimetière y est collés. Il y a un passage pour les hommes et un autre pour les femmes avec deux marches, pour pouvoir passer avec leur robe. Pourquoi le mur ? Pour empêcher les animaux d'y entrer.
      J'adore la petite chapelle de Ploumanac'h, du Yaudet. J'en ai vu une très belle près de la Trinité.
      A la con fesse, je préfère les lit clos

      Supprimer
  3. Oui, Marianne, je comprends. Au fond, je ne sais pas ce que représentait la messe pour Angèle et c'est vrai qu'il n'y a plus de curé. Ophélie vivait une complicité avec Angèle et un immense amour avec toi.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je ne sais pas si c'était une vraie complicité, mais c'était une femme bonne, et surtout la seule personne qui restait parmi les ascendants de la famille!

      Supprimer
    2. En somme, Angèle était un peu sa mère. Romane me fait rire car les confessionnaux ont toujours fait fantasmer....

      Supprimer
    3. Oui, d'une certaine manière, Angèle était une mère pour Ophélie. Mais elles s'étaient vraiment bien connues sur le tard. Adolescente, Ophélie a vécu à Bordeaux, puis adulte, à Alençon et Paris, avant d'atterrir ici, en 2010, dans le pays Bigouden...
      Les confessionnaux font toujours fantasmer, c'est vrai... Ophélie et moi, les premières! La preuve: nous sommes souvent allées nous caresser dans ces endroits! C'est elle qui m'y entraînait, évidemment.

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Le monde d'Ophélie

Contrefaçon

Fin de soirée

Chic! Chic! Hourra!

Petites et grandes manœuvres

Sixtine

Petites collectionneuses

Jolies poupées

Nuages

Lilith