Une visite de Joséphine


Depuis la mort de Yann et d’Ophélie, nous ne voyons plus aussi fréquemment Joséphine, notre voisine. Pourquoi? Je ne sais pas. Joséphine est peut-être moins à l’aise avec moi, Gaëlle et Honorine, qu’avec Ophélie, Rose et moi. Peut-être craint-elle la présence des jeunes? Elle nous rend visite quand même, nous apporte régulièrement des œufs, parfois un poulet ou une pintade, mais ne reste guère, ne s'attarde pas comme par le passé, prétextant toujours d’avoir quelque chose à faire.

Hier, en fin d’après-midi, on sonne, je vais ouvrir. Une fois encore, Joséphine nous apporte une douzaine d’œufs fraichement pondus par ses poules. Elle est souriante et détendue, je veux la faire entrer dans la cuisine pour qu’elle puisse déposer ses œufs et que je la paie, mais elle remarque la branche cassée d’un prunier, dans le fond du jardin, et elle me dit qu’il faudrait la scier, qu’elle connaît un brave gars dans le bourg, un certain Jules, qui pourrait très bien faire ce travail. Elle est bavarde comme jamais, enchaîne sur la pandémie, le printemps et la météo. Je ne suis pas très couverte, je n’ai pas chaud. Je lui propose d’entrer dans la cuisine et de prendre un café, elle accepte l’invitation.

Elle est assise à la table, elle a posé sa boite à œufs sur la toile cirée et je m’occupe d’installer une capsule dans la machine à café. Je rajoute de l’eau dans la machine, quand soudain se fait entendre des râles de plaisir très faibles. Je comprends immédiatement, et j’appuie sur le démarrage de la machine, et la première tasse commence à se remplir couvrant presque le bruit des râles qui viennent du salon et deviennent de plus en plus forts. Je ne dis rien, mais quand je mets la seconde tasse sous la machine, les râles sont nettement audibles.

— Ce sont les Petites, dis-je, en apportant sa tasse à Joséphine, elles sont certainement en train de baiser ou de se branler! 

— Ah oui, dit Joséphine, imperturbable.

Je pense "inébranlable". Puis après un silence:`

— Tu n’aurais pas du sucre et une petite cuiller?

— Si, si, excuse-moi, Joséphine, je ne pensais plus que tu prenais du sucre dans ton café! Je dois être troublée…

— C’est pas grave, mais je préfère avec du sucre!

J’apporte la petite cuiller et le sucrier avec des pincettes anti-covid, tandis que la machine à café remplit ma tasse et que les râles continuent de s’amplifier.

— On dirait qu’elles jouissent! dit Joséphine. Elles jouissent fort, dis donc! Elles mettent la gomme!

— Je veux, dis-je, elles aiment ça, elles sont à côté, dans le salon, si tu veux les voir!

— Pas spécialement, laissons-les tranquilles, ces gamines, c’est de leur âge!

— Bah! Y a pas d’âge, Joséphine, y'a pas d'âge pour se faire du bien!

— T'as raison, Marianne, y a pas d’âge!

Avant de déposer ma tasse sur la table, je jette un œil dans le salon. Je vois qu’elles sont complètement à poil, qu'elles ont déplacé la table basse et qu’elles se sont enfourchées sur le tapis comme des lionnes.

— Ces petites salopes se font les ciseaux! dis-je à Joséphine, elles aiment ça, les ciseaux! Tu veux pas les mater?

Joséphine ne me répond pas et tourne rêveusement son café dans lequel elle a mis deux sucres. Je m’installe devant elle, scrute sa passivité, et commence à boire.

— C’est un peu chaud, dit-elle, soudain. 

— Quoi? Les ciseaux?

— Non, le café!

Je regarde ses yeux.

— Ça te choque? dis-je.

— Non, mais avoue que ce n’est pas banal, et que c'est un peu chaud... Les ciseaux... Je me sens peut-être un peu gênée... 

Nous restons silencieuses.


— Ce n’est pas la première fois que je m’impose chez vous au mauvais moment!


— Au mauvais moment? Mais ce n’est pas un mauvais moment, Joséphine, c’est un moment comme un autre! Pour moi, plutôt un bon!


— Bien sûr, bien sûr, mais... si je devais éviter ces moments-là, je ne viendrais pas très souvent!


— Mais tu ne viens pas très souvent!


— C'est que... souvent vous baisez. J'ai peur de vous déranger!


— Mais tu ne nous déranges pas!


— De chez moi, je vous entends avec votre machine, j’entends vos cris, vos gémissements, vos rires, ou quand vous êtes dans votre jardin ou dans votre bûcher, quand vous êtes attachées et que vous vous fouettez! Je dois dire que c'est moins souvent que du temps de Rose et d'Ophélie, le fouet ou les fessées!


— Tu n’aimes pas?


— Si si, j’aime, c’est même agréable de vous avoir comme voisines et de vous entendre! Mais je ne veux pas vous déranger.


Nous restons encore silencieuses à écouter les râles de plaisir de Gaëlle et d’Honorine. Nous vidons lentement nos tasses.


— Viens, dis-je à Joséphine, allons les voir!


— Je n’ose pas!


— Allons, Joséphine, ne fais pas ta timide!


Je la prends par la taille et l’entraîne dans le salon. Honorine et Gaëlle, sans surprise, nous regardent en souriant et nous les regardons qui se trémoussent l’une contre l’autre.


— Bonjour Joséphine! disent-elles en chœur, tu vas bien?


— Bonjour les filles! Oui, je vais bien. Un peu mal dans le dos! Et vous?


— Nous ça va! dit Honorine.


— Ça va, répète en écho Gaëlle.


J’entraîne Joséphine à s’approcher. Elles sont luisantes de cyprine dans l'entrejambes.


— Elles sont belles, elles sont souples, me dit Joséphine que je vois sourire à nouveau.


— Oui, magnifiques, surtout quand elles se baisent de cette manière, regarde leurs seins qui tressautent, toute cette belle mouille qui s'écoule! C’est beau, n'est-ce pas? Tu as déjà baisé comme ça, Joséphine?


— Jamais… Je n’ai jamais fait l’amour avec une femme.


— Tu n'en as pas envie?


— Je suis trop vieille, Marianne! Et puis... Je ne suis pas lesbienne, j'ai eu Yann dans ma vie...


— Tu n’es pas trop vieille, Joséphine, et peut-être, es-tu une lesbienne qui s'ignore! Tu es encore bien foutue, tu sais, en bonne santé, et je suis sûre que tu en as envie...


— Non, non... Non! Je suis trop vieille! Bien trop vieille, j'approche de mes 76 ans, et je ne suis plus bien foutue du tout, j'ai les nichons qui tombent et j'ai du bide! Et je ne peux plus remuer du cul comme ça! Regarde-les! Je suis un vrai désastre! Pourtant, j'étais une jolie fille quand j'ai connu Yann!


— Je suis sûre que c'est pas vrai que tu as du bide et les nichons qui tombent, dit Honorine.


— Et aussi que tu ne peux plus remuer du cul! dit Gaëlle.


— Montre-nous! dit Honorine, on veut des preuves!


— Les filles! m'exclamai-je, ça suffit!


Je m'accroupis et je touche tour à tour leurs quatre seins qui s'offrent, invite Joséphine à en faire autant. Mais elle ne fait rien, se relève et dit:


— Peut-être que je vous montrerai un jour, pour l'instant je vais réfléchir! J'ai encore du taf. Cette après-midi j'ai dégivré mon congélateur et rangé mon placard de cuisine, et maintenant, je vais préparer des crampouzes! Vous en voulez? Je vais vous en faire pour ce soir, les filles! A tout à l'heure! 

Commentaires

  1. J'aime beaucoup ton anecdote qui m'a bien fait sourire, Marianne. Vous êtes les meilleures voisines du monde et Joséphine a bien de la chance.
    Décidément, vous êtes très peu pudiques, même quand vous avez de la visite. Mais j'imagine que s'il s'agissait d'une autre personne, vous auriez arrêté toutes activités saphiques jusqu'à son départ...

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    1. J'avoue avoir été dépassée par les filles, ce jour-là. Je ne savais pas où elles étaient ni ce qu'elles faisaient. Oui, elles ont bien compris que j'étais en compagnie de Joséphine, et elles ne se seraient certainement pas comportées de cette manière si ç'avait été une autre personne... Nous savons depuis longtemps que Joséphine sait que nous sommes lesbiennes, donc il n' a plus de mystère à ce sujet. Et puis... il a plus d'un an, Ophélie m'a rapporté des confidences de Joséphine qui témoigneraient de désirs saphiques de sa part... Je me demande si Honorine et Gaëlle n'ont pas voulu la provoquer! Moi aussi, d'ailleurs, en incitant Joséphine à se rendre sur le lieu du plaisir... Mais, ce qui est drôle, c'est que nous n'avions rien prémédité!

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    2. Attention tout-de-même. A son âge, le cœur est peut-être fragile...

      Finalement, je suis comme Joséphine. Je sais que vous êtes lesbiennes. Vous savez que je le sais. Confidence pour confidence, je vous avoue que j'aime les filles. Donc si tu m'invites pour prendre un café, je suis volontaire pour être provoqué. :)

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    3. Pour Joséphine, certes... mais le cœur est toujours fragile chez les femmes...
      Va-t-elle oser Joséphine?
      Pour le reste, ça me fait penser au syllogisme de Ionesco: "Tous les chats sont mortels. Socrate est mortel. Donc Socrate est un chat." Néanmoins, j'aime bien ton humour, Phil.
      Bon dimanche et bise.

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    4. Toutes les lesbiennes aiment les femmes. J'aime les femmes. Je suis donc une lesbienne.
      Merci de m'avoir ouvert les yeux... et des perspectives.
      Bise et bonne nuit, Marianne.

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  2. J'adore cette visite de Joséphine moins innocente qu'elle le prétend, par pudeur, peut-être. Elle peut avoir un très beau corps à soixante seize ans marqué pas sa vie comme l'est une bonne pomme ridée. Des seins en forme de poires s'offrant à téter, un ventre non totalement plat mais qui remplit la main d'une honnête femme : je lui sens un avenir!!!

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    1. Honorine, Gaëlle et moi avons tendance à penser comme toi, Elisabeth. Pour ce qui concerne l'anatomie de Joséphine, nous ne savons pas, mais elle est loin d'être désagréable à regarder. Il faut dire que son éternelle blouse ne l'avantage pas!

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    2. Il faudrait qu'elle tombe la blouse, et pourquoi pas avec l'air coquin de circonstance? Pour le coeur, il n'y a aucun risque : le viagra ne lui ferait aucun effet!!! " elles mettent la gomme " : que veut dire Joséphine? Ceci dit, selon ce que vous ferez, prévoyez des lubrifiants ( même l'huile d'olive peut se lécher ).

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    3. Je me suis renseignée pour "mettre la gomme", je ne connaissais pas. Cela viendrait de laisser de la gomme (du pneu) sur la route, mais également, on mettait de la gomme autrefois dans l'essence pour améliorer le rendement du moteur. Joséphine dit souvent cette expression!

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    4. Joséphine admirait donc leur rythme et leur cadence!

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    5. Très certainement, pour qu'elle use de cette expression!

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  3. C'est une très belle histoire. Comme tu dis, il n'y a pas d'âge pour faire l'amour.
    J'ai aimé votre dialogue avec en toile de fond, les gémissements des deux jeunes chipies.
    Vous êtes vraiment de très bonnes voisines, et Joséphine également, très tolérante, pour son âge et ce petit village qui ne doit pas être habitué à vivre tout ça, à l'origine.
    Joséphine n'ose pas, mais quelque chose me dit....

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    1. Nous sommes quand même très discrètes dans le village!
      Quant à Joséphine, nous verrons... Malgré son âge, elle n'était pas la dernière en mai 68 (d'après ses dires)!

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    2. Oh, je pense que vous êtes discrètes, Marianne.
      Mais dans un petit village breton, tout ce sait.
      Ça ne veut pas dire que l'on ne respecte pas.
      Fin 60, début 70, c'est vrai que l'on est allé vers la liberté sexuelle.
      Peace and Love, et on serait surpris par certaines anecdotes.
      C'était de très bonnes années, effectivement.
      Joséphine vous raconte-t-elle ces années assez libertines, aussi ?

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    3. Joséphine a parfois évoqué cette période, mais sans plus. Elle a sans doute des choses à raconter à ce sujet! Elle a effectivement été concernée par ce mouvement de "libération sexuelle"!

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  4. Je pense que vous devez être de temps en temps le centre de certaines conversations.
    Je ne pense pas qu'ils soient dupes. Et le Breton est très chrétien
    Ta petite aventure m'a bien plu. J'en ai l'eau à la bouche hihi

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    1. C'est très probable, mais nos voisins les plus proches était Yann et Joséphine...
      Je suis contente que notre petite aventure t'ait plue.
      Bisous, Romy.

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