Comme une pelouse
Ariane n’insista pas.
— Elle m’attache dans la forêt avoisinante, ou dans une cave. Par exemple, elle m’oblige à rester des heures durant, toute nue, les poignets ligotés dans le dos, seulement retenue à un arbre par des fils de soie solidement fixés au bout de mes seins.
— Elle entrave aussi tes pieds?
— Non, je peux marcher, mais pas très loin, à cause des fils de soie. D’autres fois, elle m’attache aussi les pieds, et elle me laisse croupir à même le sol, avec un godemiché dans le cul…
Ariane ne put s’empêcher de pouffer de rire.
— Ma pauvre petite, compatit-elle, faussement, car elle ne pouvait visiblement maîtriser un sourire ironique, te voici l’esclave d’une bien cruelle maîtresse! Mais… J’imagine que ça ne te déplaît pas trop quand même! Je me trompe?
— C’est vrai, ces punitions érotiques sont assez excitantes. Mais, c’est quand même très dur, tu sais, de rester plusieurs heures, immobile dans la solitude, dans la nuit ou dans le froid! Ce qui me plaît, c’est vrai, c’est qu’elle s’intéresse à moi sans arrêt, même quand elle m’humilie de cette façon!
— Tu vois bien, tu y trouves ton compte! Elle te fait souvent l’amour?
— Ouais, mais elle se montre rarement tendre!
— Est-elle quand même aimable?
— Ça peut arriver. Quand on travaille sur ses maisons de poupées ou quand nous allons faire des promenades à cheval dans ses bois. Elle m’a d’ailleurs appris à monter.
— Ça te plaît?
— Beaucoup. On monte toutes nues ou presque!
Ariane ne put dissimuler son étonnement. Elle contempla les lignes de sa main.
— C’est comme ça, expliquai-je, c’est une tradition. On ne met que les bottes!
— Comme de vraies amazones!
Soudain, Ariane s’excusa, me disant qu’il fallait qu’elle se rendît aux toilettes. Je lui demandai s’il elle voulait bien que la suivisse. Elle accepta. Tandis qu’elle était en train de vérifier son maquillage devant les miroirs, je la saisis brusquement dans mes bras.
— Mais qu’as-tu? me demanda-t-elle, tout étonnée.
— J’ai besoin de tendresse. J’ai envie de toi. Serre-moi fort dans tes bras!
Tout en surveillant la porte, nous nous calinâmes debout, surtout les seins, à travers nos pulls.
— Allons chez moi, proposa Ariane, avant d’entrer dans l’étroit WC, nous serons mieux!
Volontairement, elle ne referma pas la porte, sans doute pour que je la visse baisser son slip et s’installer sur la cuvette. Elle pissa devant moi, et j’entendis avec stupeur son gros jet frapper bruyamment la porcelaine blanche. Puis, elle se releva, s’essuya avec du papier toilette et enleva son slip qu’elle fourra dans ma poche.
— On y va? me demanda-t-elle.
Je la suivis. Dans sa voiture, pendant qu’elle conduisait, elle me demanda de fourrer ma main sous sa jupe, entre ses cuisses, pour m’amuser avec son frifri. Je le fis volontiers. C’était une herbe tendre, un gazon moussu, toute une surface engazonnée, un véritable petit tapis de poils et de velours, plus doux que le sommeil. Un vrai petit boulingrin, pensai-je… Ça la faisait rire. De penser que nous étions de la pelouse toutes les deux, que j’étais une pelouse, moi aussi, me fit rire. Pelouse… J’aimais ce mot. Je compris pourquoi j’aimais tant les jardins…
Ophélie Conan (extrait de "Entre chiennes et louves 2")
Dans cet extrait, Stéphanie, double d'Ophélie, soumise et obéissante, raconte à Ariane ses aventures érotiques avec la comtesse, autre double d'Ophélie, directive et maîtresse...
Ophélie me fait rire! J'ai sans doute lu son texte jadis, mais quand j'ai employé le termes " amazones ", ce fut spontanément et non en souvenir de ce texte. Que j'ai ri de ses histoires de comtesse!!! Le gazon moussu plus doux que le sommeil me séduit ainsi que l'aspect cocasse du jet d'urine décomplexé! Rien n'est plus naturel que de pisser mais tant de gens en sont gênés!!! Hors sujet en apparence : en Inde, les routes sont bordés d'individus ( mâle et femelle comme le dit La Genèse ) se soulageant sans complexe..... Les fils de soie sont charmants.... " Dans les bottes d'Ophélie " venait peut-être de ce texte...
RépondreSupprimerOui, j'aime aussi les mots qu'elle emploie et que tu relèves très bien. Ils sont charmants et humoristiques!
RépondreSupprimerNon, dans les bottes d'Ophélie ne provient pas de ce texte, c'est moi qui l'ai inventé, mais je le retrouve ici effectivement. Je dois dire qu'Ophélie aimait se balader nue, avec de grandes cuissardes noires...
Il me semble avoir lu ce passage, puisque j'ai lu "Entre Chiennes et louves"
RépondreSupprimerAinsi que d'autres ouvrages d'Ophélie, que j'ai adorés dévorer.
Je conseille d'ailleurs à ceux qui n'ont pas entamé son oeuvre (oh ! les chanceux, de découvrir),
et qui passent par ici, de s'y mettre, ils (elles) ne seront pas déçus.
C'est l'été, saison propice à la lecture, lors des heures farnientes.
Et ce n'est pas désagréable, avec une petite excitation en plus.
Ici, il y a un contraste entre la soumission et la douceur d'un "gazon" (sacré(e) Ophélie).
C'est vrai qu'elle avait des mots magiques pour mettre à jour ses pensées.
C'était tout elle.
Merci Gil pour cette incitation qui procurera, j'en suis sûre, bien des excitations!
SupprimerFouler la pelouse, ou le gazon (jamais maudit), avec les doigts ou la bouche est toujours un plaisir partagé...
RépondreSupprimerNous partageons les mêmes valeurs...
SupprimerQuel bonheur, le jour où j'ai découvert les texte d'Ophélie sur OverBlog. Je les dévorais, me caressais. J'en étais addict.
RépondreSupprimerLe midi, pendant que je mangeais au bureau, j'allais lire ses histoires qui m'émoustillaient au plus haut point.
J'ai envoyé un message et elle m'a répondu. J'étais heureuse.
Bisous tout tendres Marianne
Tu me fais très plaisir Romane. Moi aussi, gourmande, je me suis beaucoup caressée en lisant ses textes. D'ailleurs Ophélie aussi se caressait en les écrivant! Comment résister?
RépondreSupprimerBisous tout aussi tendres Romane.