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Voici comment je conçois l'érotisme. Pour moi, l'érotisme est une esthétique de l'existence qui n'est ni de l'amour ni de la sexualité.
Ma conception de l'érotisme repose sur quatre piliers, comme n'importe quel temple rudimentaire:
1- Le premier pilier, c'est l'évidence de la séparation des trois mondes de notre existence. A cet égard, je vous renvoie à mon article Triangles dans lequel j'explique rapidement la théorie de Karl Popper. Ne pas savoir séparer ces trois mondes, vivre dans l'inconscience de leur confusion, me paraît préjudiciable au bonheur. En revanche, s'amuser à les confondre, au moins durant quelques instants, c'est créer de l'illusion, et c'est là toute la magie du jeu, de l'art, de l'humour, de l'érotisme. Ainsi, me promener nue, tard dans les rues d'une ville déserte, c'est faire comme les femmes de Delvaux, c'est jouer à confondre le monde 3 et le monde 1… Pour illustrer cette évidence de la non séparation des mondes, j'ai choisi le tableau "Ceci n'est pas une pipe" de René Magritte.
2- Le second pilier, c'est l'empire des lumières, expression que j'emprunte également à un tableau de Magritte, mais que j'illustre par "Matin dans le port" de Claude Lorrain. En effet, Le Lorrain me paraît le plus grand peintre de la lumière solaire. Mais, contrairement aux impressionnistes qui utilisent cette même lumière au présent, Le Lorrain, l'utilise au passé. Sa lumière, c'est la lumière du souvenir. En effet, pour moi, l'érotisme a quelque chose à voir avec le passé, même si je le vis au présent. Et le passé, m'apparaît toujours quelque peu nimbé d'un halo de lumière, d'irréalité, précisément comme dans les tableaux du Lorrain que j'adore, un halo de temps arrêté, chargé de sensations, de dentelles, et de tout un vécu qui le rend infiniment baroque.
3- Le troisième pilier, c'est la viande, le sexe, le corps, les émanations de ce corps... On n'y échappe pas. Inutile de se boucher les yeux, les oreilles et les narines. Il faut appeler une chatte une chatte. Oui, on peut faire de l'art avec "Le bœuf écorché" ou encore avec "Une charogne". A fortiori avec un cul. Le sexe n'est pas sale, il participe de la Grande Matière, du Cosmos. Et l'érotisme a quelque chose à voir avec les étoiles. Les limites entre l'érotisme et la pornographie ne sont donc pas du tout évidentes, comme voudraient nous faire croire certains censeurs. André Breton l'avait très bien compris quand il disait: "La pornographie, c'est l'érotisme des autres."
4- Enfin, le quatrième pilier, c'est l'univers féminin. Sans les femmes, pas d'érotisme. Pour moi, le plaisir érotique naît de la césure entre le monde des femmes et celui des hommes. Rien n'est plus excitant qu'une femme qui s'exhibe nue devant un homme qui la désire, et qui se refuse à cet homme, autrement dit, tout le contraire de la sexualité ordinaire qui vise à leur inévitable accouplement dans le but de la reproduction de l'espèce (qui n'a rien d'érotique). Dans ce même ordre d'idée, rien n'est plus excitant, évidemment, que deux femmes qui font l'amour, car c'est l'expression même de l'absence de l'homme, même si ce dernier n'est pas très loin, même s'il est présent symboliquement. C'est exactement ce que je ressens devant les tableaux de Delvaux, et c'est ce que j'ai voulu illustrer avec "L'homme de la rue". On y voit cette exclusion, ou peut-être cette auto-exclusion, du principe masculin, et cela donne à l'érotisme une dimension mystique et tragique qui en fait quelque chose de sacré. Comme l'écrivait fort justement Léon Bloy, "La beauté est toujours tragique, car elle est le chant d'une privation."
Ophélie Conan
(Humeurs et raisons - Conan la barbare I)
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38- Ceci n'est pas une pipe - René Magritte |
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39- Matin dans le port - Claude Gellée dit Le Lorrain |
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40- L'empire de la lumière - René Magritte |
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41- Le bœuf écorché - Rembrandt |
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42- L'homme de la rue - Paul Delvaux |
Ophélie avait écrit ce texte en exergue de son premier blog. Je l'illustre avec ces cinq tableaux auxquels elle fait allusion et aussi avec quelques tableaux de Ronald Brooks Kitaj (1932-2007). Kitaj est un peintre américain figuratif souvent considéré, durant la folle période des décennies 60, 70, 80, comme le pape du Pop Art londonien. Dans ce billet, on peut retrouver ses œuvres en n°1, 2, 4, 6, 7, 10, 13, 15, 16, 18, 19, 21, 24, 25, 26, 29, 30, 33, 34 et 36.
Marianne
J'ai lu l'analyse d'Ophélie sur l'érotisme. Bien sûr, la traduction crée des erreurs dans le sens. Néanmoins, il présente un grand intérêt.
RépondreSupprimerBonsoir Marianne
Bravo Giannis, tu progresses en français de jour en jour! Oui, ce texte d'Ophélie n'a rien de théorique, mais elle y exprime seulement quatre constantes qui lui semblent essentielles pour percevoir l'éros d'une situation. Bonne soirée à toi aussi.
SupprimerL'érotisme des uns n'est pas obligatoirement le même que celui des autres. Nous avons tous une perception différente de ce qui nous semble érotique ou pas.
RépondreSupprimerPour ce qui me concerne, l'image la plus excitante de toutes celles que tu nous présentes est sans aucun doute la 12.
Bon weekend, Marianne.
Bise.
Je suis de ton avis pour la 12 que je trouve très excitante quelle que soit la place occupée!
SupprimerMerci et bise.
Bon weekend, Phil.
La nuit, en absence du monde, permettant certaines libertés comme se promener nue.
RépondreSupprimerLa lumière pour l'épanouissement.
La chair, le sexe, difficile de s'en passer.
La femme, bien sûr, et même l'homme en spectateur (merci Ophélie).
Si j'ai bien compris, l'érotisme, c'est tout ça.
Quatre piliers solides.
C'est tout ça pour Ophélie, mais chacun, chacune peut le voir autrement.
SupprimerBon week-end et bise, Gil.
PS: En début de cet après-midi, nous allons sûrement aller au cinéma!
Hummm, quelle bonne idée.
SupprimerTu nous raconteras ça.
Bon cinéma.
Thank you for Kitaj's pics. I did not know him. No. 19 is for me the best, a true hymn to "la chair de la femme" and to "le sacre de la femme"...
RépondreSupprimerKitaj is an unfairly misunderstood painter. Thank you very much dear AA.
SupprimerJ'aime beaucoup cet artiste "Kitaj" que je découvre avec plaisir et qui me fait penser à Egon Schiele par certains aspects. De qui sont les collages des images 4 et 6...? Certainement également de lui puisque je vois qu'il pratiquait aussi le "collage"..., mais oui, ton addendum le confirme. Cette oeuvre de Rembrandt est très émouvante? J'ai toujours avec cette oeuvre l'impression de reconnaitre Soutine,
RépondreSupprimerMerveilleux écrit que ce texte d'Ophélie qui transcende là bien des ingrédients épars du conscient et de l'inconscient, du visible et de l'invisible en y associant autant les Lumières que les Ténèbres, ainsi que les enfermements comme les libérations...
Par "habitude", je commence toujours par les textes et je zappe même parfois complètement les images. Là j'ai fait l'inverse et l'exercice a été très intéressant.
Les œuvres de Kitaj ne séduisent pas facilement, mais sont très attachantes et très émouvantes. Oui, le bœuf écorché de Rembrandt fait penser à Soutine!
SupprimerClin d'oeil pour la citation de Léon Bloy! Ophélie savait faire feu de tout " bloy ou blois "... Flammes et eau : je ne sais pourquoi je songe à cette association. Ophélie aurait su trouver la femme rebelle dans la personnalité flamboyante d'Isabelle Eberhardt qui vécut une étrange mort dans la crue de l'oued dans une partie d'El Oued où j'ai joué avec le feu avec Véronique. Tout se rejoint et tout est un par-delà les formes multiples.
RépondreSupprimerLe feu et l'eau forment un couple d'opposés, si fréquent dans notre vie et dans nos rêves.
SupprimerPas si opposé que ça. Ne dit-on pas quand une femme mouille, qu'elle est en feu ?...Et je modère mon langage...
SupprimerTu as raison, les extrêmes se rejoignent!
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