|
1 |
|
2 |
|
3 |
|
4 |
|
5 |
|
6 |
|
7 |
|
8 |
|
9 |
|
10 |
|
11 |
|
12 |
|
13 |
|
14 |
|
15 |
|
16 |
|
17 |
|
18 |
|
19 |
|
20 |
|
21 |
|
22 |
|
23 |
|
24 |
|
25 |
|
26 |
|
27 |
|
28 |
|
29 |
|
30 |
|
31 |
|
32 |
|
33 |
|
34 |
|
35 |
|
36 |
|
37 |
|
38 |
|
39 |
A Sées, je m'installai à l'hôtel du cheval blanc, petit établissement propret aux allures de relais de poste, mais grand par la longueur de sa façade en faux colombages. Ce qui m'amusa, dès mon arrivée, fut l'ancienne enseigne de l'établissement, peinte en grand sur la façade, en haut et à gauche. Elle représentait évidemment un cheval blanc hennissant avec, en lettres blanches encadrant l'animal: "Au cheval blanc - J. Le Gros Tel 27.80.48." Juste en face de l'hôtel, il y avait une petite église, construite sur un terrain curieusement surélevé, prolongée par une série de trois arcs en pierre, de style roman, sans doute témoins d'une ancienne construction, et maintenant se trouvant au beau milieu d'un petit square aux ifs bien taillés.
Après avoir déposé mes bagages dans la chambre qu'on m'avait réservée, j'entrepris de ne pas attendre, et de me rendre immédiatement à la gare à pied, pour repérer mon trajet de la nuit. Il fallait d'abord rejoindre les halles, curieusement rondes comme à Alençon, devant lesquelles je passai, et ensuite prendre la rue Aristide Briand où je découvris, sur ma gauche, une maison assez banale sur laquelle une plaque en hauteur rappelait qu'elle avait été habitée par René Forton, le dessinateur des Pieds Nickelés et de Bibi Fricotin. Cela me rappela quelques souvenirs agréables de mon enfance. Cette rue donnait sur une grande avenue très passagère, où circulaient sans discontinuer voitures et poids-lourds, c'était en fait la nationale qui reliait Alençon à Caen. Du côté gauche, dans le sens de ma marche, s'alignaient de gros platanes, puis, au fur et à mesure que j'avançais, la vue se dégageait sur un jardin public entouré de grilles hérissées de piques. Un petit kiosque à musique du dix-neuvième siècle y trônait au beau milieu. Enfin, à l'extrémité du jardin, il y avait un feu tricolore, puis le bar de la gare, et plus loin, toujours du côté gauche, l'entrée de l'établissement de Monsieur Graindorge, l'antiquaire. La gare, elle, était du côté droit, il fallait donc traverser la nationale.
Au feu tricolore, je m'arrêtai. Un jeune homme d'une vingtaine d'années, beau comme un dieu, y attendait, avec tout un barda de camping. Il faisait du stop, un carton dans une main indiquant qu'il se rendait à Caen. Son regard et son sourire m'indiquèrent que je ne lui étais pas indifférente ou, qu'en tout cas, il me trouvait tout à fait à son goût. Honteusement, je pensais que je pouvais être sa mère. Il dut certainement me regarder traverser, car parvenue de l'autre côté de l'avenue, quand je me retournai, il était encore à me mater avec une insistance stupéfiante. Sans me retourner davantage, mais pas peu fière, avec une sensation délicieuse, je sautillai vers la gare.
Elle était comme je l'avais toujours aperçue quand je venais chez Monsieur Graindorge, un peu sale et décrépite. En son milieu, un corps d'un étage percé de trois fenêtres, surmonté d'un petit fronton au centre duquel était installée une horloge, surplombait deux ailes basses, assez longues. L'ensemble, homogène, faisait alterner des bandes de pierres blanches et de briques rouges, et était troué de grandes portes et de vastes fenêtres dont les entourages et les croisées avaient été conçus dans le style néo-gothique.
J'entrai dans la petite salle des pas perdus où le temps semblait arrêté. Sur ma gauche, derrière ses vitres, un employé du chemin de fer ne daigna même pas relever la tête, tandis qu'une femme avec son enfant, assise sur un banc, ne fit pas davantage attention à moi. Malgré tout, j'osai traverser la salle et ouvrir la porte centrale pour pénétrer sur l'unique quai où il n'y avait que deux voies. L'une, la plus proche, allait à Alençon, l'autre à Caen, via Argentan. Je m'aventurai à traverser les deux voies par une descente aménagée, décorée d'un vrai délire de zébras jaunes, et allai m'asseoir sur le banc vert pétant qui courait tout autour d'un vaste abri métallique, tout en longueur, destiné à protéger du mauvais temps les voyageurs qui se rendaient à Caen. Sur les deux retours de cet abri largement ouvert, je remarquai des graffitis et des textes obscènes qui me firent sourire. L'un d'eux racontait que les filles de Sées étaient des vraies salopes parce qu'elles se faisaient baiser par les arabes et les blacks, mais qu'en fait, c'était très bien parce que les français n'étaient que des pédés…
Durant un bon quart d'heure, je restais assise devant ces graffitis comme si j'attendais le train qui allait m'emmener à Argentan. J'étais contente, je savourais le silence et les rayons du soleil. Cette petite gare était parfaitement conforme à mes rêves. Elle ressemblait vraiment à celles des tableaux de Paul Delvaux, et cela me suffisait. J'eus alors envie de me caresser. C'était facile, il n'y avait qu'à le faire, puisqu'il n'y avait personne. De plus, là où j'étais, derrière l'un des deux retours de l'abri, nul ne pouvait me voir. Mais je me dis que cela n'était pas très raisonnable de commencer maintenant, qu'il fallait attendre la nuit, pour mieux laisser mon désir grossir. C'est alors que je me mis à imaginer le lieu, la nuit venue, dans sa tonalité sombre et bleutée, avec seulement des halos de lumière par endroits, et moi, totalement nue sous mon manteau, assise sur ce même banc qui ne serait plus vert. Je me complaisais à imaginer les caresses que je me prodiguerai, le ou les orgasmes qui s'en suivraient…
Après ces longues rêveries dont j'étais coutumière, je décidai de revenir sur mes pas, mais, plutôt que de retraverser la petite salle des pas perdus, je sortis par une porte, sur le côté gauche, qui ouvrait sur le parking. Au feu tricolore, le jeune autostoppeur attendait toujours, avec le même carton, le même barda, le même sourire, le même regard qui en disait long. Cette fois, il me parla. Quelque chose comme: "Ca ne marche pas!". Il parlait du stop, évidemment. Je me contentai de lui sourire à mon tour et repris le même chemin jusqu'à la place Saint Pierre où se trouvait l'hôtel, passai sous le cheval blanc hennissant, puis devant l'hôtel-Dieu et, par la rue de la République, atteignis le centre-ville. Le reste de ce premier après-midi fut consacré à la visite de la superbe, très élevée et très claire cathédrale, puis des jardins de la chapelle canoniale.
Le dîner fut triste dans cette grande salle mal éclairée et d'un goût douteux. Il n'y avait pas grand monde et ne voyais que les bouquets de fleurs artificielles sur les méchantes tables. Ce décor me faisait horreur, mais, quand même, me dépaysait délicieusement. Il y avait quelque chose d'exotique ou de naïf dans ce décor qui allait bien avec la situation. Le repas terminé, je remontai en toute hâte dans ma chambre, me déshabillai, me précipitai sur mon iPod. Nue sur mon lit, je savais que je n'allais plus me rhabiller avant demain. Alors, je fermais les yeux, et me délectais dans l'écoute de vieux tubes des Rolling Stones, mais en même temps, ne pouvais m'empêcher de penser à Roselyne, ma vieille amie, ma petite grand-mère qui habitait juste au-dessus de notre appartement. J'avais honte. Honte de l'avoir abandonnée. A cette heure, était-elle encore de ce monde? Et tout ça pour quoi? Pour le plaisir de jouir de mon corps? De faire ma salope? Et cette histoire à dormir debout que je lui avais racontée pour justifier mon absence... Mais je n'avais qu'une vie. Il fallait que je la vive. Dehors, le temps s'écoulait ou ne s'écoulait pas, je ne savais plus. Par la fenêtre ouverte, quand je rouvrais les yeux, j'apercevais le ciel. Je ne savais s'il s'assombrissait ou rosissait. J'en déduisis que ma fenêtre était au nord. Sur ma peau, sur mes seins, l'air courait, m'annonçait que la nuit serait tiède. Quand, par moments, j'enlevais mes écouteurs, j'entendais des bruits de vaisselle provenant de la cuisine du rez-de-chaussée. Malgré Roselyne, malgré les Rolling Stones, je finis par m'endormir. Quand je me réveillai, il faisait totalement nuit. Le temps s'était enfin écoulé. Ma montre indiquait minuit moins le quart. C'était l'heure. En un éclair, sans doute pour me purifier avant l'Aventure, avant le voyage légendaire, je passai sous la douche, me parfumai. J'étais prête à sortir. Totalement nue. L'hôtel dormait. Le restaurant était fermé. On n'entendait plus rien, plus aucune vie. Même au dehors. Pas même l'aboiement d'un chien.
J'enfilai mon manteau noir, sautai dans mes talons-aiguille, ouvris doucement la porte que je refermai à clé, descendis sans bruit l'escalier, traversai le petit hall désert et voilà, j'étais dans la rue... J'avais fait tout cela d'un seul trait, sans me poser de questions, sans boutonner mon manteau, comme si j'avais été certaine de ne rencontrer personne. C'était un exploit. Sur le trottoir, je respirai à grandes goulées, à pleins poumons. Sans l'avoir décidé, je descendis la rue de quelques mètres, gravis une dizaine de marches sur ma gauche, et entrai dans le petit square, sous les arcades mal éclairées. J'y fis quelques pas. D'où j'étais, je pouvais voir l'hôtel éteint. Je m'amusai à repérer la fenêtre de ma chambre. En ce moment, j'aurais dû dormir. Je m'imaginais dans mon lit, alors que j'étais là, dans le square. C'était curieux. Cela me laissa une drôle d'impression. Autour de moi, tout était désert, endormi, faiblement éclairé par une lune encore basse. L'église et sa tour formaient une masse imposante, sinistre, ainsi que les grands ifs taillés.
Je m'assis sur ce qui me sembla l'unique banc. Mes fesses le trouvèrent un peu froid. J'écartai les deux bords de mon manteau pour donner de l'air à ma féminité. Je me sentais bien, je me sentais libre, je me sentais belle. J'étais fière d'être une femme belle et libre.
Je regardai mes seins et ma touffe. J'avais tellement attendu que l'envie de me faire jouir se précipita. Mais il fallait encore attendre, oui, attendre, aller progressivement, par étapes, par petites touches, ne pas consommer bêtement le plaisir, car c'est une denrée précieuse… Je décidai donc, pour le moment, de n'accorder de plaisir qu'à mes seins, et m'autorisai à retirer mon manteau puisque le lieu était sombre et désert. Assise de nouveau, mon manteau à côté de moi sur le dossier du banc, je les malaxai à deux mains, puis saisis entre mes doigts mes tétons qui se mirent à grossir et à durcir. Je haletai, laissai échapper de petits gémissements de plaisir, des petits couinements. Tout l'après-midi j'avais tellement attendu ce moment... Ma poitrine s'embrasa, mon bas-ventre réclama, mais en terrible maîtresse, je m'interdis d'y porter la main, n'excitai que mes seins, pinçais leurs pointes entre pouce et index, les roulaient, les serrai, les caressai, leur faisait subir toutes sortes de traitements insensés. O dieu que c'était bon…
Je voulais davantage. Pour cela, je devais quitter le square, me remettre en marche. Mon manteau à la main, je longeai les arcades, passai devant la tour de l'église. Sur la place faiblement éclairée, je le renfilai, me gardant bien de le boutonner.
Mes talons claquaient sur le sol bitumé. Ils produisaient le seul bruit qu'il était possible d'ouïr dans cette douce nuit sagienne, à l'exception d'une rare pétarade de moto qui survenait par instants, très loin.
Avant d'arriver aux halles, je fis une halte sous l'entrée creuse d'une porte de garage métallique qui ouvrait sur une petite rue en pente. Là, je recommençais mes caresses aux seins, les empoignai en les remontant si violemment que je réussis à saisir leurs petits bouts entre mes lèvres.
Devant les halles que je contournai, je rencontrai un homme pressé qui marchait à grands pas. Il me vit, mais continua son chemin, comme si je n'avais pas existé. Puis, comme cet après-midi, je m'engageai dans la rue Aristide Briand, passai devant la maison Forton, et me retrouvai sur la nationale. La circulation s'y était apaisée, mais les véhicules paraissaient rouler plus vite. La distance était longue, la marche malaisée entre la clôture et les platanes mal éclairés. A plusieurs reprises, je faillis me casser la figure. Je me sentis essoufflée, mon émotion était intense. L'excitation de ne porter sur moi qu'un manteau me chamboulait complètement, me faisait perdre la tête…
Derrière un platane, du côté clôture, je m'imposai un arrêt, histoire de reprendre un peu mon souffle et mes esprits. Je songeai que ce périple insensé et grotesque (oui, je le trouvais aussi grotesque et insensé à ce moment) était quand même merveilleux. J'avais l'impression de vivre un des moments les plus forts de ma vie. Pour me rassurer, me dire que j'étais dans le vrai (avais-je eu un doute?), je me caressai encore et encore, m'autorisai, cette fois, à tenter une approche sur mon sexe, lissai l'intérieur de mes cuisses, revins quelque peu sur mon clitoris, mais repris ma marche. La petite gare m’attendait.
Je parvins au feu tricolore. Mon bel auto-stoppeur n'était plus là. Seuls le café de la gare et la gare étaient éclairés. Je passai de l'autre côté de l'avenue, entrai dans la salle des pas perdus, totalement déserte, la traversai, la retraversai en sens inverse, constatai sa vacuité, constatai la même vacuité sur le parking. Alors, je revins sur mes pas, pénétrai sur le quai. Là aussi, vide absolu. Personne. Je traversai les voies, entrai dans l'abri où j'avais vu le banc vert, et là, comme si j'étais arrivée chez moi, me débarrassai de mon manteau, le jetai sur le banc. Sûre que personne n'était en vue, je repris ma marche, longeai la voie en direction d'Alençon. J'étais heureuse. Je levai la tête, contemplai la voute céleste au-dessus de moi, les étoiles, la lune. Le monde était beau, était en ordre. J'étais nue sur le quai d'une gare. J'étais enfin dans un tableau de Delvaux. Malheureusement, il n'y avait pas de trains, mais il y avait toute cette architecture métallique qui se profilait au loin, ces murs de briques, cette perspective des voies qui se terminaient en un point, ces pancartes qui interdisaient des tas de trucs au public ou le prévenaient qu'un train pouvait en cacher un autre, et puis toutes ces choses incongrues qui ne servaient à rien, tout ce matériel ferroviaire, la lune, les étoiles, la grande ourse, la petite ourse, et moi qui avançais, qui marchais comme une automate, le regard totalement vide, mais la tête en ébullition, avec mes seins qui ne cessaient d'acquiescer au rythme cadencé de mes pas…
A un moment, trouvant peu prudent de m'éloigner autant de mon manteau, je revins sur mes pas, avisai qu'il était toujours dans l'abri, et retraversai les voies. Je voulais m'exhiber nue dans la salle des pas perdus, dans ce qui était le seul lieu éclairé de la gare. Plaisir de s'exhiber en pleine lumière... Que voulez-vous? Je m'assurai d'abord que la salle était toujours vide, et entrai. J'allai m'installer sur le banc où, l'après-midi, se trouvaient la femme et l'enfant, et là, contemplai le sol fait d'une composition de carreaux en tapis, constatai avec étonnement qu'il était vraiment très luisant, pris conscience de l'existence des trois fins piliers métalliques qui se trouvaient au centre, me reprochai de ne les avoir pas remarqués plus tôt. Puis, l'inspection des lieux étant faite, j'écartai mes cuisses et recommençai à me caresser un peu partout. C'est prodigieux de se faire l'amour dans un lieu qu'on sait être public. Avez-vous essayé? L'on se sent emportée par une excitation rare, comme on n'en connaît jamais chez soi. Au plaisir du sexe s'ajoute celui de la crainte, de la peur, du risque, de l'aventure... Exactement comme quand on est enfant et qu'on transgresse l'interdit des adultes. Je sentis cette crainte m'envahir. Je me fis peur, je me dis que cet endroit très éclairé était quand même un peu risqué. D'où j'étais, je ne verrais personne venir. Il n'y avait personne à venir, mais qui sait?
Je décidai donc de retourner sagement près de mon manteau, dans l'abri beaucoup plus sombre et plus éloigné. Mais, avant, m'entichai d'aller faire un tour sur le parking, sous les grand marronniers. Là, je rôdai autour des voitures, vérifiai qu'elles étaient bien vides, songeant, en m'approchant d'elles, que j'y découvrirais peut-être un voyeur en train de me mater, ou un couple ignorant ma présence, trop occupé à baiser. Mais non, rien. Il n'y avait personne, personne…
Sous l'abri, je recommençai mes caresses, désirant cette fois, qu'elles me conduisent à l'apothéose, au bouquet final. Allongée sur le banc suffisamment large pour m'accueillir intégralement, je me donnai un plaisir fou avec mes dix doigts. Aujourd'hui, quand je repense à cette première sortie en solitaire, mon souvenir est toujours aussi neuf, toujours aussi émerveillé. Ce fut un véritable conte de fée. Mais je garde le regret de n'avoir pas emmené avec moi, dans ma poche, un petit toy. Oui, sur ce banc, O combien j'aurais aimé me faire jouir avec un godemiché! Mais à cette époque, l'usage de ce charmant instrument n'était pas encore entré dans mes mœurs. Aujourd'hui, tout comme mon MacBook, je ne peux plus m'en passer, il complète grandement les sensations que me procure mon clitoris. Et puis, c'est une manière de rappeler symboliquement l'homme. De signifier son absence. Car pour moi, l'absence signifiante de l'homme donne du piment à mon érotisme... Bref, je me donnais quand même plusieurs orgasmes. Le premier fut une sorte de décharge électrique qui flasha mon esprit, presque jusqu'à la perte de conscience. Le deuxième fut une sorte de joie suprême et féroce qui monta comme une vague tsunamesque et explosa en moi comme un son et lumière. Mon troisième fut une série des spasmes délirants qui contractèrent tous mes abdos jusqu'à l'intérieur de mon être. Et enfin, le quatrième fut une émotion indicible qui fit vaciller toutes mes certitudes sur la vie et libéra un cataclysme des larmes d'amour vrai. Non, je plaisante. J'ai lu dernièrement ces conneries dans un vieux "Elle", chez le dentiste. L'orgasme est impossible à décrire. En tout cas, mon tout fut un bonheur suprême parce qu'associé à un vif sentiment de tragique, oui de tragique. C'est ce qui le rend si sublime.
Quand je recouvrai mes esprits, il était un peu plus d'une heure du matin. Je me sentis un peu lasse, mais remplie d'un formidable sentiment de plénitude que je ne voulais surtout pas perdre, comme quand on a accompli brillamment sa mission. Je renfilai mon manteau et rentrai à l'hôtel. Cette aventure avait été comme je l'avais espéré, mais je restai quand même un peu sur ma faim. En trottinant, je finis par comprendre que c'était parce que je n'avais pas vu de train. C'est bête, c'est enfantin, mais c'est comme ça. Oui, en vérité, aucun train n'était passé, aucun train ne s'était garé. Et je n'en avais trouvé aucun à mon arrivée. Oui, un train me manquait, il me fallait un train pour parfaire le tableau!
Devant l'hôtel du cheval blanc, en voyant ma voiture sur le parking, l'idée s'imposa. Si j'allais à Alençon? Alençon n'est pas loin, une bonne dizaine de kilomètres, et la gare est plus grande que celle de Sées, certes pas très importante, mais nettement plus grande. Moins cosy, moins défraîchie, mais bien plus grande. A Alençon, il y aurait peut-être un train? Sans me poser davantage de questions, au lieu d'aller sagement me coucher, je déverrouillai ma voiture, retirai mon manteau, le déposai sur le siège arrière et m'installai au volant. Sans la moindre hésitation, je fis tourner le moteur et m'engageai sur la nationale. Direction Alençon.
Ophélie Conan
"Le saute de l'ange 1" Chapitre 12
J'aime beaucoup ce texte d'Ophélie, ainsi que tous ceux qui composent les trois tomes du Saut de l'ange. Dans ce chapitre, Ophélie habite encore à Paris, dans le neuvième arrondissement. Elle a quitté son mari et entreprend, la nuit venue, l'aventure de sortir seule, nue sous un manteau, pour se donner du plaisir. Elle a effectué plusieurs tentatives du coté de la gare Saint-Lazare, mais elle a pris peur à cause de la foule. L'idée lui vient alors de tenter la même aventure à Sées où il y a une charmante petite gare qu'elle connaît bien pour avoir vécu pendant plusieurs années à Alençon, avec son mari médecin et ses jeunes enfants. Comme on le remarquera dans ce texte, Ophélie n'est pas encore rasée... De Lesbos, elle n'a connu que sa liaison avec Mélou, sa prof de piano...
Marianne
Bonsoir Marianne. Le processus par lequel nous cherchons à trouver des plaisirs dans notre propre corps est très beau. C'est une libération. Nous pouvons trouver des parties de notre corps qui nous procurent un plaisir intense. Et nous ne les avions jamais imaginés. S'applique aux hommes et aux femmes. Bonsoir. Il fait froid aujourd'hui à Athènes.
RépondreSupprimerJe dois dire qu'Ophélie m'a appris cette quête du plaisir, à travers toutes les parcelles de mon corps, et aujourd'hui je poursuis cette quête très belle seulement avec des femmes, Joséphine, Honorine et Gaëlle. Ici aussi, dans le Perche, il ne fait pas non plus très chaud.
SupprimerOphélie décrit merveilleusement bien sa nuit de plaisir solitaire. J'ai eu l'impression d'être un voyeur caché dans la gare.
RépondreSupprimerTes illustrations sont superbes et rendent hommage au plaisir féminin.
Mais que fait donc la brune de gauche pour que son amie de droite soit dans un tel état ?
Merci, Phil. Oui, je trouve aussi que le texte d'Ophélie est très réussi!
SupprimerConcernant ta question, je suppose que tu fais allusion à l'image 4... Oui, que fait donc cette brune? Je me le demande aussi!
Oui, j'ai oublié de dire que c'est de l'image 4 qu'il s'agit. Mais tu as deviné.
SupprimerLe mystère plane donc toujours...
Plus que jamais, Phil! Que peut-elle bien faire?
SupprimerJe donne ma langue à la chatte.
SupprimerTu es bien coquin!
SupprimerUn délice de relire cette aventure, Marianne et je t'en remercie de la republier.
RépondreSupprimerUne sorte de baptême du feu pour Ophélie.
Plusieurs fantasmes réalisés...une gare, un train (hélas, absent, elle en verra, par la suite), la nuit, nue sous et sans manteau au risque de se faire prendre.
Elle est une sorte de Belphégor érotique, apparaissant la nuit, l'une dans son musée, elle, dans sa gare.
Elle a su vous donner le goût de ces sorties nocturnes.
Au moment, où je commente, c'est le 10 Mars. Je n'oublie pas.
Ces aventures écrites et ses correspondances me manquent.
Et je sais que pour toi et pour vous, c'est encore plus difficile.
Je vous embrasse.
Quand j'ai connu Ophélie, elle m'a rapidement raconté qu'elle sortait seule, la nuit, de cette manière. Elle me disait qu'elle l'avait fait avec Apolline. Au début, je ne l'ai pas cru, mais elle m'a proposé, et je l'ai fait avec elle. Je trouvais ça gonflé et risqué, mais très excitant. Elle appelait ça "partir en garouage". Au presbytère, comme tu le sais, nous poursuivons cette tradition, mais nous nous méfions des caméras dans les grandes villes!
SupprimerOui, nous sommes le 10 mars... Deux ans déjà.
Ophélie me manque cruellement. Nous manque devrais-je dire!
Nous aurions pu vivre heureuses toutes les cinq dans ce presbytère. Si elle nous voit, je suis sûre qu'elle est fière de nous. Malgré sa mort, elle est toujours avec nous!
Avec vous dans vos pensées pour Ophélie.
SupprimerMerci Gil.
SupprimerPic. no. 25, perhaps more arousing than the explicit images. I'd like to know your opinion on it...
RépondreSupprimerMore arousing, maybe not, but arousing, yes...
SupprimerQue de souvenir en lisant le titre de cette publication. Je découvrais les récits de Ophé. Qu'est ce que j'ai pu me masturber la dessus
RépondreSupprimerOphélie aurait été très heureuse de l'apprendre!
SupprimerQuand j'ai publié récemment ce texte, j'ai aussi cédé à cette tentation!
Merci pour ton précieux commentaire!, Romane.