Vide-grenier

Aujourd'hui dimanche, je suis allée dans un vide-grenier dans l'Orne, à Lonrai exactement. Pourquoi à cet endroit? Parce que j'y étais allée l'an passé, avec des amis, et que dans ce vide-grenier j'avais trouvé des choses intéressantes et pas chères. Et puis aussi pour ne pas tourner en rond en pensant à Amélie et à sa Chloé. Dans ce vide-grenier, j'ai trouvé de la dentelle pas chère, un joli mouchoir de mariage en point d'Alençon, s'il vous plaît, que j'ai acheté, et de belles aquarelles, des vues du Luxembourg, ce qui fait qu'en revenant à Paris, après un petit détour à la maison natale de Sainte Thérèse de Lisieux à Semallé, près d'Alençon, et un autre à La Perrière, j'étais comme sur un petit nuage et je chantais dans ma voiture, malgré le soleil discret et l'air quelque peu frisquet. Je ne pensais même pas à Amélie et à sa Chloé…


A un moment, sur la N12, après Mortagne-au-Perche, non loin de la vieille tuilerie que j'adore, j'ai arrêté mon auto sur le bas-côté de la route. D'un coup, je suis sortie et suis allée m'asseoir à la place du mort. Portière ouverte, cuisses écartées, le pied droit dans l'herbe, le cul bien tendu, je me suis baisée comme une salope. Ma main, sans préliminaires, a fait entrer et sortir le gros Alexandre qui, jusqu'à présent avait patiemment attendu dans le fond de ma boite à gants... Pendant une vingtaine de minutes, sans me lasser, je me suis littéralement défoncée. J'en avais besoin. Il fallait absolument que je me baise. J'ai joui, hurlé comme une chienne en rut pendant que les autos indifférentes passaient, se croisaient, bourdonnaient, sur la route de ce mois d'août agonisant, et personne n'a fait attention à moi, gisante, à moi et à mes gémissements. Personne ne s'est arrêté pour me demander si j'avais besoin d'aide, ou simplement pour me regarder, me contempler, se délecter de ma "Toy Symphony".


Le monde est cruel d'indifférence. Dommage, le spectacle devait être beau, et j'aurais aussi bien aimé y assister. J'avais déboutonné mon haut et ainsi donné beaucoup d'air à mes airbags qui roulaient d'aise dans toute cette étrange volupté, tandis que des milliers de choses filaient comme des météores dans mon étroit petit esprit percé. C'était la mystérieuse inconnue de la plage de Tréguennec, dans sa longue robe vert pâle, c'était le gros motif de son collier de verre qui bruissait entre ses tétons, c'était son baiser mortel, c'était aussi la belle Marianne qui se laissait dénuder et baiser sous le pommier, Marianne la prude mère de famille à qui je n'ai jamais osé écrire, de peur de troubler la quiétude de son beau petit couple, et que je n'ai jamais revue, mais que je rêve de retrouver, et c'était toi aussi mon Amélie, dans les bras de ta Chloé. Toutes deux, vous me matiez, me narguiez, le nez à ma portière. Il y avait aussi, lancinante, cette phrase qu'une pute de la Goutte d'Or, m'avait montrée, après que nous avions baisé, tatouée sur son épaule gauche: "Regardez sans vertige l'extension de mon innocence". La pute m'avait dit que c'était de Rimbaud, une "Saison en enfer". Je n'ai jamais vérifié.


Ophélie Conan (texte publié le 29 août 2010 dans "Conan la barbare I".


Edité en Kindle avec d'autres textes dans "Le bic et bombe".















Commentaires

  1. Quelle chance il a, le gros Alexandre. Il a dû passer quelques minutes de pur bonheur.
    Et que dire de tous ces automobilistes qui sont passés si près du trésor sans le voir ? Mais je suis sûr que ça nous est arrivé à tous, de ne pas avoir vu ce qui se passait juste à côté...
    On devine qu'Ophélie devait autant craindre qu'être excitée que quelqu'un la surprenne.

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    1. Tu as raison, Phil, nous sommes souvent aveugles à l'infini spectacle de la vie...

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  2. Sûr que je me serais arrêté devant un tel spectacle.
    Je ne suis jamais indifférent à ça.
    Ophélie s'est bien rattrapée avec toi, Marianne,
    par la suite.
    Belles illustrations (d'Ophélie), encore une fois.

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    1. Je n'en doute pas, Gil. Mais tout l'art est de montrer sans se faire voir.

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  3. Ophélie, tu m'amuses avec ton vide-grenier car ce sont dans ces lieux que l'on peut dénicher des trésors, dont ta dentelle mais pour corser le tout, tu es passée à Alençon - histoire d'évoquer Thérès e de Lisieux ( chut, mais un psychanalyste se penchant sur ses écrits par dessus son épaule virtuelle nota qu'elle était la petite balle percée de son roi, à savoir le père des cieux, et sembla intrigué par cette candeur indécente d'une belle jeune fille d'après les photos, entrée dans un lieu clos sans masque... ) .... Sais-tu qu'Alexandre te lira peut-être ou un homonyme et ceci me fait aussi rire. Soudain émue, je note que tu penses à Marianne dans ta transe pour laquelle tu regrettes ne pas avoir eu de spectateurs, si bien que nous le devenons par la magie de tes mots....La chaleur actuelle exige l'étreinte sous l'eau et j'ai le souvenir d'une de tes illustrations au fond de la piscine, mais l'océan t'attend avec Marianne et les autres....

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    1. Je sais que, sans être croyante, Ophélie admirait beaucoup Sainte Thérèse de Lisieux, pour sa folie amoureuse...

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    2. Oui, Marianne, elle était fascinée par le mystère de cette forme d'amour et je ne sais pas si elle avait lu le gros ouvrage de Julia Kristeva non croyante sur Thérèse d'Avila. Ophélie comme Julia Kristeva étaient fascinées par cette passion amoureuse pouvant chez Thérèse d'Avila sécréter une lubrification due au désir, peut-être aussi chez Thérèse de Lisieux mais nous ne disposons pas d'information. Je crois que la correspondance entre Jean de la Croix et Thérèse d'Avila évoque ce thème parce que cette dernière en était gênée. En réalité, beaucoup de femmes mystiques ont connu cela. Ophélie en grande amoureuse trouvait ces choses normales : elles le sont physiquement. Je n'ai pas retrouvé un ouvrage que j'ai sur ce point. Je donnerai la référence si je le retrouve.

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    3. Voici la référence de l'ouvrage : " Eros transfiguré " Variations sur Grégoire de Nysse " d'Alain Durel édition du cerf.

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    4. Oui, elle était aussi fascinée par cette forme d'amour. Pour elle, il n'y avait pas de séparation entre l'extase mystique et l'extase amoureuse. À Rome, nous étions allée admirer la belle statue de Sainte Thérèse d'Avila par le Bernin, à l'église Santa Maria Della Vittoria. Ophélie avait voulu que nous fassions l'amour, immédiatement, dès notre retour dans notre chambre d'hôtel!
      Oui, Elisabeth, Ophélie avait lu "Thérèse mon amour" de Julia Kristeva!
      Je t'embrasse;

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    5. Je crois qu'Ophélie n'avait pas tort de comparer l'extase mystique et l'extase amoureuse. Effectivement, l'extase mystique peut provoquer des orgasmes aussi forts mais tous ne sont pas près à l'entendre... L'effet de Thérèse d'Avila sur vos étreintes est intéressant. Pour ma part, j'ai beaucoup testé l'entraînement coquin sur fond d'alleluias... (notamment dans Le Messie de Haendeyl et chez Mozart... ).

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    6. Tu as raison pour les exemples musicaux que tu cites, ils favorisent aussi mes orgasmes. Pour jouir, j'adore la grande musique religieuse et aussi Pink Floyd...

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  4. Un gode qui s'appelle Alexandre ? Pourquoi n'ai-je rien senti ?

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    1. Peut-être que tu ne t'en souviens pas. C'était il y a dix ans!

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  5. Toi aussi tu aimes les Floyd. Dark side of the moon fut le premier que j'ai entendu. J'avais 10 ans. Mon premier acheté et écouté en boucle : The Wall.
    Je ne savais pas que notre Ophé avait gouté aux charmes des filles de joie, fleurs de bitume dans certain pays

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    1. Oui, j'aime!
      Les filles de joie, c'est un truc pas très clair chez Ophélie. Je pense qu'elle a eu quelques expériences, à Paris, mais elle n'a jamais voulu me raconter dans le détail.

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