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Depuis mon voyage à Rome, ma vie avec Rose a repris. Une vie douce et paisible. Certes, Rose, parfois, est une fille colérique, souvent passionnée, mais elle est si affable, si expansive, avec un cœur grand comme ça, et si désireuse de s'épancher! Je mesure combien elle a fait de progrès pour surveiller son vocabulaire et son émotivité. J'aime... C'est finalement une chic fille qui adore rendre service, notamment quand les gens sont dans le besoin. Dans le village, comme elle n'a pas sa langue dans sa poche, elle va aider des vieilles personnes (ce que moi-même j'ai beaucoup fait quand je vivais à Paris) et ainsi elle se fait un peu d'argent pour financer son installation chez moi. Pour autant, elle a horreur de se faire exploiter, ou de se faire engueuler, et elle n’apprécie guère certaines contraintes excessives que certaines personnes indélicates tentent d'exercer sur elle, ce qui a pour effet de la mettre dans un état de fureur indescriptible... J'ai observé qu'elle avait besoin d'être encouragée et appréciée, que cela la motivait vraiment pour bien faire. C'est d'ailleurs ce que je fais souvent avec elle. Je remarque qu'elle se passionne pour tout ce qui affecte la vie des gens, leur travail, leurs sentiments, mais également pour tout ce qui bouge, le sport, le jardinage, les travaux dans la maison. Avec la douceur de ce printemps naissant, nous allons souvent dans notre jardin prendre des bains de soleil entièrement nues. Elle adore ces moments de détente, et là, elle se montre vraiment inventive pour me procurer du plaisir.


La semaine dernière, figurez-vous, non celle d'avant, enfin je ne sais plus, c'était un samedi après-midi, il faisait un temps magnifique, et Rose m'a dit soudain qu'elle voulait me punir. Je lui ai demandé pourquoi, mais elle n'a pas su me dire autre chose que d'avoir lu ma nouvelle "Black and White" dans mon blog, que cela l'avait beaucoup impressionnée, excitée, et que maintenant elle était diablement tentée. Comme elle insistait, j'ai accepté de jouer le jeu avec elle. Sans attendre, elle m'a donc installée dans une chaise longue en bois, où elle m'a ligoté les mains derrière la toile, puis a attaché chacune de mes chevilles au bois de la chaise longue, de chaque côté, ce qui m'écartait les jambes et m'ouvrait au maximum. Enfin, prenant son temps, elle a noué un épais foulard sur mes yeux, et m'a interdit de parler, de poser des questions, de dire quoi que ce fut, ce que, bien évidemment, j'ai respecté à la lettre. J'ai attendu dans cette position pendant une bonne dizaine de minutes (j'imagine qu'elle devait chercher les ustensiles nécessaires), puis, à un moment, j'ai ressenti une douleur horrible sur mon téton gauche. Elle me faisait le coup de la pince à linge. J'ai failli crier, mais je ne l'ai pas fait. Elle a continué sur le droit. Je n'ai pas crié non plus, mais j'avais atrocement mal. Je l'ai entendu me dire simplement: Bon Ophélie, à partir de maintenant, ta punition commence! Tu es une salope, et c'est pour ça que je te punis, tu en as pour une heure, mais pour l'instant, ce n'est pas fini! Elle est repartie, est revenue, m'a introduit un, puis deux, puis trois godemichés dans le vagin, rien que ça, ce qui fait que j'avais l'impression d'être une bombasse au bord de l'explosion. Bon, maintenant, je te laisse, qu'elle m'a dit, je me rhabille et je file chez la voisine. Au bout d'une heure de ce doux calvaire passé dans le noir, plus que jamais attentive aux bruits habituels du voisinage, aux pépiements des oiseaux et à l'invincible chaleur du soleil sur ma peau, j'ai alors entendu la clef tourner dans la serrure de la porte du jardin. La porte a grincé sur ses gonds comme à son habitude. Puis il y a eu un froissement de tissu, du tissu qu'on déplie et qu'on jette sur un transat. C'était elle. Elle était en train de se déshabiller. Quelques râles, des frottements incessants, quelque trémolos pas toujours mélodieux. Elle se faisait jouir. Tout cela, avant de me rendre ma liberté et de sucer mes bouts écrasés pour tenter de leur redonner leur forme primitive.


Parfois, quand nous sommes sérieuses, nous reparlons du délit qu’elle a commis qui l'a jetée à l'ombre de la prison de Rennes, quand elle a commandité la destruction par incendie du véhicule de sa copine Bibiana. Elle me dit qu'elle avait agi par vengeance, sous le coup de la passion amoureuse, suite au sentiment d’avoir été trompée et trahie. Elle n’a pas supporté l’abandon de celle qu’elle considérait comme son amante, abandon qu’elle a compris et vécu comme une trahison remettant complètement en question sa capacité de séduction et d’aimer, ainsi que son besoin de stabilité affective. Elle me dit qu'avec moi, ça ne se produira pas, parce que j'ai joué franc jeu avec elle, et que maintenant, elle accepte que je ne l'aime pas d'un grand amour, du moment que nous jouons à nos jeux complices. Elle sait que celle que j'aime, c'est Marianne. Elle me parle donc beaucoup de Marianne, me dit qu'elle a bien compris que je n'étais pour elle qu'une bonne copine, que je l'aimais seulement comme une bonne copine et pas davantage, et elle me remercie infiniment de l'aide que je lui ai apportée et que je continue de lui apporter, et me demande d'attendre encore un peu, car elle a un projet professionnel qui va naître et prendra peut-être un peu de temps. En fait, moi, je ne suis plus si pressée que je l'étais. Je me suis habituée à sa compagnie et je le lui ai dit. A présent, il est vrai, j'ai un peu de mal à m'imaginer seule sans elle. Dans cette maison, elle apporte la routine nécessaire à une vie organisée, mais aussi, si j'ose dire, un peu de piquant... Sur le plan physique, elle a pris du poids et des formes, ce qui n'est pas mal. Elle a de jolies jambes et de jolies fesses, mais manque encore de seins, même si, ces derniers temps, ils se sont quelque peu étoffés. Mais ça, je n'y peux rien. Avec sa petite poitrine, je ne la trouve pas vraiment bandante, et elle le sait, je lui ai dit. Pour moi, une femme, c'est d'abord une jolie paire de nénés bien ronds. Elle m'a répondu que quand elle aurait un peu de sous, elle irait se les faire gonfler. Je lui ai répondu que c'était certainement une bonne idée, mais qu'il ne fallait pas qu'elle le fasse pour moi. Elle m'a répondu: Si je le fais, Ophélie, c'est d'abord pour moi, moi aussi je ne les trouve pas assez gros, ils ne me plaisent pas!


Par associations d'idées, évidemment, je lui ai parlé de Marceline qui, elle, en a des gros, et je lui ai demandé ce qu'elle penserait si on invitait Marceline, un de ces prochains dimanches. On pourrait aller picniquer sur la grande plage de Tréguennec, s'il faisait beau, ou rester à la maison s'il pleuvait, devant un bon feu de cheminée. Rose m'a répondu qu'elle était d'accord, qu'elle avait bien envie de faire la connaissance de Marceline, depuis le temps que je lui en parlais, et qu'elle ferait effort de ne pas dire de gros mots à cette grosse salope. Surtout, elle aimerait bien découvrir ses gros nibards. Elle a ajouté qu'elle aimerait bien qu'il fasse beau, comme ça on pourrait faire l'amour toutes les trois sur la plage! Il faut dire que l'amour sur la plage, Rose y a pris goût, depuis que je l'ai emmenée deux ou trois fois déjà.


Pour revenir à Marceline, ce n'est pas si simple. Marceline est très amoureuse de moi, elle me dit qu'elle ne dort plus, qu'elle pense à moi sans arrêt, de jour et de nuit, que je suis une fée souveraine qui éclaire maintenant sa vie. Elle m'écrit des tonnes de mails, des poèmes... Elle est visiblement amoureuse, comme moi je peux l'être de Marianne... Je lui ai raconté mon voyage à Rome avec Marianne, et lui ai dit combien j'aimais Marianne. Je lui ai dit aussi que je ne pouvais aimer deux femmes à la fois. Enfin, j'ai voulu qu'elle sache que j'aimais beaucoup faire l'amour avec elle, mais que c'était Marianne que j'aimais. Cela eut l'air de la désespérer complètement! Elle s'est mise en colère. Comment peux-tu me faire l'amour, vivre avec Rose avec qui tu baises très certainement, alors que c'est Marianne que tu aimes? Et Marianne, d'abord, est-ce qu'elle le sait? Bien sûr lui ai-je répondu. Vraiment, tu m'épates! Comment tu es fabriquée, Ophélie? Je lui ai expliqué qu'il n'y avait pas d'incompatibilités, que je pouvais très bien aimer Marianne, vivre avec Rose maritalement, et faire l'amour avec elle, et aussi, éventuellement, avec Marlène... Je suis une hédoniste, lui ai-je expliqué, libertine et sensuelle, mais aussi une petite chose frêle, très sentimentale et fidèle... Elle s'est mise alors à me sourire. Je lui ai raconté ma vie, mon mariage, mes aventures avec Apolline, Emma, Amélie, Chloé... De son côté, elle m'a confié que bien avant mon arrivée à l'agence, elle sortait d'une longue relation amoureuse avec Odile, qu'elle avait quitté Odile pour Marlène, car Marlène l'avait subjuguée, mais que Marlène l'avait rapidement plaquée pour France. Elle en voulait à Marlène, mais continuait de la caresser et de lui faire minette dans le cagibi, mais savait très bien que Marlène aimait France. C'est d'ailleurs pour cette raison, me confia-t-elle, que Marlène n'a pas continué avec toi, Ophélie, tu le sais? Je lui ai répondu que j'avais très bien compris, mais qu'à Marlène, je n'avais pas encore dit mon dernier mot. Pour finir, j'ai invité cette malheureuse Marceline un dimanche, en lui disant qu'il y aurait Rose qu'elle pouvait considérer à sa guise comme mon mari ou comme ma femme, et dont la présence, je l'espérais, ne la gênerait pas. Marceline a accepté, mais nous n'avons pu fixer le jour, car elle doit impérativement rendre visite à différents membres de sa famille, plusieurs dimanches de suite... Vérité? Mensonge? En tous cas, c'est bien dommage!


De son côté, Marianne m'écrit tous les jours. Elle est encore sous le charme de notre merveilleux voyage à Rome, des douceurs de nos heures passées ensemble dans la villa Médicis, sur sa terrasse unique et lumineuse. Elle rêve que nous y retournons ou que nous repartons ensemble ailleurs... Ailleurs... Dans l'attente de cet ailleurs, je lui ai proposé de venir à P., passer un grand week-end. Elle est d'accord. J'en ai donc parlé à Rose qui n'y voit également aucun inconvénient, bien au contraire. Mais la première chose que ma Rose a su me dire, c'est comment on va dormir? Vous allez dormir tous les deux dans le lit à deux places, je le sais, et moi? Je l'ai rassurée et je lui ai dit que, d'ici là, on trouverait bien une solution. Marianne a repris sa vie d'épouse sage et de mère de famille bienveillante. Je la trouve vraiment très courageuse de faire "comme si" avec son mari. A Rome, chaque jour, elle me confiait, par comparaison à l'amour que nous vivions ensemble, qu'elle était maintenant sûre de ne plus aimer son mari, que peut-être même elle ne l'avait jamais aimé. C'est grave, pensait-elle. Comment ai-je pu être aussi aveugle? C'est fou comme la vie de Marianne ressemble à la mienne. Moi aussi, pendant longtemps, avec Léo, j'ai été une Marianne fidèle, aveugle, et fermée à moi-même. Mais je sens que Marianne s'éveille, devient vraiment vivante, découvre la richesse du désir et des plaisirs lesbiens, la sensualité d'être une femme avec une femme, de jouir avec des femmes, de découvrir tous les plaisirs exaltants de l'érotisme entre femmes. Combien de temps Marianne tiendra-t-elle ainsi, coupée en deux?


Ophélie Conan


Article publié dans "Conan la barbare I", le 15 avril 2011. Vous le trouverez également, en Kindle , avec d'autres, sous le titre générique "Sorcière bien-aimée".

 

Commentaires

  1. Beaucoup de femmes n'arrivent pas à comprendre que l'on puisse dissocier l'Amour et le sexe, comme le faisait si bien Ophélie... comme le font les hommes depuis toujours.

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    1. Elles ont tort.
      Tu as raison, c'est assez féminin. J'étais aussi comme ça, et Ophélie m'a très vite appris à dissocier, en fonction des circonstances et de mon désir. Mais cela suppose une absence totale de jalousie.

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  2. Il me semble avoir lu (même sûr) ce passage, où plusieurs
    vies, justement, s'entremêlent.
    C'était juste avant que toi, Marianne, tu décides de larguer tout pour Ophélie, et de venir vivre e Pays bigouden.
    Sûrement une période pas facile pour toi, déchirée entre l'amour de tes proches, et celui d'Ophélie.
    Ophélie savait grandement décrire ses amantes.

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    1. Oui, elle a écrit ce texte, avant que je ne vienne vivre avec elle et Rose. Oui, la décision n'était pas facile! J'étais déchirée, coupée en deux...

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