The piper at the gate of dawn

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

15

16

17

18

19

20

21

22

23

24

25

26

27

28

29

30

31

32

33

34

35

36

37

38

39

40

41

42

43

44

45

46

47

48

49

50

51

52

53

54

55

56

57

58


Au début, quand elles se retrouvaient dans la journée, le plus souvent chez Lois, elles s’empressaient de se déshabiller. Formidablement excitées l’une par l’autre, elles se jetaient à moitié nues sur le grand lit de la chambre à coucher, et certaines fois, ne gardaient sur elles que leur petit string à dentelles et leurs talons aiguille. Agenouillées face à face, elles se bécotaient, se tenant bien serrées, et passaient de longs moments à caresser leurs quatre seins fermes et coquins. C’était si enivrant, qu’à la longue elles perdaient les limites de leurs corps et ne savaient même plus si ce qu’elles tripotaient compulsivement était à soi ou à l’autre. Souvent, Lois empoignait sa propre poitrine, croyant malaxer celle de Jennifer.


Jennifer, qui était blonde, aimait prendre du recul sur sa compagne. Souvent, elle glissait un doigt dans l’élastique de son string et l’écartait suffisamment pour se payer le luxe de mater sa toison. Comme ça, rien que pour voir, rien que pour regarder, sans même toucher. En même temps qu’elle faisait ça, elle se disait que c’était étrange d’aimer regarder le cul d’une autre femme puisqu’elle-même avait le même, exactement le même, rigoureusement le même, mais c’était plus fort qu’elle. Assise sur ses talons, Jennifer tenait le string entrebâillé, et se mettait à rêvasser devant l’excitante petite touffe. Souvent, elle finissait par encastrer sa bouche quémandeuse sur l’une des avancées que Lois lui offrait. Lois ne demandait que ça, se faire sucer les seins! 


Parfois, au contraire, quand elles se jetaient sur le lit tout excitées, il arrivait aux deux filles de ne retirer volontairement que le bas. Alors, elles ne gardaient sur elles que leurs soutiens-gorge, parce que la vue de beaux dessous les excitaient. Pendant des heures, elles restaient ainsi, à se caresser sur le lit. Jennifer, le plus souvent, demeurait allongée, tandis que Lois, agenouillée à son côté, les jambes écartées, prenait plaisir à lui exhiber l’entrée de son sexe. Elle était particulièrement fière de ses poils que Jennifer lui taillait en losange. 


Elles aimaient se caresser longuement et délicatement, avec une minutie qui n’appartenait qu’aux lesbiennes. Jennifer, dans ces moments-là, n’en finissait pas de promener sa main fine sur le ventre plat de son amie, sur ses cuisses et aussi entre ses cuisses. Parfois, elle effleurait les lèvres de son sexe, regardant amoureusement Lois qui la regardait attentivement et lui adressait des œillades langoureuses. Lois était généralement moins active. Elle aimait se laisser faire et gardait le silence, se contentant de jouir des caresses que sa tendre amie lui prodiguait, ne les rendant qu’avec parcimonie, de temps à autre, sur un genou où elle prenait appui, le regard rivé sur le beau soutien-gorge.


Un jour, tandis qu’elles étaient étendues nues sur le lit et qu’elles s’ennuyaient, lasses d’avoir effectué toutes les caresses possibles qu’une femme peut donner à une autre femme pour la ravir, Lois demanda à Jennifer si elle désirait passer une guêpière. Etonnée, son amie lui donna son accord, et Lois alla immédiatement en dénicher deux dans le tiroir du haut d’une commode. A tour de rôle, elles s’aidèrent à installer les guêpières, et il leur fallut beaucoup de patience pour passer tous les lacets qui se croisaient dans leur dos. Mais, quand cela fut fait, elles trouvèrent le résultat assez amusant, jugeant particulièrement excitant de laisser leurs seins libres au-dessus. Dans cette tenue, elles déambulèrent dans le grand appartement, et imprévisible, Lois proposa d’entrer dans l’atelier de José.

— Ton frère n’est pas là? demanda Jennifer.

— Il est absent aujourd’hui. Viens, entrons!


Elles pénétrèrent dans la vaste et lumineuse pièce et, immédiatement, Lois alla s’asseoir sur le rebord d’une des nombreuses baies vitrées éclairant le grand mur qui faisait face. Les jambes écartées, tournant le dos à la ville grisâtre, telle une vamp, elle passa sa main dans sa chevelure aux reflets roux et minauda, tout en caressant ses seins libres au-dessus de la guêpière. Jennifer qui furetait dans l’atelier encombré de tableaux trouva un miroir qu’elle vint déposer entre les jambes de son amie et s’assit à même le plancher pour admirer dedans sa petite grotte. Elle le fit longuement et remarqua que l’entrée ressemblait à s’y méprendre à celle que lui exhibait Lois, juste au-dessus d’elle. Ensemble, face à face, elle se caressèrent d’une manière synchronisée. Pour Jennifer, elles étaient trois: elle-même, son image dans le miroir et juste au-dessus de son image, Lois, qui ressemblait à s’y méprendre à sa propre image. Mais laquelle des deux était la plus vraie?


Au bout d’une dizaine de minutes, quand elles en eurent assez de ce jeu, Lois demanda à Jennifer si elle voulait grimper sur le rebord de la baie vitrée.

— On va me voir, répondit son amie, avec tous ces gratte-ciel tout autour, et toutes ces fenêtres…

— Justement, j’ai envie de ça! Tu ne veux pas de te montrer un peu? Ce sera un beau spectacle pour ceux qui te regarderont!


Jennifer aimait les inventions érotiques de son amie et, cette fois encore, sans réfléchir, ne se fit pas prier. Mais, comme les montants de la baie vitrée étaient lisses, Lois dut hisser sa compagne en poussant ses fesses. Enfin, quand elle fut debout sur le rebord, Jennifer écarta ses jambes et ne tarda pas à trouver son équilibre.

— Laisse-toi regarder! dit Lois en caressant doucement ses fesses, est-ce que tu vois quelqu’un?

— Je ne vois personne, répondit Jennifer, parce que je ferme les yeux! Mais peut-être qu’il y a quelqu’un!


Ophélie Conan

Extrait de "The piper of the gate of dawn", une nouvelle publiée dans "Porteuses d'infini 1"


Une partie des illustrations de ce billet, dont le titre est emprunté à Pink Floyd, provient des œuvres de Maurits Cornelis Escher (1898-1972) qui est un graveur néerlandais spécialisé dans la représentation de constructions impossibles et pardoxales ou d'explorations visuelles de l'infini. Ce sont les images n°1, 4, 7, 8, 11, 12, 14, 16, 20, 21, 26, 28, 30, 36, 39, 40, 44, 45, 49 et 56. 





 

Commentaires

  1. Le texte est très érotique. Et il est directement et harmonieusement lié à la série d'images. Les images animées sont impressionnantes. Pour une raison quelconque, la 43ème image me provoque un délire de sensualité. Pink Floyd est mon groupe préféré et la référence à ce groupe remonte à ma jeunesse.
    Bon week-end.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pink Floyd s'est produit bien avant ma jeunesse, mais je l'écoute avec beaucoup de plaisir. C'était aussi une musique qu'adorait Ophélie.
      Je te rassure, même à moi qui suis une femme, vivre ou regarder ce qu'il se passe sur l'image n°43, me provoque aussi un "délire de sensualité" (belle expression).
      Je suis très contente de cette série que je trouve bien réussie. Merci et bon weekend, Giannis.

      Supprimer
    2. Si bien qu'Ophélie, entre autres, les aimait PINK FLOYD. Je suis sincèrement heureux.
      Mais ce qui se passe dans l'image 43 est une apothéose de l'érotisme. Comme la photo 41, un moment personnel, qui fonctionne comme un cadre d'érotisme en nous. Bonsoir Marianne.

      Supprimer
    3. Oui, le propre de l'art est d'être universel. Merci pour ton passage Giannis.

      Supprimer
  2. Le jeu du miroir m'intéresse et là, je retrouve Ophélie. J'aime aussi les images qui bougent dont l'une d'elles évoque une caverne utérine pour moi la 9. La 33 pourrait être une vibration vaginale. J'aime bien le godemiché partagé, et l'ensemble de cette éloge de la femme en noir et blanc.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, j'aime aussi beaucoup ces gifs animés (9 et 33) fascinants, dont les connotations sont évocatrices de profondeurs. Quant au partage d'un godemiché à deux têtes (double dong), c'est une pratique que je trouve noble, douce et romantique.

      Supprimer
  3. Belle nouvelle-histoire où l'on retrouve bien par ce qui est décrit des retrouvailles des deux femmes cette Union réalisée par le fait du Désir et de l'Amour, de la connaissance de soi et de son corps, de son être, on retrouve parfaitement cette Réalité de l'Union-harmonisation et synchronisation de deux corps, de deux êtres. Ces rencontres-là sont réellement cellulaires et fusionnelles, Fantastiques et tellement vibratoires..., Une très belle descriptions en tous cas et un ode à la Liberté, un chant de Libération des entraves et du Moi et du Toi. De plus il est bien mis en évidence et en valeur par le fait d'une part de la chambre et de la couche, dans l'"enclos" de la pièce cet isolement du Monde et du Social, pour offrir et s'offrir à cette Libération du fatras des convenances et des entraves multiples et diverses.., Et il y a aussi, en ce sens, une belle progression en passant par "l'ennui"; vers cette provocation du fait de la nudité exp-osée au Monde et à la Ville toujours dans l'enclos et derrière la limite transparente de la vitre pour préserver du toxique, après l'intermède de la reconnaissance de ce fait de la triangulation du Trois dans-par l'alchimie de l'Amour, et par le jeu du Miroir, 1+1 ne faisant 2 que par logique mathématique et sociale...

    Un régal que l'enchainement photograpique à travers Escher.... Schuiten y aurait sa place....

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu as raison. Il y a une certaine analogie entre Escher et Schuiten. Le début de cette nouvelle d'Ophélie se situe à New York. J'ai pensé l'illustrer avec Escher, mais j'aurais aussi bien pu le faire avec Schuiten. Merci et agréable weekend!

      Supprimer
  4. Ophélie avait le talent , par ses mots, de nous envoyer l'image, tel un film.
    Je vois Lois et Jennifer quand je lis ce texte.
    En plus, c'est très érotique, tendre, doux, comme j'aime.
    Comme les images sensuelles qui l'accompagnent.
    J'adore aussi l'imagination impressionnante de Escher.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, les œuvres d'Escher sont vraiment fascinantes et bluffantes. Bon weekend.

      Supprimer
  5. I'm pretty sure Escher would never have imagined that his abstract drawings could have ended up between two figures such as no. 48 and 50. He liked too much the complicated intricacy of straight lines to be fully attracted by the gorgeous 'rondeurs' and the mysterious furrow of those two pics.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. I completely agree with you, A.A.. But the contrasts go very well with Escher, and highlight it!

      Supprimer
  6. Un beau texte que tu as très joliment illustré, comme d'habitude.
    Bise et belle soirée, Marianne.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Contrefaçon

Le monde d'Ophélie

Chic! Chic! Hourra!

Fin de soirée

Sixtine

Nuages

Jolies poupées

Petites et grandes manœuvres

Une nature volontaire et capricieuse

Lilith