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Lilith est née des ténèbres dont elle tire son nom (Leïla ou Lavlah), et c'est la raison pour laquelle elle est noire. Elle précède Adam au Jardin d'Eden où elle est le serpent qui tentera Ève la claire, enroulée autour du tronc de l'arbre de la Connaissance. Elle est celle qui sait, car elle a mangé le fruit, et cela ne l'a point tuée. Elle sait que le désir est bon. Elle sait qu'elle est capable de prononcer le "nom indicible" de Dieu, et n'y voit aucun sacrilège. Elle sait qu'elle est démon sexuel et femme fatale, stérile, là où Ève est docile. Elle a pour parentes d'innombrables Vierges Noires: Isis, Kali, Sarah la noire, Marie l’Egyptienne, toutes déesses de la vie, de la mort, de la fécondité et des forces telluriques, bien antérieures au christianisme.
Vêtue de noir, assise sur un globe de même couleur, Lilith est la Déesse-mère qui préside aux plaisirs charnels. Bien que le noir effraie, ses qualités de déesse de l’amour et de la mort en font une divinité très conjurée dans la magie sexuelle. Avec elle, nous pénétrons dans le monde obscur, mais également dans l'espace des sciences secrètes, car le noir est la couleur du Grand Œuvre alchimique.
Elle apparaît dans le Zohar. L'Ancien Testament n'en dit pas un mot. Elle est la femelle qui "enfante l'esprit d'Adam" encore inanimé, et qui s'unit à lui quand il s'éveille. Elle est donc mère et future épouse, à l'image d'une femme supérieure incluse dans l'Adam originellement androgyne. Donc, avant Adam et Ève, il y a Adam et Lilith, égaux en droit selon leur Créateur, unis par le dos, selon la tradition talmudique. Pour les séparer, "Dieu fendit Adam en deux, moitié mâle, moitié femelle, et prépara la femelle, telle qu'on doit la parer pour l'introduire sous le dais nuptial." Mais d'emblée, c'est le conflit. Lilith aime les plaisirs du sexe et ne veut pas de l'ascendant d'Adam. Elle refuse de voir son corps déformé par les grossesses et elle pratique la contraception, voire l'avortement, ce qui va à l'encontre du Commandement "Croissez et multipliez-vous". Adam la soupçonne donc de forniquer inlassablement avec les incubes (démons mâles), ce qui contrevient au Commandement "Tu n’auras d’autres époux que ton époux". Enfin, Adam est un adepte de la position du missionnaire, ce que rejette évidemment Lilith. On le voit, la belle conteste les revendications de son époux à devenir le chef de famille, arguant de l’équivalence de ses droits. Lui ne veut rien entendre, affirme qu’il est le seul maître à bord de cette chétive humanité. Elle se rend compte que l’entêtement de sa moitié est sans espoir. Elle invoque le nom de l'ineffable et, miracle, elle reçoit mystérieusement des ailes qui lui permettent de s’envoler hors du Jardin d’Eden. Le cœur brisé, Adam implore le Tout-Puissant. Il veut qu'on lui rende sa moitié. Alors le Créateur, ému de sa détresse, envoie trois anges à la recherche de Lilith: Snwy, Snsnwy et Snglf, afin de la persuader de revenir auprès de son mari. Malgré la menace du Seigneur de faire mourir chaque jour, cent des enfants qu'elle mettra au monde, elle refuse.
Désespérée, Lilith pense mettre un terme à son malheur en se jetant dans la Mer Rouge, mais les trois anges adoucissent leur "angélique menace" en lui octroyant un pouvoir de vie sur ses enfants nouveau-nés, ceci pendant huit jours après leur naissance, si ce sont des garçons, et vingt jours, si ce sont des filles. En échange, Lilith doit accepter de perdre ce pouvoir à chaque fois qu’elle verra l’image des anges sur une amulette. Elle ne veut donc rien entendre et préfère se rallier à Satan, maître des anges déchus, qui la rencontre en train de se lamenter. D’accord sur leur égalité, ils deviennent époux et s'installent dans la vallée de Jehannum (la Gehenne). Chassée de l'Humanité, Lilith recherche quand même des humains, mais ne trouve que des animaux et des démons. Elle se jette dans la diablerie et fornique non seulement avec Satan, mais avec des démons et démones succubes. Yawhé, convaincu de l’irrémédiabilité de ses turpitudes, la rejette définitivement de la surface de la Terre, et la projette dans l’abîme, tout au fond des océans où elle enfante une multitude de démons aquatiques et infra-terrestres, devenant ainsi la Femme des trois mondes. Seul le monde céleste lui est inaccessible.
Sans être une Succube, Lilith surpasse rapidement les servantes attitrées de Satan et devient sa préférée. Mais, grande maîtresse des servantes, rageant de n'avoir aucune autorité sur les démons mâles placés exclusivement sous l'autorité de son époux, elle se venge en le trompant. En retour, il la trompe avec Ève. C'est pourquoi elle devient le serpent qui provoque la chute de la blonde, et incite Caïn à tuer Abel. Parce que ses enfants s’entretuent, Adam refuse de coucher avec Ève, et se masturbe. Cela permet à Lilith d’enfanter des nuées de démons avec son sperme tombé à terre, et cela pendant cent trente ans. Lilith n'a qu'un désir: se venger et se venger encore, en particulier en venant, sur terre, troubler la vie des Hommes, en particulier des jeunes encore peu expérimentés. Sur terre, on fait des prières pour éviter ce fléau. Mais si, de jour, ces prières sont efficaces, la nuit elles ne le sont pas. Propulsée par les forces du mal, Lilith sort des Abîmes et vient débaucher les fils et les époux esseulés aux abords du crépuscule, et cela pour toujours. Elle devient la reine de Saba, l’une des deux prostituées qui se disputent un enfant devant Salomon et, pour le reste des temps, parce qu'elle est maîtresse de son désir, la reine des forces du mal, la reine de la nuit, le démon femelle, la grande prostituée de Babylone, la future sorcière qui brûlera sur les bûchers du désir collectif refoulé, la "vamp fatale" des romans et des films noirs, la Lolita de Nabokov...
En tant que femme supplantée ou abandonnée au bénéfice d’une autre femme, Lilith représente les haines familiales, la dissension des couples et l’inimitié des enfants. Dévorée elle-même par la jalousie, elle tue les nouveau-nés allant jusqu’à les dévorer, s’enivrant de leur sang. Si la garde des mères est trop vigilante, elle déterre leurs cadavres, les vide de leurs entrailles. Punie par la stérilité, elle se déguise en serpent et vient pervertir Ève en la possédant charnellement. De cette union, naît le premier être humain ombiliqué (doté d’un nombril): Caïn, qui commet le premier meurtre sur Terre, en tuant Abel, son propre frère. Ainsi, Lilith, est quadruplement vengée: à travers l’homme trahi (Adam), à travers la mère bafouée et trompée, à travers l’enfant perverti devenu assassin (Caïn) et quatrièmement par l’enfant tué. Bien au-delà de la vengeance, Lilith peut jouir du mal pour le mal en tant que pratiquante du satanisme.
Le refus originel d'être "parée pour les noces" et son appropriation de la connaissance scellent pour Lilith la fin de l'innocence édenique, et la femme-serpent est prête pour engendrer de multiples sirènes et mélusines à la beauté souveraine, mais qui toutes signifient la perte de l'homme, éperdu d'amour pour elles. N'acceptant pas son rôle de soumise, la première chérie d'Adam se pose clairement en rebelle, face à la volonté de Dieu. Contrairement à Ève qui se conforme à la loi conjugale, accepte son rôle d'épouse et de mère, mais également son rôle d'inférieure, Lilith n'est pas conçue à partir d'une côte d'Adam, et c'est là toute la différence! Avec son vagin sur le front, elle est le contraire de la licorne et gouverne tout ce qui est impur. Elle laisse à Ève le rôle d'épouse soumise aux lois du mariage et de la maternité, et à la Vierge des Chrétiens la place du féminin "pur et sans tâche". Ses nombreux enfants étant sacrifiés, elle refuse toute descendance. Comme la Lamia grecque, elle se met à capturer les enfants des autres pour les dévorer, devenant ainsi le symbole de la jalousie des femmes stériles. Sa capacité sacrificielle de femme qui dévore et qui tue, fait de Lilith, l'une des premières figures de la mère impitoyable qui ne recule pas devant le meurtre de sa propre progéniture (comme Médée), ni devant celui de ses amants, n'hésitant jamais à marier l'amour et la mort.
Lilith, c'est la "lune noire" des astrologues, c'est la capacité de chaque femme de refuser la sexualité bridée par la loi sociale ou divine. Grande initiatrice, elle gouverne le désir le plus profond de la femme ivre de son corps, et renvoie à l'ineffable. Sans aucun doute, c'est la première féministe, et ses excès sont en rapport avec la durée si longue de son asservissement.
En fait, Lilith serait une démone d'origine sumérienne, vieille de 4000 ans. L'étymologie de son nom renvoie tout à la fois au vent (lil, en sumérien), à la lascivité (lulti, en sumérien), à la nuit (laïla, en hébreu), et à la gueule (lou'a, en hébreu). On la retrouve dans plusieurs religions, sous l'aspect d'une démone aux attributs masculins et dévorateurs. En fait, c'est une déesse-mère, une déesse-serpent et une déesse ailée, qui allie les caractères chtonien, aérien et aquatique. Déjà présente dans l’épopée de Gilgamesh (Gilgamesh et le saule), sous le nom de Lillaka, on la retrouve comme "déesse-aux-serpents" dans la civilisation minoenne, mais aussi en Egypte sous les traits d’Isis, la déesse ailée, épouse d'Osiris. Elle aurait été reprise par la tradition juive aux temps de la captivité de Babylone, où elle représente l'ancien matriarcat, finalement supplanté par l'avènement du patriarcat. Dans la démonologie occidentale, elle n'est autre que la Reine des Striges, ces démones vampires ailées, munies de serres de rapaces, qui attaquent les hommes et les détruisent après leur avoir procuré des plaisirs érotiques et qui tuent les enfants dans le but d’utiliser leur chair et leur sang pour la confection de philtres et de maléfices. C'est pourquoi, au Moyen-âge, il était encore de pratique courante de protéger les femmes en couche et les nouveaux-nés par des amulettes fixées aux murs, au dessus des lits et de réveiller les enfants qui souriaient dans leur sommeil, craignant qu’ils fussent séduits par Lilith. On l'accuse également de pousser les femmes à se donner des orgasmes solitaires devant les hommes afin qu'ils se masturbent, et qu'ainsi elles puissent se féconder elle-mêmes avec leur sperme répandu à terre. Pourtant, malgré sa sexualité illimitée et sa fécondité prolifique, Lilith est paradoxalement symbole de frigidité et de stérilité. Pour la Bible, il n'y a qu'une femme: Ève qui, plus sage (pas complètement!) aurait remplacé Lilith. Au IVème siècle, Saint Augustin la ressuscite dans un texte pour en faire une illusion de l’esprit, mais ce n'est qu'à partir de Renaissance qu'elle apparaît vraiment dans la littérature chrétienne, avec son caractère androgyne qui la place au centre de tous les mythes qui traitent du désir et du sexe.
Ophélie Conan
Billet du 11 avril 2012, paru dans "Conan la barbare I".
"Pour moi l'homme et la femme sont égaux ontologiquement. Seule, la culture a pu modifier cette identité ontologique.
Si être Lilith est être une femme non soumise, je le suis, mais avant tout, je suis femme. Là est pour moi l'essentiel.
Si Lilith est une forme de démons comme dans certaines mythologies, je ne me reconnais pas en elle."
Elisabeth de Hautségur
L'imagination humaine a inventé tellement de croyances, de religions, de déesses et de dieux, de démons... Et il est vrai, assez peu de démones. Lilith comble un vide dans ce cortège de créatures extraordinaires et fantastiques.
RépondreSupprimerCertaines modèles photo, souvent gothiques, ont adopté ce pseudo. Je ne les regarderai plus avec le même œil...
Oui, ce prénom va très bien avec une conception gothique de l'existence. Son utilisation en pseudo, n'est sans doute pas due au hasard!
SupprimerLa recherche d'Ophélie est passionnante. J'avais perçu l'origine sumérienne, la présence dans la mystique juive. Pour Ophélie, le fruit de La Connaissance est le désir ( sans doute même le désir lesbien ). La tradition biblique est différente sur ce point. Son texte fait très bien sentir la transgression heureuse grâce à cette connaissance ( dans le texte biblique, l'homme et la femme se sentent nus car non protégés de la vision de leurs limites : je ne développe pas mais il s'agit d'une connaissance qui se reçoit pour qu'elle ne soit pas culpabilisante ). D'ailleurs, le tétragramme les revêt de peaux de bête parce qu'ils ont peur... Lilith est la femme libre ( est-elle libre de son origine? Question ouverte ). Elle s'oppose au Tétragramme comme elle s'oppose à Satan ( souvent vu en mâle et qui est neutre ). Elle a inventé l'insémination artificielle. Est-elle frigide? Il m'a semblé le lire, mais ce ne serait qu'une hypothèse. Lilith choisit d'être déesse : attention aux mythologies qui la font tomber du côté des démons antithèse du divin. Je ne sais qui a choisi les illustrations, mais celle qui porte le numéro trente deux est une communion dans une messe noire. Ophélie était capable de s'intéresser à ce genre de choses. La Consécration et le sexe s'unissent dans les messes noires. Lilith a bien raison de refuser de dépendre de Satan. Aurait-elle un pôle déesse et un pôle vampire? Sujet inépuisable et fascinant! Merci à Ophélie et à toi Marianne pour ce texte.
RépondreSupprimerTu poses beaucoup de questions qui appellent des réponses pour lesquelles nous n'avons guère de certitudes, d'autant que la figure de Lilith est porteuse d'interprétations différentes, selon les cultures, comme tout mythe. C'est quand même une rebelle qui peut être revendiquée par certaines féministes et lesbiennes. C'est Ophélie qui a choisi les illustrations et j'avais bien vu que la 32, tu as raison, pouvait faire écho à une messe noire!
SupprimerJe suis d'accord avec la conclusion d'Elisabeth.
RépondreSupprimerCes légendes sont écrites par des mains d'hommes ou de femmes.
Ne peut-on pas vivre paisiblement, dans l'égalité Homme/ Femme,
tout simplement ?
Moi, je vis dans ce sens, et je vis bien.
Notre devise n'est-elle pas Liberté, Egalité et Fraternité,
même si beaucoup ont oublié le numéro 2, ce qui n'est pas mon cas.
Tu as bien raison, moi aussi, en tant que Marianne, j'adopte les valeurs de la République, mais celles-ci ont été acquises difficilement, et il est intéressant d'observer ce que les mythes véhiculent en ce qui concerne la différence des sexes, notamment. Ceci étant, les mythes sont porteurs de beauté et inspirent encore la création des artistes et les fantasmes des amoureux et amoureuses...
SupprimerJ'ai lu une histoire en silence, que bien sûr je ne connaissais pas du tout. Une histoire de vieilles croyances et légendes. Je fais toujours preuve de respect pour ces questions qu'elles méritent.
RépondreSupprimerJe crois aussi à l'égalité des sexes. Quelque chose qui dans l'évolution de la société a disparu au profit de la propriété et de l'exploitation.
La mythologie grecque a des racines pures dans lesquelles le respect et l'acceptation des femmes sont une donnée. Six déesses sont des femmes, égales aux hommes au pouvoir.
Je te souhaite une bonne soirée et une bonne semaine. Les images sont très belles, je distingue 1,13,20,22,28
Il me semble aussi que l'égalité des sexes est bien posé dans la mythologie grecque, tout comme la différence des sexes. La différence des sexes ne semble pas avoir d'influence sur leur égalité. Merci pour ton commentaire.
SupprimerCe thème est vraiment magnifique. Je suis content que vous soyez d'humeur à discuter. Bonsoir.
SupprimerDiscuter est bien normal. Il est intéressant d'échanger des points de vue pour mieux se comprendre. Bonne soirée ou bonne nuit!
SupprimerAmen!
RépondreSupprimer"Extraire Ève des côtes d'Adam" est un voeu poétique de Joumana Haddad et je vous invite à lire dans son ouvrage, petit recueil poétique "Le Retour De Lilith".
Oui Lilith est une ode à l'affranchissement et à la libération de l'être, notamment de l'homme en regard de nos conditionnements respectifs bien que l'on reste encore dans une représentation véhiculée par une putride idéologie restrictive et réductrice de nos réalités, bref! une religion de plus.
Encore un Délit-Cieux enchaînement d'images dont l'œuvre de Von Stuck (4) qui m'a bouleversé bien davantage que la Joconde avec son vêtement bien fermé. Une Lilith vue à Berlin dans le musée de cet artiste dont beaucoup d'œuvres sont consacrées aux Ténèbres. Ces Ténèbres où réside également le Porteur de Lumières Lux-Ferre, Lucifer, la version masculine du Mal...
Des êtres bibliques qui par leurs présences dans les regards que l'on peut avoir sur le Monde permettent souvent d'observer l'envers des décors et des soi-disant vérités et réalités préfabriquées dans lesquelles sous évoluons conditionnés quasiment comme des boîtes de conserves.... dont il est parfois difficile de s'extraire ou d'extraire l'autre. Engoncés et enfermés dans des schémas qui visent principalement à nous éteindre plutôt qu'à nous embraser et en l'espèce Lilith et Lucifer sont plutôt sympathiques puisque si l'on s'en tient à cette légende, ils ont plutôt mis de 'animation et le bordel dans cette histoire plutôt chiante de ce Dieu Blanc et de son idée de paradis chiant comme la pluie, ou nous serions égaux par le fait d'un mec qui décide de tout à son seul profit. Et pourtant ! Il fait si bon étre différents et Uniques et se mettre sens dessus-dessous et dans tous les sens... plutôt que bien rangésdans des principes.
Mais bon on reste encore dans la religion, dont il est si bon de s'extraire, comme de s'extraire de la société pour vivre heureux ensemble et se réaliser soi-même, c'est bien connu, surtout lorsque l'on désire vivre et aimer, s'aimer autrement et hors de ces modes de vie et de pensées préfabriqués et prêts à l'emploi,
Au Diable les principes! Vite un bûcher! Un Pal que Diable!
Et dansons!
Merci pour ce passionné et bel éloge de la différence et de l'originalité! J'applaudis. Nous applaudissons.
SupprimerIl y a des échanges que tu n'as peut-être pas lus sur mon blog entre Henri et moi, notamment sur ce thème. Il est tout aussi passionné!
SupprimerUn grand merci pour ce clapping et pour son organisation très réussie!
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SupprimerJe redécouvre plus avant le texte d'Ophélie, et je découvre une des plus belles "études" que j'ai lu de par la diversité et la richesse des approches qu'elle a produites. Et tu as du voir, vous avez du voir toutes les différentes analyses que j'ai récupérées dans un lien fourni je ne sais plus où... Mais non, je ne suis ni scientifique, ni historien, ni théologien, ni chercheur... Mais Wouaouh! Digne d'un essai!
L'vocation de l'association de Lilith au Noir et aux ténèbres renvoie pour beaucoup à ce qui a valu prison et acharnements jusqu' à sa mort par assassinat à Malcom X. il a déclaré très tôt que Dieu était Noir en justifiant le fait. Il a dans le même temps déclaré que le sexisme au détriment des Femmes relevait de la même intention "Blanche et masculine" de discriminer et de faire souffrir par domination et emprise (esclavage et assignations diverses).
Pourtant Malcom X était croyant et prêcheur... Il a pris conscience de ces faits-là de la discrimination par la manière dont les blancs on écrit les grands livres et les dictionnaires (de blancs et d'hommes) en définissant le Blanc comme 'Pur et sans tâche" comme l'écrit Ophélie à propos d'Ève-Bonde-La Cruche en tant qu'objet de marketing religieux!
Garder à l'esprit que les religions et ce depuis l'invention des premières entités invisibles et soi-disant supérieures, toutes les religions ont pour unique fonction de créer et de structurer des représentations mentales par le fait de mythes, symboles et autres archétypes Et Ophélie le met parfaitement en valeur lorsque qu'elle évoque Lilith en "Lune Noire" et parle d'asservissement. Alors Oui, pourvu que Lilith permette à chacune et chacun de s'affranchir de ces entraves psychiques, intellectuelles, sociales et autres... Au Diable (sic) ton dieu et ses cortèges de souffrances... Et que Vive la Joie!
On retrouve en trame ce "Noir" discriminant et sexiste tout au long de l'écrit d'Ophélie, ce si beau Noir Lumineux comme le traduit Pierre Soulages par ses "Outre-Noirs"...
Étonnant de voir-lire Lolita de Nabokov en Lilith, mais pourquoi pas!
La Magie sexuelle est évoquée, connaissait-elle "Le Mystère de la Fleuraison d'Or"? Il s'agit d'uvrage d'enseignement de la Magie, notamment la Magie sexuelle, si cela vous intéresse, j'en possède une version .pdf. Elisabeth a fait une allusion à partir d'une image photographique de "messe noire" qu'elle a rapproché d'Ophélie dans un de ses commentaires, ici ou ailleurs..., alors peut-être qu'Ophélie pratiquait et s'intéressait à la Magie...
Belles images que Lilith en sirènes et Mélusines et c'est tellement évident! Pauvres hommes qui passent sans cesse à côté et au loin du féminin et de l'Amour sans jamais même le connaitre de toute une vie... Et nous assistons chaque jour aux spectacles des conséquences même si dans nos pays on ne prend pas (pas encore) des bombes sur nos maisons en se contentant juste d'en fabriquer et d'en vendre pour aller détruire au loin au nom du blanc et de sa domination sexiste et raciste...
Intéressante allusion à Lilith et à ses dimensions meurtrières comme on le retrouve dans les premières tablettes d'écritures, les célèbres tablettes d'argile de Sumer, dans lesquelles il est fait mention d'Ishtar et du rituel de sacrifice annuel de son mari de Dumuzi qu'elle ressuscite chaque année selon le cycle des saisons. Histoire véhiculée tout au long de l'Antiquité et qui selon beaucoup de chercheurs serait à l'origine de l'invention de l'histoire bricolée de la résurrection du Petit Jésus, ainsi que de l'histoire de la Mère porteuse aux deux Papas, la célèbre Vierge, sa mère !!! Mais Ophélie en parle bien mieux que moi à sa façon,
En tous cas merci à vous deux Marianne et Ophélie pour que vive Lilith et que ses Feux embrasent Tout sur Terre......
Merci, Elisabeth. J'ai lu ces très savants échanges!
Supprimer@ Henri: La parenté de Lilith et d'Ishtar est pertinente. La figure de Lilith hérite certainement des grandes déesses-mères archaïques qui avaient été crées il y a très longtemps à l'image de la Nature elle-même, pourvoyeuse de vie autant que de mort (ce qui est la stricte vérité, la vie se construisant à partir de la mort. Naître, c'est n'être). Ces figures féminines d'avant les monothéismes réunissent en elles des couples d'opposés fondamentaux (Eros et Thanatos, l'amour et la guerre, la vie et la mort). Sans doute le monothéisme mâle impose-t-il, une image plus apaisée, moins ambivalente, mais complètement subalterne et infériorisée de la femme, avec Eve et la Vierge. Mais à quel prix pour les femmes?
SupprimerPOur faire vite à propos de la condition féminine, le prix c'est l'assignation des corps, comme peut le produire le capitalisme et la démocratie par l'esclavage, le racisme, la xénophobie, l'homophobie, sinon que pour la femmes comme pour les noirs, c'est tout additionné et en pire.... Et l'évolution du polytéisme au moment de la transition des dominations impériales antiques s'est traduite par l'invention du monothéisme blanc, dominateur, sexiste et raciste. L'écriture du bouquin par les romains concentre et structure ce que l'Antiquité à engendré de pire de par l'assemblage d'à peu près toutes les légendes antiques que l'on peut retrouver dans les premiers écrits humains de l'Afrique à l'Asie, tout y passe..., d'enculer les mouches et couper les cheveux en quatre sur la tête d'un chauve, pourvu que cela serve les intérêts de ceux qui se sont désignés élus de Dieu, et de nos élus du peuple... et capitaines d'industries. Dès lors que l'on avale la croyance en une entité supérieure qui ordonne et crée, c'est gagné pour le pouvoir et ses applications infinies (of course!, il suffit mécaniquement de faire glisser les croyances sur un plan psychique chez les individus, et Pasolini (Pier Pao), lui aussi sauvagement assassiné et mutilé, torturé a parfaitement dessiné le dessein de ce que sont aujourdhui les médias télévisuels, les réseaux sociaux, etc. Il n'y a qu'à voir les investissements engagés dans l'IA et les algorythmes pour traiter les données de nos smartphones et autres ustensiles connectés, compteurs, bagnoles, etc.
RépondreSupprimerEt merci pour cette touche de poésie par le fait de l'Amour, de la Mort dans et par l'Amour par le fait de naître, d'Être et de nous vivre ainsi incarnés... Il existe un texte magnifique de J.R. Caussimon, merveilleusement chanté par Léo Ferré qui pourrait être un épitaphe de papier éphémère pour Chanter à Ophélie....
https://youtu.be/ebeibrd0J58
En tous les cas, merci pour ces échanges riches en découvertes et explorations, car je vais revenir sur bien des passages du texte d'Ophélie pour approfondir..
D'accord avec tes réflexions, magnifique chanson de Léo Ferré et très beau texte de J.R. Caussimon. Merci Henri.
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