Paraphilie


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Hier, ma tante Angèle m'a répété ce que lui avait dit le curé de la paroisse. Le saint homme a dit de moi que j'étais une perverse, une paraphile. Je ne sais d'où il tient ce mot qui ne figure pas dans les Evangiles, et en plus, je suis bien certaine n'être jamais allée m'exhibée devant lui, ni devant son presbytère, ni non plus me faire fesser par Rose sur l'autel de l'église (et encore moins me confesser d'ailleurs). Mais, je suppose, que dans les petits bourgs de Bretagne et de Navarre, tout se sait. Il est vrai que parfois, Rose et moi avons une activité nocturne un peu... marginale, mais nous restons néanmoins très discrètes et prenons grand soin de ne pas nous faire remarquer. Je sais bien, Yann et Joséphine, nos gentils voisins, ont peut-être la langue bien pendue, surtout quand ils ont bu deux ou trois verres de mélange bigouden.


J'ai donc cherché ce que voulait dire "paraphile" et j'ai lu que paraphilie ou perversion sexuelle regroupait un large éventail de pratiques sexuelles atypiques, des fantaisies, des impulsions, des attirances sexuelles différentes de l’acte hétérosexuel classique ou des comportements sexuels socialement définis comme "normaux". Je me suis alors demandé si l'homosexualité était une paraphilie. Et bien non, d'après le DMS IV (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders) ouvrage de référence dans le monde entier qui définit ce qui est normal et ce qui est pathologique, ce n'en plus une depuis 1973. Comme quoi, mes amis, la psychiatrie est une science qui bouge!


J'ai lu aussi qu'il existait 547 paraphilies recensées (je ne détaillerai pas) et que le fantasme en tant que tel, c'est-à-dire l'attirance paraphilique n’était pas condamnable en soi, certaines paraphilies ne gênant strictement personne. Ainsi en est-il de la nanophilie qui poussent certaines personnes à préférer des partenaires de petites taille ou de la pédiophilie ou attirance sexuelle pour les poupées, les ours en peluche et autres jouets zoomorphes ou anthropomorphes. Bien sûr, certains actes paraphiliques tombent sous le coup de la loi, quand ils impliquent un partenaire non consentant (viol, exhibitionnisme), ou un enfant (pédophilie).


Oui, c'est vrai, je suis une paraphile, car j'aime exhiber ma nudité discrètement, surtout dans des lieux publics, j'aime me masturber et faire l'amour avec une femme (dans les mêmes lieux publics et toujours discrètement), j'aime recevoir des fessées érotiques de la part d'une femme (éventuellement dans des lieux publics, mais là, vraiment discrètement), j'aime le bondage (à la maison, dans mon jardin, en forêt), mais surtout et avant tout, j'aime faire l'amour avec une femme, sans forcément user de toutes ces manières de faire. Ce qui m'importe, c''est de casser la routine. De la variété avant toute chose!


Les spécialistes du désordre mental disent que pour poser un diagnostic de paraphilie, il faut que l'objet de la déviance soit la seule source de gratification sexuelle pendant une période d'au moins six mois et qu'elle cause "une détresse clinique notable ou un handicap dans le domaine social, professionnel ou autres domaines fonctionnels importants", ou encore impliquer une violation du consentement d'autrui. J'ai lu également que les cliniciens considéraient trois niveaux de paraphilie, en distinguant les degrés dits optionnels, préférés et exclusif. Une paraphilie serait "optionnelle" quand c'est un moyen alternatif à l'attirance sexuelle, pour intensifier occasionnellement une excitation sexuelle. Elle serait préférée, quand on la préfère aux activités sexuelles "normales", mais qu'on s'engage encore dans des relations sexuelles dites "normales", et enfin, elle serait exclusive, quand on devient complètement incapable de la moindre excitation en son absence.


En fait, je ne sais pas ce que je suis. Si je suis une paraphile, je ne suis sûrement pas une exclusive. Mon vice est parfois préféré, mais le plus souvent optionnel. Le reste du temps, je suis une femme amoureuse, et je dis que le curé est une bien mauvaise langue. Pour l'instant, j'attends que la société évolue, pour me retrouver comme tout le monde. Mais peut-être que je le suis déjà? Déjà Charles Fourier, n'avait-il pas écrit, en 1817, dans "Le nouveau monde amoureux", qu’il existait une infinité de fantasmes et de sexualités que les individus se devaient d'harmoniser de manières complémentaires, et que "ce qui fait plaisir à plusieurs personnes sans préjudicier à aucune est toujours un bien sur lequel on doit spéculer en Harmonie, où il est nécessaire de varier les plaisirs à l’infini".


Ophélie Conan

Publié le lundi 19 mars 2012 dans "Conan la barbare I"

Re-publié dans "Excentrique"


Voici un texte d'Ophélie plein d'humour qui trahit peut-être sa crainte d'être une dévoyée, voire une dérangée. J'ai illustré ce texte par quelques tableaux d'une Anglaise que son époque (qu'il faut situer entre l'ère victorienne et l'apparition des suffragettes), a toujours considérée comme parfaitement méritante et "rangée". Il s'agit de Dame Laura Knight (1877-1970), peintre et graveuse figurative, surtout reconnue pour être la peintre des femmes anonymes. Vous trouverez avec plaisir, je crois, les œuvres de cette bonne dame en n°1, 3, 5, 6, 9, 12, 13, 14, 17, 18, 20, 24, 25, 26, 29, 30, 32, 33, 38, 39, 40, 41, 42, 47.

Je trouve que cette femme exemplaire, élevée au rang de "Dame" dans l'Ordre de l'Empire Britannique, donne souvent libre cours, dans ses tableaux, à son désir, lesbien peut-être, et elle a bien raison. Qu'en pensez-vous?

Marianne





Commentaires

  1. Je ne saurais dire si Dame Laura Knight laisse exprimer son côté lesbien dans ses tableaux. Certains pourraient le laisser penser, il est vrai.
    Par contre, tes photos et gif ne sont en aucun cas équivoques. Et j'aime beaucoup...
    Bise et bonne nuit, Marianne.

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    1. Tu le penses donc un peu! Elle n'est pas connue pour avoir été lesbienne, mais rien n'est ou blanc ou noir!
      Je t'embrasse.

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  2. Ophélie a une réaction fascinante en menant des recherches profondes sur la paraphilie mais je crois que j'aurais agi comme elle. Peut-être aurais-je été tentée d'envoyer au curé le fruit de mes recherches car ce pauvre homme devait tout ignorer des découvertes d'Ophélie. Je connaissais Charles Fourier pour ses travaux sur l'organisation de la société dans un style anarchiste ( à entendre au sens de Proudhon ). Vous pouvez d'ailleurs lire la page que lui consacre wikipedia. J'ignore où le curé a trouvé le terme " paraphilie " mais les ouvrages de pornographie mystique sont nombreux chez les catholiques : ils recensent tous les interdits avec des détails qui surprennent le lecteur candide. Ophélie a parfaitement raison avec sa citation de Charles Fourier. Je ne comprends pas du tout ce curé et je me demande comment Tante Angèle a reçu cette étrange révélation à laquelle elle ne dut rien comprendre. Le curé devait être assez vicieux pour s'intéresser à ce point à toutes les formes de sexualité au lieu de lire La Bible où ce terme n'existe pas!!! J'ai bien aimé l'ensemble des tableaux qui exaltent la femme. J'ajoute aussi pour Gem que j'ai été aussi intriguée par les jets de lait des seins dans l'article précédent. Merci à Ophélie et à Marianne de nous apporter tant d'éléments de culture précieuse ( sans doute non connue par ladite culture générale qui a de grosses lacunes ).

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    1. Je ne peux vraiment pas te répondre concernant la réaction de Tante Angèle. C'était une brave femme assez bigote qui aimait beaucoup sa nièce et fermait les yeux sur le comportement trop sexy à ses yeux, de celle-ci, mais qui n'aurait certainement pas voulu contredire le curé. De son côté, Ophélie ne cherchait pas à provoquer sa tante qu'elle aimait beaucoup. Je crois comme toi que, peut-être, le curé trahissait ses propres fantasmes en traitant Ophélie de "paraphile".

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  3. J'ai une préférence pour les tableaux où le rouge domine, me demandant si le curé fonctionnait comme un taureau devant l'étoffe remuée par un toréador pour lui, et songeant à Carmen, je la classe dans les femmes libres et nous faisant honneur. Son rôle dans l'opéra de Bizet demande de bons graves pour une soprano : Maria Callas dont la tessiture était large l'a souvent chanté. Les tableaux 18 et 41 sont identiques : est-ce un signe de jeux de miroir d'autant plus qu'ils comportent des glaces? Sais-tu Marianne, si Tante Angèle a eu droit à quelques explications d'Ophélie ou même si elle a lu l'article désopilant rédigé par cette dernière, car Tante Angèle avait dû aussi être étonnée mais je doute qu'elle ait poursuivi les mêmes recherches qu'Ophélie?

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    1. J'aime beaucoup ce tableau qu'on retrouve en 18 et 41. C'est la raison pour laquelle il apparaît deux fois comme l'image du sujet devant son miroir. Tu as vu juste, Elisabeth!
      Comme je te le disais dans ma précédente réponse à ton commentaire, je ne sais s'il y a eu des explications entre Angèle et Ophélie. Je ne suis venue habiter chez Ophélie, à P. qu'en octobre 2012. Par ailleurs, je suis d'accord avec ce que tu écris sur Carmen, femme libre, et la beauté de cet Opéra, chanté par La Callas dans le rôle de Carmen. Merci.

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  4. Beautiful selection of images, as usual! As for Laura Knight's sapphic penchant, see her Self-portrait with Nude (no. 5) where she portrays herself admiring the naked body of a model woman.

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    1. Yes, this self-portrait may prove it. Thank you for your comment!

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