Olivier est venu abattre le frêne


Proche de nos communs était un frêne, pas encore très grand, mais menaçant pour ce bâtiment. Des branches tombaient régulièrement sur sa toiture, et ses tuiles, à vue d'œil, se couvraient de mousse. Lors de sa visite avec Sacha, le 5 décembre dernier, Olivier avait rapidement diagnostiqué le problème, et s'était proposé d'y remédier en venant abattre l'arbre.

Aujourd'hui, ce frêne n'est plus.

Dimanche dernier, en début d'après-midi, Olivier est venu avec ses tronçonneuses. Après un petit café de courtoisie, il a commencé à grimper le long du tronc, accroché à un harnais, pour débarrasser l'arbre de ses branches principales. Il était impressionnant d'agilité et de souplesse, il maniait avec une aisance époustouflante sa petite tronçonneuse, et toutes les quatre, nous le regardions, admiratives. A la fin, il a fait tomber le tronc, en le sciant à sa base avec une plus grosse tronçonneuse et il a débité l'ensemble en morceaux courts pour nous permettre de les brûler plus facilement dans nos cheminées. Enfin, quand il nous en donna l'ordre, nous l'avons gaiement aidé à ranger tout ce bois dans le bûcher des communs.

Son ouvrage terminé, Olivier prit le temps de regarder plus attentivement les lieux, et il nous dit: C'est drôlement grand, ici, vous en avez de la place! A mon avis, ça a dû servir d'écurie autrefois! Vous savez pourquoi? Regardez, il y a encore deux mangeoires là-bas! Nous le savions, bien évidemment, n'étions pas aveugles et avions déjà remarqué la présence de ces deux mangeoires en fonte. Mais il reprit: Ça devait aussi servir à ranger la carriole du curé, ainsi que ses outils de jardinage, et tout et tout! Là-dessus, Olivier se mit à rire bruyamment et, comme à son habitude, assez bêtement. Enfin, il ajouta: Bon, maintenant, Mesdemoiselles et Mesdames, je vais vous laisser, Monsieur mon mari m'attend!

Vous êtes mariés? demanda Joséphine. Non, je plaisantais, répondit Olivier, en riant toujours de manière aussi surprenante. Quand il s'éloigna avec son matériel, je lui demandai combien je lui devais pour le frêne mais, évidemment, il me répondit, toujours en riant: Rien du tout, rien du tout, ça m'a fait plaisir de vous aider!

Je lui expliquai que je trouvais son geste gentil et désintéressé, mais quand même, il avait travaillé et devait se faire payer! En même temps, je le poussais doucement vers la cuisine en lui proposant un nouveau café, avant de partir. Olivier s'installa à table et mes deux jeunes filles préparèrent le café et les tasses. Joséphine s'éclipsa. Assis, Olivier, visiblement content de lui, estimait avoir bien travaillé. Nous acquiesçâmes, et reprîmes en chœur que c'était un boulot dur et pas facile, nous autres femmes en aurions été totalement incapables. C'est alors que je me lançai. A ce propos, Olivier, dis-je, je voulais vous demander... 

Il me coupa net. On peut se tutoyer, Marianne, si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je tutoie bien Gaëlle et Honorine! Je répondis que je n'y voyais aucun inconvénient, et poursuivis: Oui, je voulais te demander, Olivier... Saurais-tu fixer des anneaux de fer dans les murs?

Olivier me regarda tout étonné. Bien-sûr, dit-il, si vous avez des anneaux! Je répondis par la négative. C'est pas grave, mon père doit en avoir dans tout son fumier. Des gros anneaux, des moyens, des petits? Des anneaux moyens, précisai-je, en montrant le diamètre avec mes doigts. Il était encore tout  étonné. Vous voulez attacher quoi avec ça? Un cheval?

Je lui expliquai que c'était nous que nous voulions attacher à ces anneaux, parce que nous étions adeptes de jeux bdsm, et que nous voudrions beaucoup d'anneaux à différents endroits des communs, fixés dans la maçonnerie ou dans les éléments de charpente de ces derniers. Je vois, je vois, dit-il, je vois ce que vous voulez... Et il se mit à rire en se rengorgeant.

Puis, il resta un long moment silencieux, comme si il réfléchissait à la faisabilité du projet, mais il finit par nous demander: vous êtes toute nues quand vous êtes attachées? Bien sûr, répondis-je, et même quand on attache! En touillant son café avec sa petite cuiller, il répéta encore je vois, je vois... En somme, il vous faudrait combien d'anneaux? 

Je ne savais pas exactement, mais je répondis: une bonne cinquantaine! Il me dit qu'il n'y avait pas de problème, que son père aurait sûrement ça dans son fumier, mais que c'était quand même un vrai boulot que de les fixer dans les murs ou dans le bois. Je lui répondis que j'en étais parfaitement consciente et qu'il n'était pas question qu'il travaille gratuitement cette fois-ci, que j'exigeais absolument de le rémunérer. Alors il me demanda pour quand je voulais ça. Je lui répondis que ce serait bien s'il pouvait installer ces anneaux avant le réveillon du premier janvier, car j'avais des invitées qui en seraient ravies. Il était d'accord. Il reviendrait pour qu'on précise les emplacements, mais je lui dis qu'il fallait d'abord que nous voyions ça ensemble, avec Joséphine et les deux filles. Bien-sûr, me dit-il en riant encore bêtement, on ne peut pas mettre ça n'importe où! Il se frotta la barbe vigoureusement, ce qui est certainement chez lui un signe de contentement, puis il acheva de boire son café, sans rien ajouter.

Bon, dit-il, en se préparant à sortir, maintenant je vais y aller, quand soudain Honorine prit la parole. Marianne, dit-elle, tu n'as pas parlé à Olivier, pour les fauteuils et les tables, c'est important! 

Olivier se rassit. Ah ouais, c'est quoi, exactement ces fauteuils et ces tables? Nous voudrions aussi, dis-je, des fauteuils et des tables réalisés dans du gros bois, dans des sortes de madriers, tu vois, également munis d'anneaux, c'est possible?

Bien-sûr! dit Olivier, tout est faisable. On te fera des plans, dit Gaëlle, et on te montrera des photos de notre collection 3d qui pourront servir de modèles. OK, dit Olivier, vous voulez ça en chêne, je suppose, je demanderai du bois à mon grand-père, il faut qu'il soit bien sec, et je vous ferai ça, mais ça sera seulement en janvier, pas avant! Faut que je travaille dans ma maisonnette et puis, faut que mon grand-père débite le bois dans sa scierie, et il est vieux mon grand-père, il dort tous les après-midi! C'est déjà bien, ajoutai-je, si déjà tu peux nous installer rapidement les anneaux dans les communs!

C'est d'accord! C'est comme si c'était fait!

En rangeant ses tronçonneuses dans sa voiture, Olivier nous lança: C'est super les filles, je vois que vous savez trop bien vous amuser! Vous avez raison! Sacha et moi, on ne le fait pas assez! Je suppose que dans vos jeux, vous n'acceptez pas de spectateurs mâles, même des pédés comme nous? Non, dit Joséphine, qui venait de réapparaître, nous voulons rester entre filles!

Je vois, dit Olivier, je vois. A plus les filles!

Marianne


 

Commentaires

  1. Il est très gentil et serviable, ce garçon !
    Je pense que ça lui fait du bien de voir des nouvelles têtes, des personnes qui ne le rejettent pas à cause de sa différence.
    Bon, je suppose que dans vos jeux, vous n'acceptez pas de photographe mâle, même hétéros ?. Ok Joséphine, j'ai compris ! 😉 Je file en riant bêtement...
    Bise à vous toutes.

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    1. Oui, Olivier est un garçon gentil et serviable, mais il a un de ces rires! C'est bien dommage!
      Dommage aussi pour photographes mâles, mais aussi pour les homos mâles!
      Bise quand même, Phil qui file...

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  2. Chère Marianne,
    Ton texte est amusant par les étapes que tu décris. Evidemment, tu n'as pas parlé de ton blog à Olivier dont tu as excité les fantasmes! Déjà, j'avais songé qu'il n'avait pas vécu de partouzes entre hommes en lisant sa réaction devant les matelas. La suite t'apprendra peut-être s'il tente ce qu'il devine entre vous ou non. En tout cas, un mec bricoleur, c'est très pratique. Bien sûr, vous avez besoin des anneaux pour le week end du premier janvier. Je t'embrasse. Elisabeth.

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    1. Je ne sais pas si ce passe-temps bdsm entre femmes a excité Olivier, en tant que participant ou voyeur. C'est du moins ce qui ressort de nos discussions entre filles. En revanche, je crois que ça l'exciterait de faire ça avec d'autres hommes. Visiblement, tu as raison, il ne l'a jamais fait. J'espère qu'il tiendra sa langue...

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    2. Oui, Marianne, l'idée de faire la même chose que vous entre hommes semble transparaitre des propos que tu nous partages. Pour sa langue qu'il doit tenir, mets un cierge à l'église qui doit être proche du presbytère!!!

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  3. As your AA (Anonymous Admirer), I have already taken on the role of precautionary adviser; so, I underline your wish: "J'espère qu'il tiendra sa langue..." That is extremely important! Protect your privacy as a condition of your happiness.
    [Congratulations for your idea of 'decorating' your house with so many useful rings.]

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    1. Dear AA,
      Gaëlle is getting to know Olivier well, and thinks we can trust him. Hope we made the right decision. Thank you again for your warning!
      Kiss

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  4. C'est bien un homme à tout faire, mais, ça oblige à mettre à jour certaines confidences de votre vie de lesbiennes.
    Mais, bon !
    Je vois que votre réveillon du Nouvel An va être des plus excitants (à la Andrew Blake ), si les anneaux sont à poste, dans les prochains jours.
    J'espère que l'on pourra vivre ça sur ton blog dans les moindres détails.
    Je sais que tu le feras, Marianne, comme l'avait fait Ophélie, quand vous aviez loué un vieux manoir en Finistère. J'avais adoré.
    Bises à vous.

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    1. J'espère bien qu'Olivier ne sera pas un homme à tout faire! Il sera rétribué financièrement pour ce que nous lui demanderons de faire, afin qu'il n'y ait pas de malentendus. Que veux-tu dire quand tu parles de "mettre à jour certaines confidences de notre vie de lesbiennes"?

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    2. Je ne voyais pas à mal, pour l'homme à tout faire. Olivier a l'air gentil et très serviable, je pense qu'il fait ça de bon cœur. Ça se voit et il ne cherche pas à être rémunéré.
      Je sais que tu voudrais lui donner quelque chose pour le récompenser (je parle d'argent, bien entendu) pour que ce soit plus juste. Pas sûr ,qu'il accepte. Il fait ça pour son plaisir et le votre, parce qu'il se sent bien avec vous, amicalement, ça va de soi.
      Les confidences...et bien, par exemple l'existence de la machine. Le bdsm, c'est déjà fait. J'espère qu'il va garder tout ça pour lui, et son ami, et que ça n'ira pas plus loin. C'est tout.

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    3. On ne pouvait pas éviter d'évoquer à Olivier le bdsm en lui demandant de fixer des anneaux. Bien sûr il n'est pas question de lui parler de la machine, ni non plus de lui montrer notre collection de godemichés et autres accessoires, ni encore de lui dévoiler l'existence de ce blog. Ce matin, il est venu pour fixer les anneaux, et cet après-midi, il y travaille encore. C'est assez dur à faire et il le fait sérieusement, sans faire allusion à nos pratiques sexuelles. Peut-être nous imagine-t-il attachées à ces anneaux, qu'il est en train de fixer, avec des godes dans la chatoune ou des pinces au bout des seins... En tout cas, il n'y fait pas allusion, il travaille vraiment comme un pro. On ne dirait pas qu'il est coiffeur de formation. Les filles ne sont pas là aujourd'hui (elles sont au travail), et Olivier n'a affaire qu'à Joséphine et à moi. Bien sûr, nous évitons tout débordement sexy devant lui (mais pas derrière son dos, évidemment!).

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    4. Chère Marianne,
      Il n'y avait aucune raison de lui donner trop de détails sur vos accessoires. Sans être très informé, il a sans doute songé au bdsm au sujet des anneaux mais s'il ne l'a jamais pratiqué, il n'a pas forcément une image adéquate des différentes postures possibles, ce qui n'est d'ailleurs pas nécessaire. En revanche, le rémunérer évite toute ambiguïté. Je suppose qu'il faut avoir vécu ces expériences pour les imaginer. En tant que lectrice, je ne cerne sans doute pas tout. En revanche, cela m'a conduite à réfléchir à des liens entre une forme de violence et mon désir au sein de ma vie moins mouvementée.

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    5. Vous avez déjà, donc, votre cadeau de Noël, avec ces anneaux.
      Le premier de l'An va être chaud.
      Je voudrais être petite souris.

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    6. J'espère qu'il sera chaud climatiquement, d'abord, car en ce moment, il fait plutôt froid dans un endroit non chauffé, en tenue d'Ève...

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