Les femmes d'Amphissa

 


Ce tableau de Lawrence Alma-Tadema, datant de 1887, est l'illustration d'un épisode historique à valeur morale relaté par l'auteur grec antique Plutarque. Les habitants de Phocide sont en guerre contre ceux d'Amphissa. Des Bacchantes venues de Phocide, emportées dans leurs danses rituelles nocturnes en l'honneur de Dionysos, s'endorment épuisées sans bien savoir où elles sont. Au matin, elles se réveillent et constatent avec effroi qu'elles se trouvent sur la place du marché d'Amphissa, chez leurs ennemis. Mais les femmes d'Amphissa se regroupent autour des Bacchantes, les protègent et leur offrent le gîte et le couvert, en suppliant leurs maris de ne pas tuer ces étrangères sans défense.

On découvre dans ce tableau les Bacchantes au réveil, allongées à même le sol, les cheveux en bataille, les pieds nus. Certaines dorment encore tandis que d'autres s'étirent de façon nonchalante. Le sol est jonché de leurs vêtements, de peaux de bêtes et de tambourins. Leurs postures lascives, peintes toutes en courbes, soulignent la nuit de débauche qu'elles viennent de passer.

L'attitude des Bacchantes contraste fortement avec celles des femmes venues faire leur marché qui sont raides, figées et qui rappellent par leur gravité les statues antiques. On peut lire sur les visages des nombreuses femmes découvrant cette scène de débauche une myriade de réactions différentes. Alors que certaines semblent étonnées par la présence de ces femmes, d'autres exposent leur dédain, voire leur mépris. Quelques-unes affichent leur curiosité, leur étonnement et même leur envie.

Sur la place où se déroule la scène, le marché est déjà installé avec les nombreux produits qu'il propose: huiles, miel, œufs, viande, poissons... Alma-Tadema offre au spectateur la rencontre de deux groupes exclusivement féminins. Seul un homme figure dans le tableau: un marchand situé dans la pénombre de son étal.

La description de ce tableau que j'emprunte à Wikipédia expose bien son sujet. C'est la rencontre entre deux mondes de femmes: celles qui se vouent au plaisir et les autres. Ce tableau, évidemment nous parle, ici au presbytère, car il nous semble que nous faisons partie des deux groupes.

Nous sommes des femmes comme tout le monde, nous travaillons et sommes inquiètes de notre pouvoir d'achat, de la guerre en Ukraine et du réchauffement climatique, et nous sommes aussi des assoiffées de voluptés, d'orgasmes et de cyprine. Ce que nous aimons dans ce tableau, c'est la compréhension des femmes d'Amphissa pour les Bacchantes, qui montre bien qu'en toute bonne ménagère, en toute femme rangée, il y a aussi une libertine, n'est-ce pas Joséphine?

Marianne

Commentaires

  1. Excellent post! I did not know Plutarch's anecdote and Alma Tadema's painting. As for your remark on the double nature of women... well, the contrast between a public respectable facade and a private 'wilder' side is truly exciting and is an essential feature of eroticism. I wish all of you a truly 'hot' weekend... AA

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    1. Dear A.A. It is this painting and its analysis that inspired me this feminine dualism. I believe that is quite true!

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  2. Je suis tout à fait d'accord avec toi Joséphine. Dans chaque personnalité, bien sûr aussi chez les femmes, les deux formes que vous décrivez peuvent exister harmonieusement.
    Vous êtes dans ces deux groupes et c'est très bien.
    Passe une bonne journée.

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    1. Oui, la plupart des femmes sont dans ces deux groupes, et ce n'est pas toujours facile pour certaines qui le vivent mal!
      Bisous Giannis,
      Marianne

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  3. L'attitude des femmes d'Amphissa est très touchante et j'aime bien cette solidarité entre femmes. Nous sommes peut-être, en effet, un peu des deux côtés. Néanmoins, je pense davantage à Nawel el Saadaoui et à Soeur Emmanuelle qui menaient un combat pour les femmes en Egypte où je les ai connues.

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    1. Nawal el Saadawi est une belle figure de l'émancipation des femmes dans le monde arabe. Je l'admire beaucoup.
      Marianne

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  4. Ce tableau est superbe. Je l'adore, tout simplement. La composition est magnifique. Les couleurs idem. Je pourrais détailler l'attitude de toutes ces femmes, mais cela prendrait beaucoup trop de temps. J'aime particulièrement les deux femmes, à gauche, qui offrent des fruits et un breuvage quelconque, de l'eau sans doute. Merci de partager cette œuvre.

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    1. Le partage d'une telle œuvre est un vrai plaisir!
      Marianne

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  5. Ce tableau est magnifique. Autant d'expressions sur les visages et de beauté féminine.
    Le descriptif est aussi tout autant somptueux et nous ouvre les yeux sur un fait historique ou légendaire. (Merci Wikipédia, et merci Marianne de le remonter.)
    Comme quoi, il y a, et ça on le savait (je le savais), une totale solidarité entre femmes, même ennemies. On y voit servir des plateaux de fruits et des boissons.
    Je ne sais la profondeur du message pour Joséphine, je suppose qu'on peut allier les tâches quotidiennes, aux plaisirs sexuels des lesbiennes et au libertinage.
    J'ai lu dans un lointain post que ce n'était pas la devise de Gaëlle et d'Honorine. Je me trompe peut-être et attends l'avis de vous quatre.

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    1. Le clin d'œil à Joséphine était pour lui rappeler qu'elle a surtout eu une vie de labeur et de devoir auprès de son mari, et qu'il lui a fallu attendre sa soixante-quinzième année pour débuter une vie de libertine! Evidemment, Gaëlle et Honorine ne sont pas de cette génération, mais cela ne les empêche pas de faire face aux dures réalités de la vie, si cela est nécessaire. Pour elles (et pour moi), le plaisir est prioritaire... Et le travail, une solution pour accroître le plaisir ou éviter le pire... Bonne soirée.
      Marianne

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    2. L' Anonyme, c'est Gil. Comprends pas. Bizarre, même.
      Bien sûr, après l'effort, le réconfort, comme on dit.
      Ça va de soi.
      Gil.

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    3. Bonjour Gil, c'est mieux de savoir à qui l'on parle!

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  6. Ben, oui. Et je vois que mon logo est revenu. Bizarre, bizarre. Ça beugue.

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    1. Et, j'espère que ça ne beugue pas entre nous, malgré mon appartenance à la gent masculine.
      J'aimerais d'ailleurs avoir un peu d'avis, de commentaires, de femmes (il y a la fidèle Elisabeth, bien sûr, que j'apprécie beaucoup)...mais les femmes sont-elles moins accros de blogs qui rejoignent leurs désirs, leurs choix sexuels ?
      Leurs échanges seraient des plus précieux.

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    2. Ton appartenance à la gente masculine? Bien sûr que non, les hommes sont des femmes comme les autres (sur le plan des relations sociales et amicales, j'entends). Quant à davantage de commentaires de femmes, je ne m'explique pas. Je t'ai déjà évoqué ce problème et n'ai pas la solution...
      Marianne

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    3. Des femmes comme les autres...Et, c'est vrai, je suis un lesbien.
      Tes amies et amantes bretonnes, américaines et italiennes pourraient se joindre à nous...enfin aux commentaires...

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    4. Ces amies bretonnes, américaines et italiennes ne connaissent pas l'existence mon blog, pas plus qu'elles ne connaissaient l'existence de ceux d'Ophélie. Pour moi, le but n'est pas d'avoir des commentaires d'amies, ni non plus d'obtenir beaucoup de commentaires de femmes! La rareté des commentaires de femmes est simplement un constat qui n'est pas dramatique.
      Marianne

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    5. Ah, dommage !
      Je trouve que leurs commentaires auraient été précieux.
      Pourquoi, cacher l'existence de ce blog très bien ficelé, et très intéressant ?
      La peur que tu parles d'elles ? Mais comme tu en parles d'une manière positive, en tout anonymat, je ne vois pas ce qui est dérangeant.
      Mais, il y a peut-être autre chose. Seule, toi le sait.
      Ici, la chaleur revient en Bretagne. Je ne sais comment c'est en Perche, mais, si c'est le cas, aussi, vous allez vous éclater encore de nombreuses fois, la nuit. (Etes-vous des vampires ?)
      Bises et bon W-E.

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    6. On ne sait jamais comment réagissent les personnes! A Joséphine, nous ne l'avons pas dit immédiatement. Sandrine, Marlène, Marceline, les Italiennes et les Américaines, bien qu'amies et compagnes de jeux érotiques épisodiques ne partagent pas avec nous la même intimité. Peur qu'elles se fâchent en l'apprenant, et peur de les perdre! Ces cachotteries sont peut-être un peu ridicules...
      Oui, la chaleur revient, et c'est vrai que cela promet de belles sorties nocturnes! Merci, Gil et bon weekend.
      Marianne

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