|
1 |
|
2 |
|
3 |
|
4 |
|
5 |
|
6 |
|
7 |
|
8 |
|
9 |
|
10 |
|
11 |
|
12 |
|
13 |
|
14 |
|
15 |
|
16 |
|
17 |
|
18 |
|
19 |
|
20 |
|
21 |
|
22 |
|
23 |
|
24 |
|
25 |
|
26 |
|
27 |
|
28 |
|
29 |
|
30 |
|
31 |
|
32 |
|
33 |
|
34 |
|
35 |
|
36 |
|
37 |
|
38 |
|
39 |
|
40 |
|
41 |
|
42 |
|
43 |
|
44 |
Ce dernier week-end, nous nous sommes rendues, Marianne, Rose et moi à une soirée dans un château de la région. C'était une soirée très privée, organisée par une dame très chic et sans doute très riche que je ne connaissais pas, âgée d'une soixantaine d'années. Elle avait fait savoir qu'elle désirait recevoir dans son château de jolies lesbiennes, à l'occasion d'Halloween, mais sans citrouilles ni sorcières aux grands chapeaux pointus noirs. C'est Marlène, ma collègue de travail qui, ayant eu vent de cette invitation, nous en avait fait part à Marceline et à moi. J'en avais aussitôt informé mes compagnes et Marianne et Rose étaient d'accord pour se rendre à cette soirée. Nous avons aussi invité Sandrine, une copine à nous, qui a également accepté. Nous pensions également inviter Agathe, l'ex-petite amie de Rose, mais nous y avons renoncé.
Nous sommes donc allées toutes les quatre dans ce château. Nous y avons retrouvé Marlène et Marceline qui étaient accompagnées d'une certaine Anne, et avons été reçues très gentiment par la dame. Nous étions en tout une quinzaine de femmes, âgées entre 25 et 45 ans. Certainement, j'étais parmi les plus vieilles, mais pas parmi les moins jolies (du moins ce sont les charmants propos qui me furent tenus au cours de cette soirée).
Au début, la dame nous a réunies dans un grand salon autour d'un thé et d'un choix impressionnant de délicieux petits gâteaux, en attendant que les dernières participantes arrivent. Il y avait une grosse citrouille sur une table, pour marquer le 31 octobre, mais rien de plus. Puis, au bout d'un moment, notre hôtesse nous a demandé de l'écouter. Elle nous a d'abord souhaité la bienvenue à toutes, puis a présenté le programme de la soirée. Il s'agissait d'un grand jeu, une sorte de Guess Who, à la fin duquel il y aurait deux gagnantes en fonction des points obtenus. Au début, chaque participante devrait se présenter en se déshabillant tout en annonçant son prénom, son âge et quelques caractéristiques anatomiques. La présentation pourrait être tactile et olfactive. Ainsi, par exemple, quand celle qui se présenterait exposerait telle ou telle caractéristique concernant ses seins, ses lèvres, son sexe, ses fesses, son nombril, que sais-je... les autres, chacune à son tour (pas toutes en même temps, évidemment), pourraient se déplacer vers elle et vérifier avec leurs mains, leur bouche ou leur nez la pertinence de son propos, afin d'expérimenter et d'apprécier concrètement avec tous les sens... Je passe sur la suite des explications de notre charmante hôtesse…
Le jeu commença. La présentation de toutes les participantes fut très longue, mais évidement nécessaire pour la suite du jeu. Il fallait être très concentrées et faire attention aux moindres détails, bien les retenir. Quand nous nous fûmes toutes ainsi présentées et que nous nous retrouvâmes toutes en tenue d'Eve, la dame qui restait la seule personne habillée, tira au sort l'une d'entre nous et confia à celle-ci une épais bandeau noir, genre colin maillard, qu'elle devait placer devant ses yeux pour se rendre aveugle. Puis la dame nous demanda de nous disposer en cercle autour de celle qui venait d'être tirée au sort. Celle-ci passa de l'une à l'autre, dans le sens des aiguilles d'une montre, en essayant de deviner pour chacune d'entre nous son prénom, avec ses mains, sa bouche et son nez. Elle n'avait droit qu'à un seul diagnostic. Pendant ce temps, notre hôtesse comptabilisait les bonnes et les mauvaises reconnaissances, et nous autres, debout, attendions patiemment notre tour pour nous faire palper, humer, lécher, mordiller à tous les endroits du corps, en même temps que nous étions spectatrices des manières de faire de chacune, de sa méthode, de son humour, de ses errements et de ses égarements. Le jeu était très érotique, mais aussi très drôle. Certaines, particulièrement consciencieuses, ne se privaient pas de caresses fort coquines, particulièrement longues et appuyées, sous prétexte qu'elles espéraient ainsi trouver de solides arguments pour étayer leur diagnostic. Celui-ci d'ailleurs ne pouvait être comparatif, je veux dire qu'il nous était formellement interdit de revenir en arrière, vers une précédente personne déjà palpée, pour procéder à certaines comparaisons. Par ailleurs, la maîtresse du jeu n'exprimait jamais à l'intéressée si son choix était juste ou faux, et cela, bien évidemment, compliquait les choses à l'aveugle tâtonnante.
Quand mon tour arriva, sur quatorze participantes, j'en reconnus correctement onze. Bien sûr, je n'eus aucun mal à différencier Marianne, Rose, Sandrine, Marlène et Marceline, qui avaient des corps que je connaissais sur le bout des doigts pour les avoir souvent palpés, respirés et léchés. A la fin, notre hôtesse désigna les deux gagnantes: celle qui avait le mieux reconnu les autres, et celle qui avait été le plus reconnue par les autres à l'issue des quinze tours. Et bien, je suis arrivée deuxième pour la première épreuve, avec onze bonnes reconnaissances, et première, à la seconde, avec cent soixante cinq choix (corrects ou incorrects) sur ma personne. En additionnant ces deux scores, je fus donc désignée reine de la soirée! Marianne arriva troisième, Sandrine quatrième, Marceline sixième, Marlène septième et Rose neuvième.
Après ce jeu fort plaisant et rempli de belles émotions, notre hôtesse nous distribua à chacune un bandeau noir, avec l'obligation de le garder sur nos yeux jusqu'à ce qu'elle nous permît de le retirer. Pendant ce temps, elle nous donna carte blanche (si j'ose dire, car nous étions dans le noir) pour faire toutes les expériences et toutes les rencontres possibles que nous désirions, ceci dans les limites du seul rez-de-chaussée de la demeure. Interdiction était donc d'aller à l'étage (à cause de chutes possibles dans l'escalier) et interdiction aussi était de nous parler lors des rencontres, ou plutôt des collisions. Tous nos échanges devaient être réalisés sans la parole et avec tous nos sens autres que la vue. L'expérience fut étrange et très enrichissante. Je m'aperçus bien vite qu'il était fort difficile de vivre aveugle et muette, car tout prenait un relief si bizarre au bout d'un certain temps, presque angoissant, les objets, les sons, les odeurs, le corps des autres... mais c'était tellement excitant! Bien sûr, l'attraction des corps est universelle, car il fut rare, quand on rencontrait quelqu'une dans un lieu inconnu qu'on ne s'accrochât pas désespérément à elle, et elle à nous, et qu'on n'eût pas envie de repartir ensemble à la recherche d'une autre encore. Ainsi, on en rencontrait une, ou deux, ou trois et, ainsi de suite. On formait des amas de chair de plus en plus gros, ivres et de plus en plus incoordonnés. On avait étrangement besoin d'être ensemble, on se sentait bizarrement grégaires, on se touchait, on se frottait, on embrassait des bouches, on tétait ici un sein, là un autre, une bouche vous tétait soudain. On ne tenait pas en équilibre, on tombait par terre, on se retrouvait sur un carrelage froid et dur ou bien sur un tapis doux et chaud, on ne savait pas avec qui on était, on respirait son haleine, son parfum, on sentait soudain glisser un gode en soi. On se disait: d'où vient-il celui-là? Qui l'a trouvé? C'était tout simplement étrange et merveilleux...
Vers une heure du matin, notre hôtesse nous invita à souper, puis à passer la nuit dans son château (ce n'était pas prévu!). Et le lendemain, jour des morts, elle nous proposa encore d'autres jeux.
Ophélie Conan
"Conan la Barbare I", 6 novembre 2013
"Un papillon qui fait de l'effet"
Avec ce texte d'Ophélie, je propose de jolies images dont celles de Françoise de Felice. Née d'un père italien et d'une mère française en 1952, Françoise de Felice est une peintre sensible qui aime représenter les femmes, leur mélancolie, leur douceur et leurs amours, toujours d'une manière discrètement érotique. Ses œuvres figurent ici en n°1, 2, 3, 7, 10, 11, 12, 15, 16, 17, 21, 22, 23, 27, 28, 32, 33, 34, 37, 38, 39, 40, 43 et 44.
Marianne
Voici un récit intrigant et des illustrations plaisantes.
RépondreSupprimerCette soirée chez la châtelaine a-t-elle réellement eu lieu, ou seulement dans l'imaginaire d'Ophélie ?
Cette soirée a réellement eu lieu, j'y étais!
SupprimerWhat an incredible experience! It made me think of the entertainments of the libertine aristocracy of the past centuries. It would be interesting if you, Marianne, would post on your blog your own memories of that extraordinary 'soiréé'. AA
RépondreSupprimerIt is certain, this unforgettable evening is reminiscent of the entertainments of the libertine aristocracy. Yes, AA, I can try, a little later, to complete Ophélie's text.
SupprimerMarianne
Dommage que les caméras de Marc Dorcel ou d' Andrew Blake n'étaient pas là, parce que ces scènes font penser à des films qu'ils auraient pu réaliser.
RépondreSupprimerEt aussi, un plaisir excitant et certain à contempler ces jeux.
La brochette des images et les peintures sont encore bien choisies comme à ton habitude Marianne.
Le spectacle était effectivement de qualité et aurait sans doute pu figurer dans un film de ces messieurs, mais s'ils avaient été là, nous n'aurions sans doute pas voulu participer au tournage. Et, puis un tournage de film c'est autre chose! Nous venions à cette soirée pour nous retrouver entre filles.
SupprimerMerci Gil pour ton commentaire.
Marianne
Oui, effectivement. Mais j'aurais dû te proposer Ovidie, ancienne actrice porno, qui est passée derrière les caméras pour défendre la cause des femmes. Elle est donc, réalisatrice féministe, auteure littéraire, de bd, et aussi de dessins animés sur Arte pour la libération de la femme.
SupprimerOui, c'est une meilleure proposition!
SupprimerMarianne
L'aventure est passionnante, pleine d'inattendus et de plaisirs. J'aime beaucoup les tableaux que tu as choisis, Marianne.
RépondreSupprimerPour nous, c'était une aventure extraordinaire, dans un monde inconnu. J'ai beaucoup fantasmé après, sur cette soirée. Elle ne s'est, hélas, jamais reproduite, la châtelaine étant morte, je crois... Quant aux tableaux de Françoise de Felice, oui, ils ne sont pas mal du tout!
SupprimerMarianne