Cela ne serait pas facile. Je craignais l'œil du conducteur dans le rétroviseur. J’avais peur que l’homme se retournât, intrigué par les bruits et les mouvements qu’inévitablement je ferais. Mais, mue par une force obscure, je me décidai, avec patience, extirpai, en me contorsionnant, la fine lingerie d'entre mes jambes. A l’extrémité du Pont de la Concorde, comme une voleuse, je fourrai mon petit slip dans la poche de mon manteau.
Du regard, Gabrielle me félicita. Sa main, sans plus attendre, alla vérifier l'évidence. Délicieuse intruse, elle se fit rôdeuse, effleureuse, ébouriffeuse, peureuse, aventureuse... Le taxi volait littéralement au-dessus du Boulevard Saint-Germain. La complicité et la réciprocité de nos attouchements m'enchantèrent, mais pas autant que leur clandestinité.
Par instants, je regardais l'homme, surtout sa nuque de boxeur. Silencieux et serein, il pilotait avec une belle adresse, et nous, nous jouions avec nos doigts, sous nos jupes...
A l'approche de la rue Saint-Jacques, j'entendis le tic-tac du clignoteur. On tourna. Je pris conscience, dans le dédale des petites rues, que notre course allait bientôt s'achever. Nous venions seulement de commencer à rêver avec nos doigts.
Je reconnus la rue des Ursulines. Nos mains, par nécessité, redevinrent aériennes et réelles.
— C’est ici, dis-je au conducteur, merci.
L'auto s'immobilisa en face de l'immeuble. Le bonhomme grommela un prix. Je lui tendis un billet. Il me rendit quelques pièces qu'il égrena dans ma main que je savais encore toute tiède et tout odorante du sexe de Gabrielle.
Nous descendîmes. Ivres, un peu folles, nous entrâmes dans le hall de l'immeuble. J'appuyai sur le pressoir de la minuterie.
— C'est insensé, dis-je, où allons nous aller? Je ne peux pas te faire monter, mon mari est là!
Dépitées, nous nous regardâmes, intriguées l'une et l'autre de voir nos mines si défaites. La lumière du hall était horriblement crue. J'étais inquiète, en même temps formidablement heureuse. La minuterie s'éteignit. Dans l'obscurité, je repris confiance. Je sentis son souffle se poser sur moi, sa touffeur, son parfum... Bientôt, ses lèvres douces, elles butinèrent mes lèvres.
Nous nous enlaçâmes, nous embrassâmes au milieu du hall, longuement, voluptueusement. Nous prononçâmes des mots, des promesses d'amour que nous chuchotâmes dans nos gorges, dans nos chevelures, sur nos nuques... Les mains de Gabrielle, derrière mon dos, remontèrent ma jupe, sous mon manteau, caressèrent directement mes fesses. Excitée, je la poussai contre un mur, dans un recoin que je savais nous mettre hors de la vue d'un éventuel arrivant, mais vive fut ma surprise.
— Regard the moon ! m’écriai-je.
Elle se détourna brusquement, sourit d’apercevoir, au travers d’un étroit châssis en hauteur, totalement imprévue et complètement inattendue dans ce recoin, la lune. Nous la contemplâmes, tandis qu’à mon tour, je plongeai mes mains sous sa jupe, m'enchantai de caresser sa toison frisée. Elle caressa aussi la mienne. Nous le fîmes ensemble, en nous bécotant, en nous susurrant des mots tendres…
J'eus envie de la frotter, elle s'y opposa :
— Pas si vite! dit-elle, il faut goûter, savourer!
Elle se plaça derrière moi et, regardant la lune, continua à me caresser à deux mains, la gauche s'occupait de mon pubis et de mon sexe, la droite, de mes fesses. Afin de faciliter la rencontre de ses doigts, en dessous, j’écartai mes jambes, me laissai faire, j'adorais ces caresses. A deux mains, elle pressait mon entrejambes ou sculptait, tour à tour, chacune de mes cuisses...
Elle déboutonna la ceinture de ma jupe qui tomba à mes pieds, puis, dans mon dos, aventura une main. En un éclair, elle dégrafa l'attache de mon soutien-gorge. Dès lors, il devint facile pour sa main qui pressait mon pubis, de remonter, de se glisser sous le chemisier, de se tapir sous les bonnets du soutien-gorge, tandis que son autre main redescendrait pour palper mes fesses, masser mon sexe, par l'arrière et par en dessous...
Ophélie Conan
Extrait de "Le chant des baleines", in "Mœurs étranges des fille d'Hécate II".
Je suspecte fort Ophélie d'avoir choisi ces trois mots, "Regard the Moon", que la narratrice lance à son amoureuse, en souvenir d'un poème de T.S. Eliot, "Rhapsody on a Windy Night". Ophélie me parlait souvent de ce poète américain devenu anglais qu'elle aimait beaucoup pour son étrange modernité.
Marianne
Ophélie a une excellente écriture érotique. C’est un talent. Très belles photos spéciales. J’adore la position de la femme dans la figure 15. Rite de plaisir dans l’image 16. J’adorerais être dans la position de la femme à gauche, dans la figure 22. Enfin, l’image 50 est magnifique. Un autre beau post aujourd’hui Marianne. Beaucoup de bisous mon amie.
RépondreSupprimerMerci Giannis pour tes compliments, cela me fait très plaisir. Encore bravo pour tes progrès en français, tu t'améliore de jour en jour! Bisous.
SupprimerJ'ai un long chemin à parcourir, mon bonne amie. Je vous remercie pour vos aimables paroles. Beaucoup de bissous et je souhaite une journèe très erotique.
SupprimerUne situation tout aussi excitante qu'inconfortable. Est-ce vécu ou romancé ?
RépondreSupprimerTes illustrations sont magnifiques, comme souvent.
Bise et bon weekend, Marianne.
Merci, Phil. C'est un texte déjà ancien d'Ophélie et je ne saurais dire si l'histoire est vécue ou romancée! Bise.
SupprimerLa position de la femme dans l'illustration 15 est à sculpter. En 45, l'excitation provoquée est immédiate. Tous les tableaux, illustrations ou photos m'ont touchée. Ophélie m'amuse avec ses squelettes qui dansent à merveille. Le texte est envoûtant et nous sommes conviés à lui trouver une issue dans une cachette chez le mari, dans une chambrette d'hôtel, dans une belle chaleur! Les femmes sortant d'oeufs d'autruche sont aussi amusantes.
RépondreSupprimerOui, le texte d'Ophélie est envoûtant. En revanche, je ne l'ai pas précisé, les illustrations sont de moi. Je t'embrasse, Elisabeth.
SupprimerDélicieux extrait.
RépondreSupprimerMerci Marianne.
Par son vocabulaire et ses merveilleux adjectifs,
pour décrire les scènes, je vois les images d'Ophélie et de Gabrielle,
au fur et à mesure de la lecture.
C'est magique.
Les illustrations sont belles, mais, s'il faut en choisir quelques unes,
je dirais la 2, pour ce bel emboîtement du noir et du blanc,
la 4, et si c'est comme ça qu'on naissait ?
La 9, pour l'attente de la suite, qu'elle paraît supplier.
La 20 pour ce joli partage entre elles.
La 23 qui en dit long.
La 45 pour une jouissance infinie.
J'aime aussi la perfection sexuelle et esthétique de la 2!
SupprimerOui, tu as raison, le texte d'Ophélie est très évocateur, et l'on s'y croirait.