Strip-thérapie

L'homme, un grand gaillard de plus d'un mètre quatre-vingt-dix, jeune, cheveux bruns, la salua et lui serra la main. Sarah lui désigna l'un des fauteuils et lui demanda de bien vouloir s'asseoir, ce qu'il fit après avoir hésité, car il ne savait s'il devait choisir celui de droite ou celui de gauche. 
— Celui que vous voulez, dit Sarah, avec un sourire bienveillant, cela n’a aucune importance!

Assis, ils se regardèrent en souriant. L'homme avait l'air gêné.
— Eh bien, dit Sarah, dites-moi ce qui vous amène, cher Monsieur? Monsieur... Quel est votre prénom?
— Jérôme... Et bien voilà, je suis pharmacien dans un hôpital où j'ai de gros problèmes avec ma hiérarchie, je suis procrastinateur. J’ai une quantité impressionnante de dossiers à traiter, et je les remets sans cesse au lendemain. Au lieu de m'attaquer aux plus gros, souvent les plus urgents, je ne fais rien, j'hésite, je m'investis dans des petits détails, des choses inutiles, je règle de menus problèmes sans importance, ce qui ne fait guère avancer l’essentiel. A chaque fois, je me dis que ces gros dossiers, je les traiterai mieux le lendemain, ce qu'évidemment, je ne fais pas...
— Je vois, dit Sarah.
— Je finis par les traiter, quand je n’ai plus le choix, dans l'urgence, parce que mon responsable me met le couteau sous la gorge, ce qui est extrêmement désagréable et humiliant...
— Peut-être inconsciemment, cherchez-vous à être humilié?
— Je ne sais pas...
— Et vous vivez ce genre de problème ailleurs que dans votre travail?
— Oui, bien sûr, ma femme me fait remarquer bien souvent qu'il faut me demander trente-six fois la même chose pour que je l'effectue!
— Par exemple?
— Je ne sais pas, tondre la pelouse, descendre la poubelle...
— Je vois, répéta Sarah. Donc, c'est la raison pour laquelle vous venez me consulter?
— Oui, j'ai pensé que vous pourriez peut-être m'aider! J'ai déjà consulté un psychologue, mais jamais une strip-thérapeute!
— Vous savez en quoi consiste la méthode?
— Un peu, je me suis renseigné, et j'ai pensé que cela pourrait m'aider. 
— Donc, si je résume, la méthode consiste, pour la psychothérapeute à se déshabiller progressivement au fur et à mesure que le patient s'exprime, ceci dans le but de lui permettre d'atteindre les différentes couches de son inconscient...

Attentif, l'homme acquiesça, et Sarah poursuivit:  
— Autrement dit, j'utilise le pouvoir de l'excitation pour vous faire gagner plus de contrôle sur votre vie, sur vous-même. Vous comprenez? L'objectif de la strip-thérapie est d'utiliser la nudité de la thérapeute pour que vous puissiez mieux vous comprendre, vous et le monde qui vous entoure, pour que vous vous sentiez plus grand et plus fort, parce que l'excitation ressentie pendant les séances pourra vous conduire à ressentir plus d'excitation en dehors des séances.

Toujours aussi attentif et sérieux, le pharmacien acquiesça encore, et Sarah poursuivit:
— L’objectif est de montrer à mes patients que je n'ai rien à cacher, et me mettre nue peut les encourager à se montrer plus honnêtes avec eux-mêmes. Selon Sarah White, Oui Sarah, comme moi, celle qui a inventé cette méthode, à New-York, pour les hommes, voir une femme nue peut vraiment les aider à se concentrer, à regarder profondément en eux-mêmes et à exprimer ouvertement leurs idées, leurs sentiments et leurs émotions profondes. Voilà en quelques mots, Avez-vous des questions à me poser? 
— Non, je n'ai pas de questions...
— Et bien, je vous écoute. Tout d'abord dites-moi quel genre de petit garçon vous étiez quand vous aviez sept ou huit ans?
— Je ne m'en souviens plus, sans doute un petit garçon très sage, souvent rendu dans les jupes de sa mère! 
— Vous étiez enfant unique? demanda Sarah en commençant à déboutonner les deux poignets de son chemisier.
— Non, du tout, j'avais trois frères, deux aînés et un beaucoup plus jeune que moi... 
— Vous vous entendiez comment avec vos frères?
— Je ne sais plus... Avec Stéphane, celui qui est un peu plus vieux que moi, ça se passait plutôt bien, mais je ne garde pas de bons souvenir d'Alexis, mon grand frère, il était autoritaire et violent, comme mon père, il voulait toujours avoir raison.
— Et votre frère plus jeune? 
— Mon frère plus jeune... Répéta Ludovic en regardant Sarah déboutonner un à un tous les boutons de son chemisier, mon frère plus jeune... je ne sais pas, je ne sais plus, je crois bien que j'ai été très jaloux de lui quand il est né. Il a quatre ans de moins que moi! Il s'appelle François.
— Il était le préféré de votre mère?

Sarah retira son chemisier et apparut en soutien-gorge. Soutien-gorge noir qui laissait entrevoir une poitrine superbe. Ce changement coupa net son patient qui, soudain, prit conscience que Sarah était une jolie brunette avec des cheveux longs qui descendaient jusque dans le bas du dos. En plus, elle avait un charmant sourire et un grain de beauté sur l'épaule gauche. 
— Oui, je crois bien. Il était le préféré de ma mère. Et puis, je ne sais trop pourquoi, à cet âge-là, j'ai été envoyé chez Tata Lola.
— Qui est Tata Lola?
— C’était une vieille fille qui vivait avec sa mère en Normandie, la sœur de mon père, une institutrice très autoritaire qui me mettait des fessées à tour de bras. 
— Elle n'était pas gentille?
— Elle était très sévère, elle me faisait travailler tous les soirs en revenant de l'école. A partir de ce moment-là d'ailleurs, je me suis mis à pisser au lit.
— Je vois, vous êtes devenu énurétique... 

Le soutien-gorge tomba et Sarah laissa ses seins occuper sereinement le devant de la scène. L'homme se tut, absorbé dans le spectacle de la superbe poitrine, complètement fasciné.
— Et bien Jérôme, dit Sarah, continuez, ne vous arrêtez pas en si bon chemin... Vous me parliez de votre énurésie. Comment a réagi votre tata Lola quand elle a vu que vous pissiez au lit? 
— Je ne sais plus... Mal. Avec sa mère, elles n'arrêtaient pas de se moquer de moi. Elles disaient que j'étais un pissou. Et elle, à chaque fois, me flanquait de terribles fessées.
— Vous vous en souvenez?
— Si je m'en souviens... J'avais peur d'elle. En plus, j'étais dans sa classe, elle était la directrice de l'école… Aux autres élèves, dès mon arrivée, elle n'a pas cessé de tarir d'éloges sur mon compte, ce qui faisait que je me sentais dans une drôle de situation par rapport à eux. 
— Quelle situation?
— J’étais avec des campagnards, et moi je venais de la ville. Tata Lola se vantait à mon sujet, disant que j’étais le meilleur, un surdoué, et, à la récréation, les élèves me demandaient si j'étais cap de faire ci ou ça, alors je disais oui, mais j'en étais incapable. Ça me ridiculisait, et ils me disaient que j'étais une couille molle, ils se moquaient de moi, me tapaient... Je n'osais pas le dire à tata Lola, sinon elle se serait moquée de moi. 
— C’était un vrai dragon, cette tata Lola, à quoi ressemblait-elle?
— Oh, je ne sais pas… C’était une vieille fille, mais assez jolie, malgré son air revêche!
— Ah oui…

Il se passa un long silence. Sarah attendait la suite, mais le pharmacien n’alla pas plus loin. Il regardait Sarah avec intérêt, peut-être avec concupiscence. Sarah en profita pour déboutonner le devant de sa jupe qu’elle ouvrit, mettant en évidence sa petite culotte.
— Vous n’avez plus rien à dire, demanda-t-elle, plus de souvenirs au sujet de Tata Lola?
— Si, je pense qu’elle m’excitait. J’aimais ses jambes, je les trouvais jolies. Je me souviens, j’essayais de voir sa culotte quand elle était allongée dans son transat. Une fois, qu’elle s’y trouvait, elle m’a caressé le haut de la cuisse, près du sexe, par la patte de mes culottes courtes, alors que je venais pour lui parler. J’avais huit ou neuf ans. Ça m’avait complètement déstabilisé, je ne comprenais pas pourquoi elle avait fait ça. Est-ce qu’elle avait voulu toucher mon sexe? Je n’ai jamais compris.
-— Elle n’avait pas d’enfant? Pas de mari?
— Non, elle vivait seule avec sa mère. Je me souviens qu’elle dirigeait et entraînait une équipe de rugby pour filles, dans le village où nous vivions.
— Elle était hommasse?
— Pas du tout, elle était plutôt bien faite, comme vous, avec de jolies jambes, mais c’était plutôt son caractère qui n’allait pas. Elle était très directive, très exigeante, et pas facile à vivre. Il fallait absolument faire ce qu’elle voulait, sinon elle nous traitait de tous les noms!
— Je vois, dit Sarah, en même temps qu’elle commençait à retirer sa petite culotte. Et maintenant?

Jérôme était visiblement gêné. Il regardait fixement le joli coquillage de Sarah.
— Et maintenant quoi? 
— Je ne sais pas… Avez-vous d’autres souvenirs?

L’homme ne put sortir de sa gêne. Il fit mine de desserrer une cravate qu’il n’avait pas autour du col de sa chemise. 
— C’est très… très… très…
— Très quoi?
— Je ne sais pas… très… très… Très chaud!
— Cela vous fait de l’effet on dirait!
— Oui beaucoup!
— Quel effet cela vous fait exactement? Soyez plus précis. Vous pouvez m’en parler?
— Cela m’excite!
— Oui, je m’en doute, mais cela vous excite comment?
— Je ne sais pas, j’ai envie de sortir mon sexe et de me masturber.
— Vous pensez que vous allez le faire?
— Non, je ne le crois pas, mais c’est ce dont j’ai envie…
— D’accord. Et puis quoi? Vous pensez à autre chose?
— A Tata Lola. A sa petite culotte.
— Vous pensez que je suis Tata Lola?
— Non, je sais bien que vous n’êtes pas Tata Lola, mais vous m’y faites penser. Je ressens peut-être les mêmes émotions que lorsque je la regardais dormir dans son transat…
— Vous la désiriez?
— Oui, mais j’étais un gamin à cette époque. Qu’aurais-je pu faire avec elle?
— Vous auriez voulu faire quelque chose?
— Certainement.
— Et quand elle a glissé sa main dans la patte de vos culottes courtes, vous n’aviez rien fait?
— J’étais glacé d’effroi!
— Et en ce moment, vous vous sentez comment?
— Mal et bien à la fois!
— Très bien, nous allons arrêter la séance.
— Si vous voulez, dit le pharmacien en dépliant sa grande carcasse. Bon, je vais reprendre rendez-vous.

Il sortit son agenda et se gratta la tête. Sarah se leva et vint s’asseoir à son bureau sans rajuster sa tenue. Ils fixèrent un nouveau rendez-vous pour la semaine suivante, à la suite de quoi le pharmacien sortit quelques billets pour régler le montant de la séance. Il enfila lentement et pesamment sa veste sans dire un mot, comme un homme fatigué, puis serra la main que Sarah lui tendit en même temps qu’elle le raccompagnait à la porte. Sarah, seule dans son cabinet, se rhabilla, puis sortit. Elle ouvrit la porte de la salle d’attente où l’attendait Léon.

Léon était un homme proche de la cinquantaine qui venait depuis plusieurs mois et qui ne semblait guère progresser. Il était venu consulter Sarah parce qu’il se plaignait d’impuissance sexuelle avec sa femme. C’était un homme de petite taille, replet, toujours vêtu de son éternel costume et de sa cravate. Il travaillait dans une banque et s’enorgueillissait d’avoir intégré le staff de direction malgré le peu de diplômes qu’il avait. Il estimait s’être fait à la force du poignet, grâce à de nombreux cours du soir. Il se vantait d’être un homme toujours bien renseigné sur tout, se faisant fort d’acheter toujours à bon escient, des produits présentant le meilleur rapport qualité-prix sur lesquels il se renseignait dans les nombreux sites comparatifs d’Internet. Il disait sans cesse "au demeurant", avec un regard  entendu, et se montrait extrêmement fier de se faire refaire sur des implants toutes les dents de ses deux mâchoires, ce qui lui coûtait une fortune.

Léon s’installa dans son fauteuil. 
— Et bien, Léon, comment allez-vous?
— Je vais bien au demeurant. Ce matin, je suis allé consulter mon dentiste qui m’a dit que le travail avançait. Et cet après-midi, je viens vous voir.
— Qu’avez-vous à me dire, Léon?
— Rien de bien particulier. Ça va peut-être mieux avec mon épouse. Je lui manifeste davantage mon désir. 
— Très bien. De quelle manière? 
— De quelle manière? De quelle manière? Je ne sais pas moi, elle me le dit!
— Mais vous? Qu’en pensez-vous?
— Je ne sais pas moi… Je ne sais pas…

Sarah retira sa petite culotte, en se contorsionnant quelque peu sur son fauteuil. Mais voilà, c’était fait. Elle écarta ses jambes pour donner à voir. 
— Et là? Qu’en pensez-vous?
— Je ne sais pas. Rien. Je ne pense rien. 
— Vous êtes bien sûr, Léon? Vous ne pensez vraiment rien?
— Oui. Enfin… Je ne sais pas. Je ne peux pas vous dire!

Le silence s’installa. Au bout d’une minute les paupières de Léon se mirent à cligner, et Sarah regarda l’homme s’endormir. Une demi-heure plus tard, elle le réveilla. 
— Léon, réveillez-vous! La séance est finie!

Léon se réveilla, marmonna qu’au demeurant il était vraiment désolé, régla le montant de sa séance, puis, discrètement ferma la porte du cabinet de Sarah.

Soudain seule, Sarah pénétra dans la salle d'attente et vit qu'il n'y avait personne. Le patient suivant n'était pas encore arrivé ou n'allait pas venir. L'heure était dépassée. Elle s'assit dans un fauteuil, se caressa doucement le clitoris et entra dans des rêveries agréables en elles-mêmes. En se masturbant plus énergiquement, elle vit des silhouettes féminines assez vagues qui avaient les gestes de la folie et de merveilleuses courbes jolies. Elle eut de bons orgasmes, un désir de grenouille, et fut la victime heureuse d'un phénomène optique déjà observé au Sahara. Le patient attendu ne vint pas.

Ophélie Conan

Cette nouvelle d'Ophélie fait partie de celles qu'elle a achevées, mais qu'elle n'a pas publiées. Je crois qu'elle est assez ancienne, sans doute de 2014, quand elle a su l'installation à New York, de la vraie Sarah White, "the naked therapist". 

J'ai trouvé dans les archives d'Ophélie d'autres nouvelles. Certaines semblent également achevées, mais quelques-unes, de toute évidence, ne le sont pas.

Marianne

Commentaires

  1. Je ne savais pas que ce genre de thérapie existait.
    J'ai quelques doutes sur l'efficacité de la méthode, même si elle doit être bien plus agréable qu'une séance chez le dentiste...

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    1. Si, si, la méthode a réellement existé. Je ne sais si Sarah White exerce toujours, et si elle a fait des émules... Ophélie m'en avait parlé, à l'époque, et s'était montrée très étonnée, et dubitative quant à l'efficacité de la méthode!

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    2. J'ai googlisé et effectivement, elle exerce toujours (https://sarahwhitetherapy.com/naked-therapy).
      Elle a trouvé un bon moyen de bien gagner sa vie tout en assouvissant ses désirs d'exhibitionnisme... et en toute légalité. Bien joué !
      Par contre, il faut qu'elle s'attende à avoir de moins en moins de clients quand elle aura passé la soixantaine...

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    3. Merci pour ce lien. Effectivement, sa méthode a sans doute un avenir limité, à moins que...
      Tous les goûts sont dans la nature!

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    4. Elle a peut-être une assistante, maintenant.
      Ou alors fait des émules de sa méthode.

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    5. Je ne sais vraiment pas du tout! La méthode thérapeutique ne me semble guère convaincante!

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  2. Pour moi, cela se lit dans un fou-rire, d'autant plus que je débute la lecture d'un ouvrage d'une psychanalyste qui s'interroge sur son métier! La méthode est cocasse mais je me doutais qu'Ophélie ne passerait pas à l'acte avec un homme, et pourquoi n'a-t-elle pas de clientes femmes? Comme la profession des psychothérapeutes est mal encadrée, tout peut s'y trouver, et je connais des thérapeutes qui ont pratiqué une forme de strip-thérapie en allant plus loin avec leurs clientes dont ils finissaient par obtenir le consentement avec des arguments de psy libérateurs!!! Les clientes n'en furent pas vraiment libérées mais le plus souvent désorientées, et parfois culpabilisées par ce mâle qui leur avait offert le premier orgasme! Il fut un temps où je répondais à des femmes angoissées pour leur couple avant d'aller chez un psy : " souviens-toi qu'il a du ventre et un dentier "!

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    1. Je crois qu'Ophélie s'est bien amusée en écrivant ce texte, en faisant deux portraits d'hommes assez ridiculesJ Je ne sais vraiment pas où elle est allée chercher ces deux mecs-là. Je suis d'accord, la méthode de Sarah White est une dérive!

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    2. Oui, je crois qu'Ophélie s'est bien amusée! Tata Lola devait avoir de beaux seins...

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    3. Oui, elle s'est bien amusée. Bise, Elisabeth.

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    4. Délicieuse histoire.
      Cette Sarah White a inspiré Ophélie.
      C'est super de vouloir écrire une petite histoire autour d'une découverte
      d'une méthode hors du commun.
      Cette femme devait fasciner Ophélie.
      Elisabeth a raison, bizarre qu'Ophélie n'ait pas mis en scène
      une séance femme/femme. Elle a préféré se moquer des hommes.
      Par contre, je voudrais bien participer à un rendez-vous.
      Je vais me trouver quelque chose.
      "Pourquoi ne suis-je pas lesbienne, par exemple"...

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    5. Ce pourrait effectivement être un bon motif de consultation!
      Oui, j'aurais aussi préféré un séance femme-femme, mais elle a sans doute préféré se moquer gentiment de certains hommes!

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  3. Perhaps you may complete the stories that Ophélie has left unfinished.

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