J'avoue ma mie que je suis à vous

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Une nuit

Tandis que je déambulais nue

Dans une belle avenue itinéraire

Je rencontrai

Sous un pâle réverbère

Sans le moindre ornement funéraire

Comme quand après des années

L’on retrouve

Des brouillons incertains

Une belle ixagénaire 


Avec ses cheveux châtains dénoués

Qui signifiaient sans doute

Qu’elle était en déroute

Ou venait de perdre un être cher

Ou encore de sortir d’un long repentir dans le désert

Elle n’était certainement pas incendiaire

Car malgré sa station verticale

Elle semblait défunte

Ne bougeait pas d’un pouce

Ni d’un petit doigt 

Mais cela pouvait être une feinte

D’ailleurs je vis et sentis tout de suite

En dépit de sa nudité et de son immobilité tenace

Qu’elle était pyrophore et peut-être même gynécophage


Bref elle était mississipiquement belle

Et pour elle

Salace

Je mis les bouchées doubles et des dentelles aux portes de la nuit

Et aussi dans le cœur des étoiles

Et l’emmenai dans une petite chambre de bonne 

Exquisément pelucharde

Du boulevard Raspail

Où avec d’autres filles de paille

Je résidais en ce temps-là


Je la présentai à mes amies

Et bientôt nos gorges râlaient par boites de douze

Quand tout à coup un funambule du hasard

Qui passait devant notre fenêtre minuscule

Nous surpris toutes

Demi-sœurs de partouze

Accomplissant une suprême orgie


J’ajoute qu’auparavant la belle qui avait quitté son garde-à-vous

M’avait 

Sans même remarquer l’homme incrédule

Réclamé une bougie

Et déclaré

D’une voix misérable

J’avoue ma mie que je suis à vous

Si d’abord vous me prêtez votre mascara et aussi votre miroir 

Et m’enfilez cette bougie


Ophélie Conan


Ophélie a publié ce joli et étrange poème le 28 juin 2016, dans "Conan la barbare II". Je le publie à nouveau et l'illustre de 35 œuvres de Thomas Saliot, peintre français né en 1968, qui aime principalement peindre la femme, et le fait très bien, de manière presque hyperréaliste, à partir de photos trouvées sur Internet, et en utilisant beaucoup les plans rapprochés et les gros-plans. J'adore!


Marianne

 

Commentaires

  1. Je partage ton adoration pour ces peintures de Thomas Saliot, Marianne.
    Pour le poème étrange d'Ophélie, relatant cette rencontre et invitation de cette femme,
    à partager cette partouze lesbienne, j'ignore d'où sort "l'homme incrédule".
    Etait- ce un travesti ? Je sais, que dans un de ces romans, elle en a rencontré un,
    il me semble du côté de Bordeaux, si j'ai bonne mémoire.

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    1. Je ne saurais expliquer "l'homme incrédule", si ce n'est que l'incrédulité de cet homme est certainement suscitée par cette partouze de femmes... Il n'en croit pas ses yeux. Je ne vois pas à quoi tu fais allusion concernant cet homme de Bordeaux!

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    2. Pour "l'homme de Bordeaux", je l'ai lu dans un de ces bouquins, il me semble.
      Lequel ? Je ne saurais le dire.
      Dans les premiers. Je ne sais pas , si ce n'était pas en allant rendre visite,
      à son initiatrice, la professeure de piano....
      C'était une aventure extravagante, Marianne, surprenante, même...
      Il faut refaire des recherches.
      Oh, la mémoire !!!
      Ça m'avait surpris.

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    3. Peut-être Odilon, l'amant de Mélou qui devint l'amant d'Ophélie, ou Laurent, son prof de physique?

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    4. Non non, Marianne.
      C'était quelqu'un qu'elle avait rejoint (dans son roman, mais peut-être, en réalité)
      sur la route, dans un hôtel ???? un restau ???? qu'elle connaissait, en venant rendre visite à Mélou. ( Mélou à Bordeaux, Ophélie déjà établie soit à Paris, ou en Bretagne).
      Ecoute, ça reste très flou, pour moi, mais, je suis certain qu'elle en fait allusion, dans un de ses livres.
      J'en ai lu quelques uns, mais, je ne sais plus dans lequel.
      Je perds aussi, peut-être la boule...et pourtant....

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    5. Si c'est dans sa vie réelle, je n'en connais pas tout. Ce que tu dis m'évoque sa rencontre avec Nathalie, un transsexuel, avec lequel elle a couché à Rochefort ou à Brouage. Je sais qu'elle l'a rencontré(e) à Rochefort, en visitant la maison de Pierre Loti, mais elle avait été fortement incitée à visiter cette maison par un étrange jeune homme... Ce qui l'avait beaucoup intriguée... Sinon... je vais encore réfléchir!

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    6. Et bien, Marianne, ça doit être ça.
      Sa rencontre à Rochefort, avec ce transsexuel nommé Nathalie.
      Ne cherche pas plus loin.
      Sais-tu dans quel livre, elle en parle ?
      Ou alors, c'était dans son ancien blog ? Je ne sais plus.
      Peut-être, que je confonds tout.

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    7. C'était en 2011, édité dans "Ma sorcière bien-aimée". Bisou.

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    8. Merci Marianne, pour l'info.
      Parmi toutes les très belles peintures (j'adore),
      il y en a une qui vous va à merveilles.
      C'est la dernière (la N° 35), ces quatre filles,
      qui, une fois goûté l'eau, se lâchent, et vont se retrouver à poil,
      dans peu de temps, pour des jeux, sans doute, saphiques.
      C'est, peut-être , le thème de votre W-E, mes amies.
      Et je vous le souhaite très bon, beau et chaud.
      Bises à vous toutes.

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    9. Jeux saphiques, oui, c'est ce que nous ferions si nous étions représentées sur ce tableau, mais c'est ce que nous ferons, assurément, ce week-end, surtout s'il fait beau temps.
      Bises à toi de nous toutes.

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  2. Le texte d'Ophélie est tout simplement sublime, j'adore. Il y a du surréalisme, du dadaïsme. Le premier vers m'a fait penser à Gainsbourg : 'Une nuit que j'étais à me morfondre dans quelque pub anglais du coeur de Londres...' (de mémoire) et le dernier à un vers d'une chanson de Jacques Higelin, Champagne : 'Et lâchez ce crucifix'. Quand aux tableaux... sublime aussi. Impressionnant, déroutant. Magique. Difficile d'en choisir un (mais pourquoi choisir). J'étais presque sûr que le peintre était une femme.

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    1. Oui, les tableaux de Thomas Saliot sont impressionnants. Quant au poème d'Ophélie, tu as raison, il est dans la veine surréaliste. Il me plaît et je l'aime beaucoup.

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  3. Nous sommes tous sous le charme de ce poème, sciemment déroutant. En laissant glisser les mots dans un chapelet d'higoumène, j'entends un rire sur une illusion, peut-être un défunt ou une défunte. Le travail des couleurs dans les tableaux est fascinant.

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    1. Oui, ce poème me plaît et reflète bien le caractère fantasque de ma belle Ophélie. Le rire d'un défunt ou d'une défunte, en laissant glisser les mots dans un chapelet d'Higoumène, c'est une belle et fascinante image qui lui ferait plaisir!

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  4. Thomas Saliot a un joli coup de pinceau.
    Bise et bonne nuit, Marianne.

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    1. Oui, quel talent! Le résultat est très réaliste et, en même temps, hors du réel.

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