Ce dernier week-end, Marianne et moi sommes allées voir les grandes marées dans la baie du Mont Saint-Michel. Le vendredi après-midi, en arrivant, nous avons visité la Merveille et, en fin de journée, par-dessus les remparts, comme beaucoup d’autres curieux, nous avons regardé l’impressionnante montée des eaux, l’étonnant mascaret, et l’inexorable recouvrement des grèves. Il faisait froid, trop froid, pas de soleil, pour tenter l’exhibe. Nous nous sommes donc laissées enfermer dans le Mont et, vers vingt et une heures, après avoir jeté un dernier regard sur toute cette flotte tranquille qui nous assiégeait, nous avons regagné, non moins tranquilles, notre hôtel où nous avons dîné et fait tendrement l’amour, bien au chaud.
Le lendemain matin, quand l’accès fut à nouveau libre, nous avons pris une navette sur le pont-passerelle, et avons rejoint notre auto que nous avions laissée sur un des parkings. De là, nous avons suivi la route de la baie, vers le nord, jusqu’à Genêts. On était dans la brume, on distinguait très mal le Mont, au loin, au milieu de l’eau, mais c’était quand même magnifique. La marée avait considérablement descendu. Il y avait des algues un peu partout qui pendouillaient, accrochées dans les fils de clôtures des prés salés. Nous nous sommes baladées dans des chemins. Contrairement à la veille, il ne faisait pas froid et il n’y avait pas grand monde. Nous avions quitté la route où plein de gens, surtout du troisième âge, venus pour l’occasion en camping-cars, circulaient à pied et en groupe, généralement hilares ou déchaînés. Dans un endroit assez retiré, on a décidé de se déshabiller et de ne garder sur nous que nos bottes, nos bas, nos porte-jarretelles et nos manteaux noirs. Heureusement, nos manteaux noirs (nous avons exactement les mêmes, elle et moi) sont très longs, très chauds, fabriqués en un mélange de laine cashmere, et bordés de fausse fourrure. De plus, ils sont boutonnés sur le devant par cinq boutons, bien étanches, et ils possèdent une capuche très confortable. Nous n’avions pas froid.
Dans cette tenue, nous sommes remontées dans la voiture et avons roulé en direction de Saint-Malo. Le ciel devenait nettement plus lumineux. Arrivées à Paramé, nous avons garé notre voiture et sommes allées sur la plage de Rochebonne où, dieu merci, brillait un vrai soleil de printemps. Il y avait une extraordinaire luminosité et des nuances de bleus d’une incroyable beauté. Par endroits, la plage, encore humide, resplendissait comme un miroir. La mer était très loin, il faisait doux, et il était bien tentant de déboutonner nos manteaux, bien qu’il y eût tout un tas de marcheurs qui déambulaient un peu partout. Nombreux étaient ceux qui faisaient une marche nordique et tonique avec deux bâtons, vêtus de tee-shirts tous identiques dénonçant le problème de la rareté de l’eau en Afrique. Il y avait beaucoup de monde sur cette plage, mais la marée était si basse, qu’on avait quand même beaucoup de place, ce qui permettait de marcher manteau ouvert sans se faire remarquer. De temps à autre on s’arrêtait et, loin des regards, on pouvait s’embrasser, se tripoter les seins, la chatte, sans que personne n’y prêtât la moindre attention. C’était féérique! Nous nous ressentions réellement spacieuses, sémillantes, merveilleuses. A plusieurs reprises, nous avons sorti nos godes et, entre les pans de nos manteaux, debout, discrètement, nous nous sommes délicieusement pénétrées en nous embrassant goulûment. A la fin, nous avons repris notre marche en direction du Grand Bé. Au fur et à mesure que nous nous en rapprochions, il y avait davantage de monde. Par sécurité, nous avons préféré refermer nos manteaux pour escalader les rochers qui y menaient. Sur le Grand Bé régnait une intense agitation. Des gens que le soleil sans doute enivraient, allaient et venaient en tous sens. Cette situation avait quelque chose d’irréel... Petite visite émue à Châteaubriant en nous rapprochant de sa tombe, regard émerveillé sur les remparts bien éclairés de Saint-Malo, puis poursuite de notre marche en direction du Petit Bé.
Là encore, il y avait une grande animation. L’entrée franchie, des tas de visiteurs, à l’intérieur, écoutaient les explications du restaurateur de ce charmant petit fort édifié par Vauban, seulement visitable au moment des basses eaux. C’était un charmant monsieur aux cheveux argentés, passionné par sa folle entreprise, érudit, raffiné et tout plein d’humour. Nous suivîmes ce guide un bon moment, puis le quittâmes quand l’homme recommença avec un autre groupe. Nous profitâmes que presque tout le monde se trouvait regroupé autour du monsieur, dans la cour, pour nous gamahucher tranquillement au premier étage de l’édifice, lequel, avait dit notre hôte, avait été le dortoir des soldats, du temps de Monsieur de Vauban.
Nous quittâmes le fort et redescendîmes ensuite sur la plage en escaladant encore les rochers. Mais il faisait de plus en plus froid. L’heure avançait, le soleil avait disparu, la mer remontait, réduisant considérablement la grande plage de naguère. Nous longeâmes les belles maisons du XIXème et du début du XXème siècle, plutôt que de marcher dans le sable où l’on commençait à remorquer les chars à voile pour les ranger plus haut, hors de portée de la marée. Dans l’auto, nous décidâmes de rejoindre notre hôtel, situé dans la ville close, dans la tenue du moment, sans rien y changer. A l’accueil, un jeune homme nous salua aimablement et nous donna la clé de la chambre que nous avions réservée. Je vis dans son œil tout scintillant qu’il nous trouvait parfaitement à son goût. S’il avait su ce que nous savions… que nous étions nues sous nos manteaux!
Notre chambre se trouvait au deuxième étage. Dans l’escalier, je commençai à me déboutonner et, dans le couloir, avant même d’entrer, je me postai devant Marianne en lui disant, les seins en avant pour qu’elle me les suce, que j'étais la Merveille des Merveilles. Elle me les malaxa immédiatement puis me les téta furieusement, tandis que son autre main s’insinua dans ma chatte. Je la déboutonnai en même temps et lui rendis ses caresses infernales. Toutes déséquilibrées, nous finîmes par enfiler tant bien que mal notre clé dans la serrure, ce qui nous permit d’entrer, complètement dépenaillées, dans notre chambre. La porte d’entrée était à peine refermée que, débarrassées de nos manteaux, sans même examiner les lieux, nous nous jetions sur le lit, tête-bêche, moi dessus, elle dessous, pour entreprendre un prodigieux soixante-neuf.
Le soir, après le resto, avant de nous endormir, nous avons joué à nous attacher sur le lit et à nous pénétrer avec un gode ceinture. Durant la nuit qui a suivi, j’ai fait un cauchemar. J’étais nue, poursuivie par des méchants. Je descendais en courant les escaliers et les rues très en pente du Mont Saint-Michel depuis la Merveille. Ils voulaient m’attraper et me mettre dans une cage. Ils me saisissaient devant chez la Mère Poulard, et me pendaient par les pieds, ainsi que j'avais vu faire Zaza, ma vieille nounou créole, avec les poules, avant de les égorger. Ils m’emmenaient dans un camion. Ils disaient que j’étais une Merveille.
Ophélie Conan
Mars 2015
Conan la barbare II
En souvenir d'un merveilleux week-end passé avec Ophélie...
Marianne
Commentaires
Enregistrer un commentaire