Tous les morts sont ivres

 



Tous les morts sont ivres de pluie vieille et froide
Au cimetière étrange de Lofoten
L'horloge du dégel tictaque lointaine
Au coeur des cercueils pauvres de Lofoten

Et grâce aux trous creusés par le noir printemps
Les corbeaux sont gras de froide chair humaine
Et grâce au maigre vent à la voix d'enfant
Le sommeil est doux aux morts de Lofoten

Je ne verrai très probablement jamais
Ni la mer ni les tombes de Lofoten
Et pourtant c'est en moi comme si j'aimais
Ce lointain coin de terre et toute sa peine

Vous disparus, vous suicidés, vous lointaines
Au cimetière étranger de Lofoten
- Le nom sonne à mon oreille étrange et doux.
Vraiment, dites-moi, dormez vous, dormez-vous ?

- Tu pourrais me conter des choses plus drôles
Beau claret dont ma coupe d'argent est pleine.
Des histoires plus charmantes et moins folles ;
Laisse-moi tranquille avec ton Lofoten.

Il fait bon. Dans le foyer doucement traine
La voix du plus mélancolique des mois.
- Ah! les morts, y compris ceux de Lofoten -

Les morts, les morts sont au fond moins morts que moi

Oscar Vladislav de Lubicz Milosz
(1877-1939)

J'aime beaucoup cette photo et ce poème. Ophélie adorait l'ambiance de la photo et me récitait souvent le poème qu'elle savait par cœur.

Marianne





Commentaires

  1. Mon Dieu, que c'est beau. Je ne sais pas si le poème est encore sur overblog. Ophélie avait des rangements savants. Il reste un de ses blogs de poèmes. J'aime beaucoup ce poème hivernal voire de Toussaint. J'ai vu longuement le caveau de famille autour de cette date-là. Ma mère avait envie de danser la polka et son cercueil n'entrait pas. Elle avait déjà dû péter les plombs et fait une fuite astrale. J'aurais bien dansé la polka avec elle! Nous avions fait trop de théâtre. Panne d'électricité, lampes à pétrole, cierges dans la chambre où reposait ma mère. Croisant mon frère dans un couloir sombre où nous conduisions les visiteurs, je lui ai dit " Tu ne crois pas qu'on en fait un peu trop? On n'est pas en Afrique quand même " Réponse, l'oeil pétillant de rire : " cela s'appelle : veiller un mort " Oui, ils sont moins morts que moi, les morts de Lofoten. La photo va très bien avec le poème.. Merci Marianne. Elisabeth.

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    Réponses
    1. Oui c'est un poème magnifique où la mort flirte avec l'amour. Ça donne un truc érotique!
      Marianne

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  2. Je trouve la photo très belle, et les femmes y sont pour quelque chose.
    Par contre, le poème ne m'inspire pas.
    C'est comme les îles Lofoten.....glacial...

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  3. La photo est très belle et le poème ne l'est pas moins.

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