Dans la chambre aux miroirs

 

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

15

16

17

18

19

20

21

22

23

24

25

26

27

28

29

30

31

32

33

34

35

36

37

38

39

40

41

42

43

44

45

46

47

48

49

50

Cet après-midi, avec Marceline, nous sommes allées dans la maison 1930 que Marlène m’avait fait visiter. La veille, je lui avais demandé qu’elle m’y emmenât. Elle m’avait donc promis qu’elle demanderait la clé à Céline. Je lui avais dit, pour l’inciter, que dans cette maison il y avait une chambre torride avec des miroirs, dans laquelle j’aimerais bien retourner pour faire l’amour avec elle. L’idée lui a plu.

En route, dans la voiture, j’ai fouillé dans la boite à gants et j’ai trouvé le gode qu'elle y met toujours. C'était un gode ceinture. Je l’ai sorti et, pendant que nous roulions en ville, je l’ai exhibé au grand jour. Marceline n’avait pas l’air très à l’aise et m’a demandé de le ranger dans son sac à main, craignant que quelqu’un, dehors, sur un trottoir, ne nous vît. Pour l’embêter, je ne lui ai pas obéi, j’ai continué à tripoter le gode et à le retourner dans tous les sens. Elle a fini par rire de mon audace et par me dire qu’elle se trouvait ridicule. En sortant de la voiture, de nouveau, elle m’a demandé de mettre le gode dans son sac à main, mais je l’ai gardé dans ma main. Ainsi, nous avons fait une bonne centaine de mètres à pied, jusqu’au portail de la maison. Nous avons croisé un homme barbu, en bleu de travail, qui nous a regardées avec un drôle d’air. Guillerette, un peu plus loin, j’ai chantonné: "Et bien oui, mon bon Monsieur, nous allons baiser, ne vous en déplaise!" En ouvrant la serrure, nous étions encore en train de rire comme deux gamines.

Dans la chambre, nous nous sommes déshabillées et nous sommes exhibées nues devant les miroirs, sans nous câliner. Nous avons décidé de prendre des poses érotiques, et chacune y allait de son petit effet, de son déhanchement langoureux, de son baiser glamour, le but étant de produire le maximum d'effet et de tenir la pose le plus longtemps possible. A la fin, Marceline a installé le gode et m’a prise en levrette sur le lit. Vicieuse, j’ai maté la scène sur le côté, dans le miroir. J’avais vraiment beaucoup de plaisir à la regarder et à me regarder jouir.

Ophélie Conan

("Sorcière bien-aimée")

J'ai illustré ce texte coquin d'Ophélie par des œuvres d'Auguste Renoir (1841-1919), célèbre peintre français qu'on ne présente plus, bien connu pour ses paysages et ses portraits de femmes habillées ou non. Vous reconnaitrez ses tableaux en n° 1, 4, 5, 6, 7, 10, 14, 17, 18, 20, 22, 23, 24, 25, 28, 29, 30, 33, 35, 36, 39, 40, 43, 44, 45 et 47. Il aurait aussi certainement aimé les autres images.

Marianne