Une nature volontaire et capricieuse
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— A propos, Stéphanie, cela fait longtemps que vous êtes lesbienne?
— Seulement depuis cet été, Madame!
Madame de Kerouragan parut étonnée. Elle arrêta net sa mastication et me demanda brusquement de lui verser du café dans son bol et de lui préparer une tartine supplémentaire avec de la confiture de fraises. Je lui tendis sa tartine, mais elle me lança, un peu sèchement:
— Retroussez votre robe, Stéphanie, je vous prie!
La surprise passée, j’exécutai l’ordre. Non seulement, je trouvai excitant d’effectuer ces choses, normalement prohibées en société, mais j’avais aussi très envie de me montrer obéissante et de me comporter de manière irréprochable, comme si cela pouvait avoir la vertu d’apaiser une sorte d’angoisse qui se trouvait en permanence tout au fond de moi.
— Parfait, dit la comtesse, jetant un œil des plus distraits sur mon entrejambe, parfait! A propos, je ne vous ai pas demandé: vous avez déjà connu beaucoup de femmes dans votre vie?
— Trois seulement!
— En deux mois? Ca n’est pas mal, ma foi! Est-il indiscret de vous demander lesquelles?
— D’abord ma cousine Alice, qui m’a initiée, puis Madame Corsi, la gérante d’un magasin de vêtements, puis son amie Ariane, l’amie de Mademoiselle Clémentine! Vous la connaissez peut-être?
La comtesse qui m’écoutait d’une oreille attentive n’eut pas l’air davantage surprise.
— Non, je ne la connais pas! Veuillez vous caresser, Mademoiselle!
— Devant vous?
— Exactement! Devant moi. Cela vous dérange?
Je fis non de la tête puis, hésitante, avançai ma main entre mes cuisses pour commencer à frotter mon sexe. Madame, en m’épiant du coin de l’œil, commença à dévorer une autre tartine.
— J’adore vraiment la confiture de fraises, et vous Stéphanie?
— Moi aussi, Madame, beaucoup!
— Que préférez-vous, ma toute belle: la confiture de fraise, ou ce que vous êtes en train de faire en ce moment?
— Ce que je suis en train de faire en ce moment, Madame!
— Je m’en doutais! Je me rends compte que vous avez bon goût, très chère!
Puis, saisissant sa tasse, elle ajouta:
— C’est bon, n’est-ce pas? Tu aimes ça? Frotte un peu ton clitoris avec ton doigt... Oui, plus haut! Voilà ! N’est-ce pas meilleur?
— Oui, Madame!
Elle avalait son café à petites gorgées, tout en me regardant impassiblement. Ma respiration devenait haletante et je commençais à me tordre sur mon siège, sentant venir la jouissance. La comtesse reposa sa tasse dans sa soucoupe:
— C’est assez Stéphanie! Calmez-vous, maintenant, cela suffit! Regardez dans quel état vous vous mettez, ma petite!
Comme je ne pouvais m’y résoudre, Madame réitéra son ordre d’un ton nettement plus cassant, presque autoritaire.
— C’est assez, vous dis-je! Préparez-moi plutôt un bon bain bien chaud et déshabillez-moi, s’il vous plaît!
Déçue et toute pantelante, je m’approchai de ma patronne et lui retirai sa robe de chambre. Secrètement, je lui en voulais d’avoir interrompu mon plaisir, mais au contact de sa nudité, je lui pardonnai.
J’entrai dans la vaste salle de bain attenante. La coloration, agréablement ocrée, rappelait le rose de la chambre, sans doute, pour en conserver l’harmonie. De jolies portes façon treillis dissimulaient habilement les unes un W.C. et un lavabo d’appoint, les autres des placards de rangement. Leur grande hauteur donnait à l’ensemble un effet de panneau tout à fait réussi. Les murs étaient tapissés d’un papier peint à petits motifs de feuillage. Sur la gauche, bien mise en valeur par un jeu de tentures drapées, une coiffeuse anglaise trônait avec son miroir arrondi. Elle était surmontée par toute une collection de tableaux dans le style de Turner, lesquels étaient encadrés de différentes manières. Près d’elle, une opulente baignoire style 1900, détonnait dans cette ambiance XVIIIème. A droite, une seconde coiffeuse, en bambou, était garnie d’une belle collection de boîtes anciennes, souvenirs de famille ou objets rapportés des nombreux voyages que Madame avait probablement faits.
Je fis couler l’eau dans la baignoire et, servante zélée, revins près de ma maîtresse. Elle s’était levée et, très narcissiquement, contemplait son image dans le grand miroir de sa chambre. Son corps, malgré la trentaine, était souple comme celui d’une jeune fille, et ne portait encore aucunement la marque de l’âge. Joliment faite, ses hanches étaient parfaitement marquées, ses jambes, longues et fines, merveilleusement dessinées, et ses fesses, étonnamment rondes, rendaient encore plus plat son ventre. Sa toison blonde, rasée à certains endroits, était l’expression même du mystère…
Quand Madame se retourna et entra dans la salle de bain, je remarquai, sur son épaule droite, un discret et très surprenant tatouage. En m’approchant, je vis qu’il s’agissait d’un losange horizontal, à l’intérieur duquel je discernai comme une sorte de colonne surmontée d’un chapiteau en forme de calice ouvert, rappelant les colonnes appelées papyriformes qu’on trouve dans certains temples égyptiens, ou encore d’un Y au pied très large. En y regardant de plus près, je compris qu’il ne s’agissait en rien de cela, mais de la représentation rapprochée d’un pubis féminin. En effet, le losange était divisé en quatre zones. La première, en haut, était limitée par une partie des deux côtés de l’angle obtus supérieur et, à sa base, un arc de cercle. Le tout formait un secteur qui, lui-même se trouvait divisé axialement par un petit losange, très étroit et positionné verticalement. A l’évidence, c’était la vulve. De part et d’autre de ce secteur central, descendaient deux lignes presque verticales qui délimitaient deux autres aires de formes rigoureusement identiques, mais symétriques, chacune prenant naissance dans les deux angles aigus du grand losange, et se faisant face. Je reconnus le haut des cuisses, de chaque côté du sexe. Et entre ces deux aires, il y en avait une dernière, assimilable au fût de la colonne égyptienne ou au pied très large du Y, qui n’était autre que le vide entre les cuisses. Trois lettres élégamment tournées et placées à l’extérieur du losange ornaient l’ensemble. Au sommet de l’angle de gauche, figurait un O, au sommet de celui de droite, un K, et enfin à celui de l’angle obtus inférieur, un D. Je lus ODK, et compris qu’il s’agissait des initiales de Madame. Mais, à peine venais-je de réaliser cette découverte qu’elle m’invita à lui dire ce que je pensais d’elle:
— Je vous trouve très belle, répondis-je aussitôt, intimidée et apeurée.
— Et mes seins?
— Ils sont très beaux!
— Dans ce cas, approchez, Stéphanie... Je vous autorise à venir les sucer!
Morte de trouille, en même temps que crevant de désir, je m’approchai de mon idole. Elle se tenait debout devant le miroir de sa coiffeuse anglaise et, comme une dévote, je me penchai sur sa poitrine. Mes lèvres, saisirent un mamelon et l’aspirèrent avec la plus grande délicatesse. Je tétai. Puis mes lèvres firent même chose avec son petit frère. Mais quand je voulus reprendre le premier, Madame se recula, considérant probablement que j’avais assez tété.
— Ca suffit, petite catin! Me jeta-t-elle sèchement.
Je reçus ses mots en pleine tronche comme une insulte. Me ressentant blêmir, une formidable envie de pleurer s’empara de moi. La comtesse enjamba, rieuse, le rebord de la baignoire:
— Ca ne vous fâche pas, au moins, Stéphanie, quand je vous dis "petite catin"?
— Bien sûr que non, Madame!
— A la bonne heure! J’ai eu peur de vous avoir fait du mal, figurez-vous! Mais sachez, très chère, qu’il faudra vous blinder chez moi. Tenez, savonnez-moi partout sur le corps! Auparavant, déshabillez-vous, sinon vous allez mouiller votre robe!
Nue et seulement munie d’un gant de toilette et d’un savon odorant, j’oubliai instantanément le mot blessant, et m’abandonnai tout entière à mon devoir de frotter Madame partout. Je m’y employai avec zèle et me félicitais secrètement de mon nouvel emploi qui, au fond, s’accordait parfaitement avec l’évolution de mes mœurs.
La comtesse se laissa docilement faire, s’enroulant autour de ma main qui parcourait toutes ses formes sinueuses, passait sur ses seins, se faufilait entre ses cuisses, s’immisçait entre ses fesses, puis recommençait, recommençait... Enfin, je la douchai, l’enveloppai dans une grande serviette et la frottai énergiquement. Madame ne se rhabilla pas, ni ne me demanda de la rhabiller, allant directement s’installer devant sa coiffeuse:
— Vous connaissez l’art du maquillage? Demanda-t-elle.
— Assez peu, Madame! Je ne me maquille presque jamais, ma mère ne voulait pas, elle en avait horreur!
— Mon Dieu, quelle drôle d’idée! Comment donc est votre mère? Il faudra que je vous apprenne, car je veux que vous me maquilliez. Asseyez-vous, et regardez-moi! Demain, c’est vous qui me le ferez!
Attentivement, j’observai Madame passer sur son visage, avec soin et précision, tout l’arsenal de ces choses féminines auxquelles je n’avais eu guère accès jusqu’alors: fonds de teint, crèmes, fards à paupières, ricils, poudres, etc. En une dizaine de minutes, Madame fut complètement métamorphosée. Elle rayonnait, plus belle que la lumière du jour.
— Qu’en pensez-vous?
— Vous êtes magnifique, répondis-je, sincèrement éblouie par la beauté du résultat.
— Maintenant, brossez-moi les cheveux!
Debout derrière elle, munie d’une brosse qu’elle me tendit, je lissai longuement sa longue tignasse de panthère blonde. Au bout d’une dizaine de minutes, Madame roucoula:
— J’aime… J’adore, quand on me brosse les cheveux, ça me fait un bien fou, j’ai l’impression que ça pourrait me faire jouir…
Pour moi, c’était aussi un vrai plaisir, comme une ancienne passion que je redécouvrais. J’avais présentement l’impression, d’être une petite fille, et de jouer à la poupée, mais avec une vraie poupée. En même temps, j’étais pleine de respect et d’admiration pour cette femme étrange et belle. Tout en elle témoignait d’une parfaite distinction et d’une classe inégalable. Cela, évidemment, n’était pas sans relation avec sa vaste garde-robe, toujours extrêmement bien choisie, avec raffinement et bon goût, ni non plus avec sa démarche et son maintien général dont le plein épanouissement s’appréhendait plus particulièrement dans son port de tête, toujours altier. Mais, à ma grande surprise, cela pouvait surtout, et bien davantage, s’observer quand elle était nue, dans les courbes exemplaires de ses seins qu’elle portait hauts et fermes, avec une suprême élégance, et dans le rebondi de ses fesses qui témoignait d’une grâce infinie...
J’avais à cœur de rendre ma maîtresse belle et, avec un zèle insoupçonné, m’y employais avec ardeur. Je décorai ses oreilles avec deux pendentifs qu’elle me demanda d’extraire d’un petit coffret, et plaçai également une chaîne autour de son cou, puis des subtiles touches de parfum sur sa nuque, sa poitrine, son ventre, sa toison et ses fesses. Quand elle se leva, elle me demanda de peigner aussi sa touffe pourtant rase.
— Toutes ces choses seront à faire tous les jours, n’est-ce pas Stéphanie?
— Oui Madame!
— Quelquefois, il faudra recommencer le soir, quand il m’arrivera de sortir seule ou de participer à quelque cérémonie nocturne!
— Bien sûr, Madame.
— A ce moment-là, je vous demanderai un maquillage plus appuyé, plus complet, vous voyez ce que je veux dire?
— Je le pense, Madame!
— Par plus complet, je veux dire: crèmes et fards sur tout le corps, bouts des seins peinturlurés...
— Oui Madame!
— Ce sont des maquillages plus sophistiqués, que je vous demanderai de réaliser quand il m’arrivera d’être en garouage... Vous comprenez?
— Pas très bien, Madame !
— Je veux dire qu’il m’arrive parfois de sortir totalement nue en ville, la nuit, soit seule, soit avec une autre femme, une amie, Clémentine, vous à présent. Nous traînons comme des louves en rut dans les rues sombres, à l’abri du regard des honnêtes gens… Vous voyez? Ou bien, nous nous rendons à des dîners mondains ou à des petites fêtes spéciales, entre lesbiennes! Vous voyez ce que je veux dire?
— Très bien, Madame.
— Cela vous excite?
— Oui, beaucoup!
— Vous aurez envie d’y participer?
— Oui, Madame!
— Pour faire quoi?
— Je ne sais pas, ce que vous voudrez…
Honteuse de mon désir et totalement bouleversée par les propos étranges de ma maîtresse, je ne songeai même pas à lui demander des explications complémentaires, préférant m’abandonner à la chaleur de mes fantasmes, sans me rendre compte que je m’étais rendue avec elle, devant sa garde-robe d’été.
Le nombre des tenues de Madame était impressionnant! Celle qu’elle choisit était blanche écrue. Une jupe ample et un chemisier fort décolleté. Je l’aidai à passer l’une et l’autre. Madame se regarda dans son grand miroir, visiblement satisfaite.
— Parfait!
Puis, m’entraînant dans le rayon des sous-vêtements:
— Cet après-midi, je mettrai ces bas et ce porte-jarretelles! Vous vous en souviendrez?
— Oui Madame!
Elle était habillée. Je constatai que ce que Madame imposait à ses servantes, elle se l’imposait aussi à elle-même. Comme nous, elle ne portait ni petite culotte ni soutien-gorge.
— Me voici prête! Quelle heure est-il?
— Onze heures, Madame!
— Parfait, je descends dans le parc! Accompagnez-moi avec ce livre, sur ma table de nuit, et prévenez Mademoiselle Clémentine qu’elle peut autoriser Olivia à venir faire le ménage dans mon appartement!
— Bien Madame!
Ophélie Conan - Entre chiennes et louves
Madame de Kerouragan a-t-elle besoin d'un majordome ?
RépondreSupprimerOu peut-être Gaëlle et Honorine que l'on voit se prélasser devant le presbytère, sur la première photo ?
Je prépare un CV (Cunnilingus Voluptueux)... 😋
Pour répondre à ta première question: je ne crois pas, même avec un bon CV. Elle ne s'entoure que de femmes.
SupprimerNon, ce ne sont pas G&H sur la première photo.
Marianne
Ophélie avait l'art de nous faire "pénétrer" dans l'histoire (même si les hommes n'y sont pas invités),
RépondreSupprimeravec ses descriptions détaillées et ses situations des plus coquines.
Un régal à relire.
Merci Marianne.
Oui, je trouve aussi qu'elle avait beaucoup de talent.
SupprimerMarianne
C'est toujours avec plaisir que je relis ces textes. Bonne année à vous quatre à la mode Kerouagan, pourquoi pas?
RépondreSupprimerBonne Année et Bonne Santé, Elisabeth!
SupprimerM, J, H&G
Quel plaisir de retrouver Madame la comtesse
RépondreSupprimerElle m'a aussi fait rêver cette comtesse!
SupprimerMarianne