Comment j'initiai Apolline
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Silencieuse, Apolline posa son verre, et à cet instant, je sentis qu'elle était prête et que je n'aurais plus beaucoup d'efforts à faire. J'observai encore une dernière hésitation.
— Vous voulez peut-être que je la retire?
— Non, me répondit-elle, en se levant et en me décrochant un large sourire, je le ferai moi-même, mais auparavant, j'aimerais vous dire que…
Elle se tut et ne put s'empêcher de retenir deux larmes vraiment surprenantes.
— Qu'y a-t-il?
— Rien, faites pas attention, ça va passer. J'me rappelle qu'enfant, quand j'étais couchée, parfois j'avais l'impression que je m'envolais hors de mon lit. J'avais peur que mes bras et mes jambes, détachés de moi, ne soient piétinés par les passants dans la rue. J'entendais aussi une voix qui m'ordonnait d'arracher mes vêtements ou d'étrangler les gens. Je voyais des choses merveilleuses, des paysages exotiques, de beaux oiseaux multicolores, des bateaux, des couronnes de fleurs, des femmes nues très belles. Je ne marchais pas, je volais. Quand quelqu'un m'énervait, j'avais envie de le jeter contre un mur et de lui arracher un bras ou une jambe. Je portais tout à ma bouche, et tout ce qui arrivait, je le sentais dans ma bouche. J'avais aussi l'obsession des vitrines. Je ne pouvais détacher mes yeux de ce qu'il y avait dedans et aussi de mon image que je voyais dans la glace…
— Tout comme moi, répondis-je. J'ai encore besoin de me regarder dans les miroirs, vous savez, ou dans les reflets des vitrines!
C'est alors que, se mettant debout, Apolline agrippa son slip sous sa jupe et le fit glisser entre ses cuisses. Puis, se rasseyant, elle le sortit promptement d'entre ses jambes, en reniflant.
— Et après? demanda-t-elle, remettant dans ma main la petite chose noire et chiffonnée.
— Après? Il faudra que vous vous mettiez toute nue, mais seulement si vous le voulez bien! Je ne veux pas que vous vous forciez! Vous êtes triste?
— Non!
— Vous pleuriez!
— Ne faites pas attention, c'est passé!
— Bon! Maintenant, je vous propose une autre étape! Vous allez remonter votre jupe, tout doucement, et m'exhiber votre foufounette, le plus naturellement du monde, comme si de rien n'était. D'accord? Vous voulez bien?
Muette et livide, Apolline me fixa dans les yeux.
— Quand j'étais petite, reprit-elle, j'ai connu de grandes frayeurs, vous savez, celle-là ne sera pas pire. Un jour, près de chez moi, je me suis perdue, sans parvenir à retrouver le chemin de ma maison. J'ai eu très peur. Et à quatre ans, je me suis enfoncé un pois dans le nez. Et l'idée qu'un jour mes parents mourraient m'épouvantait. Et quand j'ai eu mes premières règles, j'ai cru que j'allais mourir. Et plus tard, à la mort de mon père, j'ai commencé à avoir de fortes angoisses continuelles. Je craignais de me servir de couteaux et de ciseaux. J'allais très souvent sur sa tombe, mais j'avais peur. Dans le cimetière, je voyais les morts sortir des caveaux, ça faisait comme un bruit de soie. Quelque chose qui flottait autour de moi, était transparent et me parlait de façon très étrange…
Apolline s'arrêta une nouvelle fois.
— Je me demande à quoi nous jouons, dit-elle. C'est peut-être pour ne plus avoir peur de tout ça? Vous croyez pas?
Bonne élève, elle attrapa le bas de sa jupe et, lentement, fit glisser l'étoffe sur ses jambes. Arrivée aux cuisses, elle hésita un court instant, puis, courageusement, poursuivit l'ascension du tissu pour me faire découvrir sa petite forêt, très claire comme sa chevelure.
— Bravo! dis-je, bravo! Votre foufoune est merveilleusement belle, elle me plaît beaucoup!
Apolline conserva la position. Me régalant de sa docilité, je m’enhardis:
— Maintenant, si vous voulez, écartez un peu plus vos jambes!
Immédiatement, ses genoux s'éloignèrent l'un de l'autre et, imitant ma posture, la jeune femme ne dissimula plus rien des replis de son sexe. Conquise, elle ferma les yeux.
— Quand mon oncle est mort, continua-t-elle, je le sentais venir dans mon lit. J'avais l'impression qu'il se couchait près de moi et m'emprisonnait entre ses bras. Une fois, je l'ai senti s'allonger sur moi et mettre son sexe dans le mien. J'étais terrorisée. Je me sentais comme vissée à lui. Il me fouillait, me bourrait. Plus tard, une amie de ma mère décéda et, une nuit, sa tête est venue m'attaquer dans mon lit. Elle s'était glissée sous les draps! J'arrivais pas à l'empêcher de me bouffer le sexe. C'était atroce!
Apolline rouvrit les yeux.
— Je me sens ridicule dans cette position, reprit-elle, nous sommes ridicules toutes les deux à nous exhiber l'une devant l’autre!
— Vous n'aimez pas ça?
— Si! Mais c'est mal! Ça ne se fait pas!
— Pourquoi dire ça? Allons, calmez-vous, et n'ayez ni peur ni honte, c'est vrai que cette situation est extraordinaire, et pour le moins étrange entre deux femmes adultes qui ne se connaissent presque pas, mais reconnaissez que, justement, c'est ce qui la rend particulièrement surréaliste et excitante!
Elle hocha sa tête, affirmativement.
— Bon! Maintenant, dis-je, vous allez me montrer vos seins, je veux les voir également!
De nouveau, elle hocha la tête et, lentement, toujours assise dans son fauteuil, déboutonna son chemisier et le retira gracieusement. Apparut un petit soutien-gorge noir, très léger, assorti au slip que je tenais encore dans ma main. Visiblement, ce soutien-gorge enfermait une poitrine ronde et fort généreuse. Sans dire un seul mot, et sans attendre un quelconque ordre de ma part, Apolline, docilement, dégrafa l'attache entre les bonnets, et, instantanément, libéra ses rondeurs.
— Je me demande vraiment ce que je suis en train de faire, murmura-t-elle une fois encore, je dois être devenue complètement dingue!
— N'y pensez plus, cessez de vous poser toutes ces questions et de vous traiter de folle! Vous êtes trop intelligente à la fin! Laissez-vous plutôt aller au plaisir simple de vous exhiber et d'être regardée! Ne cherchez pas à mettre des mots sur ce que vous vivez. Pourquoi les êtres humains se sentent-ils toujours obligés de mettre en mots sur ce qu'ils font? Pourquoi toujours coller une étiquette sur une fleur, une personne, un sentiment, une situation?
— Pour définir, pour décrire!
— Bien sûr. Ou encore pour nous identifier à ce que nous ressentons. Ainsi quand vous dites: "je suis dingue", c'est soit pour vous identifier à ce sentiment, soit pour le renforcer, soit pour le dissoudre, bref c'est pour en faire quelque chose. Si nous mettons un nom à une chose, c'est pour la désigner, mais il se trouve que le faire est une illusion. Nous imaginons sans doute mieux comprendre la chose, mais qu'en est-il vraiment? Nous disons: "ceci est une rose", et, en le disant, ça nous évite de regarder vraiment la rose! En mettant des noms aux choses, nous croyons mieux les comprendre, mais du même coup, nous cessons de les voir. Au contraire, si nous ne donnons pas tout de suite un nom aux choses, nous sommes dans l'obligation de les regarder, de les vivre, et nous nous approchons vraiment d'elles, nous les regardons comme si nous ne les avions encore jamais vues et vécues…
— Vous avez raison. Vous voulez dire que nommer les choses est une façon commode de s'en débarrasser?
— Exactement! Vous n'aimez pas être regardée?
— Non. Mais à dire vrai, si. Je pense que malgré tous mes problèmes, je suis quand même très exhibitionniste! Comme vous!
— Et bien? Pour l'instant, je vois vos seins, et j'ai plaisir à les regarder. Ils sont très beaux, vraiment parfaits! Félicitations, ma chère!
— Les vôtres sont plus gros!
— C'est vrai, mais j'ai un peu triché: je les ai fait gonfler récemment. J'ai mis du plein dedans, mais c'est du vide, comme dans les deux hémisphères de Magdebourg!
Elle éclata de rire.
— C'est super, ça, j'aimerais le faire aussi, pour en avoir des gros comme les vôtres!
— Mais ils sont déjà très bien comme ils sont, je vous l'assure. Les miens n'étaient pas aussi volumineux! En plus, les vôtres sont fermes et se tiennent merveilleusement bien, à ce que je vois. Prenez-les dans vos mains, palpez-les!
Un sourire timide aux lèvres, Apolline empoigna sa poitrine et la pressa entre ses dix doigts. A plusieurs reprises, ses pointes élastiques jaillirent entre pouces et index.
— Elle est bien dure, la complimentai-je, bravo, j'en suis ravie. Je n'aime pas les nichons trop mous, j'aime bien quand ils sont élastiques et qu'ils résistent dans la main!
Elle se mit à rire.
— C'est votre philosophie?
— Ce n'est pas la vôtre?
D'accord avec ma philosophie, Apolline se leva subitement et zippa la fermeture éclair de sa jupe qui, de tout son poids, s'affala sur le sol. Entièrement nue, elle fit alors un pas vers moi pour se sortir de la prison de tissu qui entourait ses chevilles.
— Voilà, dit-elle, est-ce que ça vous ira comme ça?
— Et vous? Qu'en pensez-vous? Comment vous sentez-vous?
— Mon corps flotte. Cette pièce est une espèce de décor de théâtre. Le monde est dans mes paupières. Votre visage est tout ce que je perçois. Non, je perçois aussi vos seins. Penser et sentir se fondent et ne s'opposent plus. Je me sens bien. Je suis bien table ou chaise, tout est déplaçable avec aisance. Tout est léger, aérien à l'extrême. Mon corps n'existe plus, à l'exception de ma tête dans laquelle se concentre toute ma réalité corporelle. Je suis ce que je vois, c'est-à-dire un œil désincarné, fait dans la même matière que ce qu'il voit.
Apolline paraissait fière d'elle-même. Pourtant, son regard, encore un peu fuyant, montrait qu'elle se sentait un peu gênée dans la tenue d'Eve. Pour la mettre plus à l'aise, j'achevai de me déshabiller en me dépouillant de ma robe comme d'une simple, mais longue chemise. Nues toutes les deux, l'une en face de l'autre, nous nous regardâmes longuement, dans le plus profond silence. Il y eut quelque chose de mystique dans cette contemplation réciproque. Je la trouvais très belle, et je la voulais comme amie. Elle m'excitait beaucoup avec sa superbe poitrine et son médaillon blondinet. J'étais son miroir et elle était le mien.
— Quel effet ça vous fait d'être nue avec moi?
Elle n'osa me répondre.
— Ô dangereusement de mes regards la proie, ajoutai-je, en citant La Jeune Parque. Etre vue, c'est être prise, n'est-ce pas? C'est se faire bouffer! Vous avez peur que je vous mange, peut-être?
Elle se mit à rire.
— Non, ça me fait tout drôle, mais j'aime bien ça, finalement! Je me sens un peu plus à l'aise maintenant!
Elle s'assombrit aussitôt:
— Et maintenant, qu'allons-nous faire?
— Je ne sais pas, nous pouvons continuer à discuter!
— De quoi?
— Aucune idée : que peuvent bien se raconter deux femmes exhibitionnistes?
— Je sais pas: des histoires de femmes exhibitionnistes!
Nous éclatâmes de rire. Pour échapper au silence qui, de nouveau tombait comme une chape entre nous, je me levai et me dirigeai vers l'unique fenêtre de la pièce. Imperceptiblement, j'écartai le rideau et regardai le trottoir en contrebas.
— Cette rue est très passagère, remarquai-je, la circulation ne vous dérange pas trop pour dormir?
Elle s'approcha quelque peu.
— Pas du tout, c'est assez calme la nuit, et de toute façon, notre chambre est située à l'arrière, elle donne sur les cours!
— Venez voir, lui dis-je, sur le ton de la surprise, venez!
— Qu'y a-t-il?
— Approchez!
Elle n’osa.
— Plus près! Est-ce que c'est parce que vous êtes nue que vous n'osez pas vous approcher de cette fenêtre?
Elle finit par s'avancer, juste derrière le rideau.
— Qu'y a-t-il à voir?
— Simplement le spectacle fascinant de la rue!
Comme Apolline était presque collée à la fenêtre, j'écartai doucement le rideau de son côté. Aussitôt, elle se récria, paniquée.
— Mais que faites-vous, on va me voir!
Elle m'expliqua que tous les appartements dans l'immeuble d'en face étaient habités, que les fenêtres étaient proches, et que sa présence serait sûrement visible sans rideau. Elle m'expliqua aussi qu'un passant dans la rue, levant les yeux vers le premier étage, pourrait certainement la distinguer aisément. Je lui répondis que j'en étais aussi convaincue qu'elle, mais l'assurai qu'il s'agissait là d'un excellent exercice, que j'avais moi-même beaucoup pratiqué pour apprendre à maîtriser la peur de m'exhiber, aussi l'encourageai-je à demeurer quelques minutes, derrière la fenêtre, rideau ouvert. Elle finit par accepter et, tandis que je regagnai le canapé, elle accepta de rester plantée derrière la vitre, à regarder dehors, et ce, jusqu'à ce que je lui demandasse de revenir. Soudain, avisant l'heure, je l'avertis que j'allais me retirer, ne voulant pour rien au monde être la cause d'une absence au cours où elle devait se rendre. Curieusement, elle m'assura que cette absence ne serait pas grave, ce qui signifiait qu'elle appréciait sans doute ma présence et ce que nous faisions ensemble. Consciente de maîtriser la situation, et malgré mon désir de rester avec elle, j'insistai cependant et lui exprimai la contrainte que j'avais également de me rendre à ma séance de gym. Apolline parut déçue, mais accepta de me voir partir. En nous quittant, je la rassurai, lui répétai que j'aurais beaucoup de plaisir à la revoir, et que si elle désirait continuer dans la voie de l'exhibitionnisme, elle pourrait me téléphoner quand elle voulait. En nous rhabillant, je remarquai de nouveau une larme qui coulait sur sa joue. Je lui demandai aussitôt pourquoi elle pleurait. Elle me répondit qu'elle n'était qu'une salope.
— Qu'est-ce que ça veut dire, une salope?
Piteuse, Apolline resta muette. Ses larmes coulèrent de plus belle. Je l’attaquai.
— Etre une salope, pour une femme, c'est avoir un désir, n'est-ce pas? C'est ce que vous pensez? Un désir, exactement comme celui d'un homme! Mais quand un homme exprime son désir, personne ne dit pas que c'est un salaud. On dit que c'est normal, n'est-ce pas? Dans ces conditions, pourquoi une femme n'aurait-elle pas le droit d'exprimer son désir, elle aussi? Ca n'est pas bien de désirer, n'est-ce pas? Une femme ne doit pas avoir de désir, sinon celui d'être désirée par un homme. Elle n'a donc pas le droit de désirer un homme et encore moins une femme, et surtout de l'exciter? Et bien, si. La femme a exactement les mêmes droits que l'homme. Elle a le droit d'être une salope, et ça n'est pas du tout honteux! N'aviez-vous pas envie de vous exhiber? Et bien, vous l'avez fait et vous avez eu raison!
Sur ces derniers mots, je suggérai à Apolline un autre exercice: celui de se rendre à son cours sans slip et sans soutien-gorge. A ma grande surprise, elle ne s'offusqua pas de cette proposition et, bien au contraire, me sourit. Quand, ensemble, nous quittâmes son appartement et que je la vis disparaître à l'angle de la rue, je fus au comble de l'excitation, rien que de savoir son charmant petit cul, nu sous sa jupe, et ses nichons flottant libres sous son chemisier, tandis que son slip noir et le soutien-gorge assorti, disposés en évidence sur le canapé, feraient l'étonnement de son ami, quand il rentrerait.
Ophélie Conan
Une initiation difficile qui ressemble à une première fois sur une plage naturiste...
RépondreSupprimerUne très bonne élève quand même, d'après Ophélie (je ne l'ai pas connue).
SupprimerMarianne
L'initiation à l'exhibitionnisme me fait songer à la fascination d'Ophélie pour les miroirs. A-t-elle démarré par l'exhibitionnisme elle-même? Je pense qu'en partie, oui. Son texte est passionnant. L'artiste reconnait l'art de ne pas nommer les choses, et je me demande si avoir Apolline en miroir n'est pas comme sculpter un modèle. Je n'avais pas pensé au lien entre l'exhibitionnisme et la sculpture. Il m'apparait évident. Nommer les parties du corps se fait en cerveau gauche, regarder sans nommer en cerveau droit. Il faut sculpter en cerveau droit ( pour les droitiers ) et se couper du cerveau conceptuel. Il est beaucoup question de mort : je ne sais pas si ce n'est qu'Apolline qui parle. On s'attend à une étreinte et ceci fait apprécier les charmes de l'exhibitionnisme. J'aime beaucoup les tableaux. Merci. Elisabeth.
RépondreSupprimerOui, Ophélie a démarré par l'exhibition d'elle-même devant un miroir. Elle aimait s'exhiber en secret devant un miroir ou à l'extérieur, et exhiber les autres de la même façon. Ce que tu dis à ce sujet de la sculpture est intéressant, car pour elle, le "résultat" de l'exhibition devait être pour elle une œuvre d'art.
SupprimerMarianne