« Polaire » est le nom de scène d’Émélie Marie Bouchaud, une artiste française (née en 1874 en Algérie, morte en 1939 en France) connue comme comédienne et chanteuse. Son père, François Bouchaud, était propriétaire de voitures, sa mère couturière.
Elle débute sa carrière à Alger, puis rejoint Paris à environ 16‑17 ans, où elle chante dans des cafés‑concerts. On la remarque pour sa taille de guêpe exceptionnelle, qui la distingue physiquement au cours de ses représentations. Elle joue dans les genres populaires du café‑concert de la Belle Époque, notamment comme "gommeuse épileptique", un style mêlant chant, gestuelle, parfois extravagance dans l’attitude scénique. Au théâtre, elle obtient des rôles importants, dont le rôle de Claudine dans Claudine à Paris aux Bouffes‑Parisiens en 1902. Elle se produit aussi à l’étranger (notamment aux États‑Unis, à Londres) après avoir acquis une certaine notoriété. A partir de 1909, elle fait également du cinéma.
Polaire aurait été "amante de Colette" (l’écrivaine). Elles étaient proches dans le milieu artistique, et certains écrits (dont des biographies) mentionnent une relation amoureuse ou du moins une liaison sentimentale. On ne sait pas si cette liaison avec Colette a été durable, ni à quel degré (platonique, romantique, passionnée, etc.). Il n’y a pas de données fiables ou de preuves documentées claires établissant d’autres relations importantes ou officielles dans sa vie amoureuse. Certaines sources évoquent ses "mœurs provocantes" ou son style de vie excentrique, ce qui laisse penser qu’elle ne se conformait pas aux conventions de son époque en matière de relations.
Sur le plan artistique, le style de Polaire était extravagant, provocateur et très avant-gardiste pour son époque. Elle a marqué la scène de la Belle Époque autant par son apparence que par son jeu théâtral et son chant. Polaire excellait dans un style expressif, volontairement excessif, parfois qualifié de "gommeuse épileptique" – un type de chanteuse dramatique très gestuelle et parfois caricaturale, jouant sur la théâtralisation de l’émotion. Ce style faisait partie d’une mode fin-de-siècle qui mêlait langage du corps, voix et exagération comique ou pathétique.
Elle était célèbre pour sa silhouette extrême: taille très fine (corsetée), buste large, hanches marquées. Elle accentuait cet effet avec des corsets très serrés, ce qui choquait autant que fascinait. Elle portait des tenues souvent extravagantes et originales. Elle cultivait aussi une image androgyne et décadente, en jouant sur les contrastes: fragilité physique mais forte présence scénique.
Dans la chanson, Polaire reprenait le style du café-concert: des chansons populaires, réalistes ou comiques, mais avec une interprétation intensément dramatique. Elle chantait des textes parfois osés ou audacieux, dans un style sulfureux et satirique, jouant sur la provocation sociale.
Elle n’hésitait pas à choquer le public bourgeois par son langage corporel, son franc-parler ou ses choix de rôles. Elle est aussi l'une des premières artistes à avoir utilisé la publicité autour de son apparence physique (notamment sa "taille de guêpe") comme élément de marketing personnel – un procédé très moderne.
Au cinéma, elle jouait des rôles souvent dramatiques ou exotiques, profitant de son visage expressif et de sa silhouette hors normes. Elle a tourné plusieurs films entre 1909 et les années 1920, où son jeu restait très expressif, conforme aux standards du muet.
En bref, Polaire avait un style unique mêlant exubérance théâtrale, provocation visuelle et modernité avant l’heure. Elle incarne un certain esprit de la Belle Époque, entre décadence, sensualité et humour noir.
Marianne
Commentaires
Enregistrer un commentaire