Le dernier des hommes
"Le Dernier des hommes" (Der letzte Mann, 1924) de Friedrich Wilhelm Murnau est un chef-d’œuvre du cinéma expressionniste allemand et une œuvre majeure de l’histoire du cinéma muet.
Ce film s’inscrit dans le courant expressionniste, qui domine le cinéma allemand des années 1920. Ce mouvement se caractérise par des décors déformés, des jeux d’ombres et de lumières marqués, et une narration visuelle puissante, reflétant souvent des états psychologiques ou des critiques sociales. L’Allemagne de l’après-Première Guerre mondiale est marquée par l’hyperinflation, la misère et une profonde crise identitaire.
Le film aborde la déchéance sociale, thème récurrent dans la société allemande de l’époque. Il raconte la chute sociale d’un vieux portier d’hôtel, fier de son uniforme et respecté, qui est rétrogradé au poste de toiletteur. Humilié, il tente de cacher sa nouvelle condition à son entourage, mais sa dignité s’effondre peu à peu. Le portier, interprété par Emil Jannings, incarne la fragilité de l’identité sociale et la peur de la honte. Le film montre comment l’identité d’un homme est liée à son apparence et à son rôle dans la société. Le film dénonce l’injustice et l’indifférence de la société envers les plus faibles, thème universel mais particulièrement poignant dans l’Allemagne de Weimar. L’uniforme du portier devient un symbole de son identité et de sa dignité. Sa perte marque le début de sa déchéance.
Murnau utilise des mouvements de caméra fluides et des plans subjectifs pour immerger le spectateur dans l’état d’esprit du personnage. Les jeux d’ombres et de lumières, ainsi que les décors expressionnistes, renforcent le sentiment de désespoir et de claustrophobie. Le film se distingue par l’absence presque totale d’intertitres, privilégiant une narration purement visuelle.
À sa sortie, le film est salué pour son audace technique et sa profondeur émotionnelle. Il est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands films muets. Murnau influence des générations de cinéastes, de Fritz Lang à Orson Welles, et inspire le cinéma moderne par son approche visuelle et narrative.
Pourquoi ce film reste-t-il important? La peur de la déchéance sociale et la quête de dignité sont des thèmes intemporels. Murnau prouve que le cinéma peut raconter une histoire complexe sans dialogue, par la seule force de l’image.
"Le Dernier des hommes" est bien plus qu’un simple film muet: c’est une œuvre poétique, sociale et technique, qui me parle beaucoup.
Marianne
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