Ainsi va leur rêve

 

Paul Delvaux - Promenade la nuit


Dans la nuit très douce et très bleue

D’une petite ville de province

Des femmes nues aux grands yeux clairs marchent à la queue leu-leu dans une rue déserte

Rue déserte et bourgeoisement habitée

Par des gens de lettres

Des notaires

Des huissiers

Des architectes

Des squelettes

Des insectes

Des astronomes

Des gens bien

Bref une rue on peut le dire

Correctement réglée par des centaines de métronomes

Comme n’importe quelle rue d’un tableau de Delvaux

Avec des monuments

Des statues antiques et une gare ferroviaire

Une rue seulement éclairée par de grands lampadaires à énergie mammaire

Mais sans la présence intempestive de fougueux dromadaires

Dans cette rue les femmes nues somnambules vont et viennent

Se croisent et se recroisent

Sans jamais décroître en nombre

Ni entreprendre le moindre conciliabule

Elles se contentent de comparer à la virgule quand elles se rencontrent

Leurs sacro-saints seins fantassins

Et leurs sérieux petits derrières de jeunes et tranquilles douairières


Marianne

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