Egypte ancienne et moins ancienne
Quelque part dans le monde
Vaste miracle
Miroir immobile
C'est peut-être le Nil
Qui étend son reflet au soleil couchant
Sur une onde d’un bleu presque menaçant
Contraste violent avec l’éclat doré du sable de la rive
Éclat surnaturel de la beauté
Il y a là aussi une femme
Là
Peut-être un mirage
Peut-être une reine d'Égypte ancienne
Peut-être moi Marianne
Assise au bord de cette eau sur un trône d’ivoire sculpté de lotus et de scarabées
Les pieds posés sur une tapisserie de lin brodée vivement colorée
Majestueuse
Un beau visage encadré par une chevelure longue
Noire
Lisse et brillante
Seulement retenue par une tresse ornée de perles et de fils d’or
Cette femme incarne la beauté divine
Et l’autorité souveraine
Ses yeux d’un bleu presque menaçant
Comme l'eau du fleuve
Captent la lumière
Et donnent l’espérance
Qu’ils renferment des myriades de planètes vivantes
Et des mystères encore plus anciens que l’univers lui-même
Ses longs cils épais
Battent avec une grâce infiniment féline
Et accentuent l’intensité de son regard
Ses lèvres charnues
Colorées d’un carmin très foncé
Donnent envie de les dévorer
Son teint
Est d’un or chaleureux
Et son corps
Drapé dans une robe de lin brodée de fil d’or
Se laisse parfaitement épouser
Et suggère une élégance fluide altière et légère
Des colliers multiples
Or lapis-lazuli turquoise cornaline
Ornent son cou solitaire
Et ses seins généreux
Presqu’entièrement visibles
Dans la large échancrure de sa robe blanche
A ses poignets des bracelets de cuivre et d’or
Finement travaillés
Glissent doucement sur sa peau
A côté d’elle
Sur une perche
Un faucon immobile
Sans doute le lointain dieu Horus
Protecteur des pharaons
Et derrière elle
Des amies mouvantes peut-être des servantes
En robes également légères
Chantent
Et lui apportent des offrandes de fruits et de fleurs
Un doux zéphir chargé d’un parfum de lotus et de myrrhe
Frôle sa peau sans cesse comme une caresse
Et sur sa tête
Scintille un diadème
Et paisiblement
Paisiblement
Toujours serpente le fleuve
Immobile comme une île
Chaque reflet de lumière est une bénédiction subtile
Un signe utile que cette belle veuve
Est en totale harmonie avec les forces cosmiques de l’univers
L’une des femmes
La plus belle
Lui apporte
Sur un coussin brodé
Entourée de fleurs
Une pierre d’obsidienne arc-en-ciel
Je la saisis délicatement
Car elle est très fragile
Ouvre mes cuisses et la glisse entre mes lèvres
Doucement
Le plus profondément possible
Puis me relève lentement
Tranquillement
Frêle et fluide
Sur le sable de la rive
Les ombres déjà longues
Deviennent des langues sombres encore plus longues
Géantes même
Venant d'au-delà le secret horizon
Marianne
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