Violette

Nu de Michail Vjiuzhanin



De violette et de cinname,
De corail humide et rosé,
De marbre vif, d'ombre et de flamme
Est suavement composé
Ton joli petit corps de femme.

Pour mon amour qui te réclame
Ton reproche vite apaisé
Est ce qu'est pour la brise un blâme
De violette.

Ton savoir a toute la gamme ;
L'énigme craint ton œil rusé,
Et ton esprit subtilisé
Avec le rêve s'amalgame :
Mais ta modestie est une âme
De violette.

Maurice Rollinat (1846-1903)

Poète difficilement classable (peut-être décadent), musicien et interprète, Rollinat est né huit ans avant Rimbaud. Génie diabolique pour certains (Barbey d'Aurevilly), d'autres comme Verlaine, le considéraient comme un sous-Baudelaire. Pour moi, c'était un mystique sincère qui recherchait dans la poésie, souvent de manière douloureuse, le moyen de représenter l'Infini et le mystère des choses. Refusant avant l'heure le monde moderne symbolisé par la ville, il retrouve la paix, à la fin de sa vie, dans le pays de sa naissance, le Berry, près du monde paysan et dans la pratique de la pêche à la ligne. A ses débuts, au Chat Noir, mettant en musique et interprétant au piano ses propres poèmes et ceux de Baudelaire, il exerce une forte emprise sur son public et parvient à faire s'évanouir Leconte de Lisle et Oscar Wilde. 

Marianne

Maurice Rollinat

 

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