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Régulièrement

Régulièrement elle venait, l’air de n’avoir rien à dire, elle la regardait, l’observait de longues minutes, elle regardait ailleurs, derrière elle, à côté, souvent elle ne la regardait pas. Elle disait que c’était tout, qu’elle n’avait rien d’autre à dire alors qu’elle n’avait encore rien dit, cela pouvait durer une heure, parfois plus, elles se faisaient l’amour, parfois cinq minutes, parfois toute une nuit, et elles se quittaient le lendemain matin, elle lui adressait un sourire qu’aussitôt elle lui rendait. Parfois, quand elle évoquait certains événements de sa vie, elle pleurait, disait qu’elle n’était pas heureuse, mais aussitôt se reprenait, disait que ce n’était pas vrai, qu’elle ne pleurait pas, puis elle disparaissait, patiente, très patiente, bien que parfois impatiente, repartait chez elle avec ses grands yeux noirs, loin, très loin, et elle refermait sa porte en la regardant s’éloigner, parfois en ne la regardant pas, toujours en pensant à elle. Ophélie Conan Poème en prose

Vibrations

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La femme est un si bel instrument d’harmonie, de paix et de jouissance, qu’il serait insensé de ne pas en jouer, surtout quand on est une femme. Regardez comme ces deux amoureuses sont expertes. Pour l’instant, c’est la blonde qui joue et la brune qui jouit, bientôt ce sera l’inverse. Mais le plaisir est autant de donner que de recevoir. (Publié le 26 mai 2020 dans "Marianne a du chagrin", mais impossible sur Blogger d'insérer le document sonore pour accompagner l'image ( http://www.solfeggiotones.com/bodyhealingtones/835hz-immune-system-function.mp3))

Quelle journée

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Quelle journée Nues toutes les deux dans le jardin Dans un sofa d’osier Des heures entières À se tripoter les seins À se câliner À savourer les bienfaits de la douce saison Parfois à nous brouter À examiner nos fions À enfiler des godes à l’occasion C’est le paradis rêvé Un théâtre fabuleux C’était en été Nous nous donnions l’une à l’autre Sans solution de continuité Tout n’était que calme luxe et volupté Parfois violence calculée Je prenais mon pied sur ton pied Enragées nous bouffions nos libres miches folles Toujours avec conviction Vrai délire et délectation Oui tu voulais entrer en moi tout entière Et moi je voulais faire de même Je tenais tes deux escarpins dans mes mains A la manière d’un forgeron Et bouffais ton centre de gravité Tu hurlais et ça te soulevait Ophélie Conan Encore un poème non publié d’Ophélie qui relate une scène d’été comme nous en avons connues beaucoup à P. (Publié le 25 mai 2020 dans "Marianne a du chagrin".)

Dildo a deux têtes

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Ogresses fatales allongées sur le dos Ou à quatre pattes fesses à fesses Nous dévorons le même excellent sucre d’orge Pendant que Rose à la terrasse d’un café  En ville nous attend Parfois la diablesse sert d’entremetteuse Et s’occupe d’ajuster notre trait d’union De lui donner du mouvement Et un peu de religion C’est là son petit péché mignon Aujourd’hui elle n’est pas là et je sais qu’elle s’impatiente À la terrasse d’un café En centre-ville Ophélie Conan Poème ancien d’Ophélie, jamais publié, écrit à l’époque où Rose habitait encore à P., avant qu’elle ne fût remplacée par une des trois sœurs « Brontë », celle du milieu, je veux dire Gaëlle. Il ne m’est pas dédié, mais je reconnais bien la situation, ce rendez-vous que nous avait donné Rose, dans le centre-ville de Quimper, et notre super retard, en raison de la raison ici évoquée. Rose était furax d’attendre, mais elle a bien ri quand nous lui avons raconté le motif de notre retard. Ophélie, je t’aime toujours, tu entends? Même là

Folle

Je pense à toi, je ne pense qu’à toi, et je suis folle de toi, et je suis folle de tes yeux, folle de tes lèvres, folle de tes seins, folle de tes oreilles, folle du petit lobe malicieux de ton oreille droite, folle du petit lobe malicieux de ton oreille gauche, folle de ton front, de ton cou, de ta nuque, folle de tes mains, folle de tes fesses, je suis folle de tout ce que tu as bien voulu me donner de toi, folle de ce que tu me donneras peut-être encore un jour, une nuit, si tu le veux, si tu le désires, à l’aube dans la brume ou au crépuscule dans le métro, je suis folle de ton silence, de ton mutisme, et folle des mots que j’attends de toi comme des perles rares, comme des baisers lumineux, comme des lunes d’un autre monde, comme des soleils oranges d’Afrique, comme des éclairs bleus aussi féroces que les yeux d’un fauve, comme des gouttes de pluie vive que je voudrais boire et voudrais amasser pour qu’elles forment un immense océan de toi dans lequel je pourrai enfin me baigner,

Un monde sans barrières

Dimanche dernier, premier week-end du déconfinement national, nous nous sommes confinées entre nous, en plein air. Nique-pique donc, dans la lande, avec Gaëlle et Honorine, mais aussi Karine, Muriel et Rose. Il n’y avait personne d’autre que nous sept (je compte Ophélie qui est dans l’air), le soleil et les chants des oiseaux dans les arbres, et le grand menhir de Peumerit. Pour son plaisir et le nôtre, la jeune Honorine était évidemment à l’honneur. Nous avons décidé qu’elle incarnerait, ce jour-là, notre Ophélie aux mille orgasmes, en commettant sur elle de lentes et exquises transgressions souples, par successions de traversées suaves et d’imperceptibles franchissements doux. (Publié le 20 mai 2020, dans "Marianne a du chagrin".)

Petit papillon blanc

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Nos racines sont dans la terre Et la terre est notre corps Notre corps est un lieu Qui nous parcourt comme un long destin de chevelures et de seins De cuisses et de fesses D'yeux et de lèvres Toujours en essayant d'éviter la souffrance d'être né Et de gagner la jouissance de ne pas être mort Les chemins de notre corps serpentent sans fin Encore et encore Dans de sombres chemins de rêves Bleuissent dans le lointain Parfois comme des corps étrangers Chaque journée  Chaque rêve est une carte à jouer Un élan Qui traverse notre corps et traverse l'histoire Comme le noir petit papillon blanc Du désespoir Ophélie Conan Le huitième des nombreux articles illustrés qu’Ophélie avait préparés pour « Conan la barbare II » et qui n’ont pas été publiés par elle. Je le présente ici sans aucune modification. (Publié le 19 mai dernier sur "Marianne a du chagrin")